Développement communautaire
Souvent, les gouvernements et les municipalités n'ont pas les capacités nécessaires pour fournir des services adéquats aux localités pauvres. En revanche, les communautés connaissent les problèmes et peuvent fournir des solutions, mais elles manquent souvent d'organisation, de savoir-faire, de fonds et de contacts. Il est possible de les aider à améliorer leurs compétences en matière d'organisation et de négociation en faisant en sorte qu'elles se structurent en organisations à base communautaire qui représentent les intérêts de l'ensemble de la communauté.
Par l'établissement d'organisations à base communautaire, les pauvres peuvent planifier et concevoir des améliorations à apporter à leur communauté, négocier avec les autorités locales pour obtenir un meilleur partage des ressources d'investissement et organiser des projets de construction, de maintenance et de fourniture de services. Les gouvernements, les municipalités et les donateurs peuvent ensuite sous-traiter à une organisation de ce type certaines activités, comme la construction d'un égout. Dans le cadre d'un tel contrat communautaire, l'organisation à base communautaire exécutera les travaux directement en faisant appel à la main-d'œuvre locale, ou les sous-traitera à une entreprise locale de type HIMO. L'utilisation de technologies fondées sur la main-d'œuvre a pour avantage que les gens locaux sont employés et rémunérés et qu'une plus grande part de l'investissement est injectée dans l'économie locale, tandis que les compétences acquises demeurent au sein de la communauté et peuvent être utilisées pour l'entretien des actifs créés. En outre, la capacité des gens locaux de s'organiser s'en trouve améliorée et leurs compétences en matière de négociation sont renforcées. Les organisations à base communautaire qui sont mises en place ont aussi constitué une bonne plateforme pour d'autres initiatives, telles que des mutuelles de santé pour le secteur informel.
En déterminant les interventions appropriées dans la communauté par un processus de planification adéquat, on garantit que les infrastructures sont planifiées en fonction des besoins locaux et non l'inverse. Le Programme HIMO encourage donc également l'utilisation de la Planification intégrée de l'accessibilité en milieu rural (IRAP), un instrument de planification participative qui implique les gens dans le processus de prise de décisions depuis la détermination des besoins et l'établissement des priorités jusqu'au fonctionnement et à la maintenance des actifs investis, en passant par la mise en œuvre des projets. Si on le conjugue à des initiatives visant à décentraliser la prise de décision et les fonctions de planification aux autorités locales et à des structures locales de planification, il s'agit d'un instrument important dans le cadre de la démocratisation des zones rurales. En formant les autorités locales à cet instrument, on améliore fortement leur capacité à planifier adéquatement les investissements locaux.
Le projet de réhabilitation de l'habitat fondé sur la communauté Hanna Nassif
à Dar-es-Salaam, Tanzanie
Hanna Nassif est une zone de peuplement urbain spontané située à 4 km du centre-ville de Dar-es-Salaam. La population de cette zone compte approximativement 20 000 habitants, qui ont tous de faibles revenus.
La communauté Hanna Nassif s'est organisée en association de développement communautaire (ADC) pour s'attaquer à son principal problème: les inondations saisonnières.
Elle a demandé l'aide du BIT, qui a débouché sur la mise en oeuvre de la première phase du projet communautaire à haute intensité de main-d'œuvre (1994-1996). Pendant cette phase du projet, l'ADC, bénéficiant d'une assistance technique et utilisant des méthodes HIMO, a construit un égout principal, des routes et des égouts secondaires pour empêcher les inondations et améliorer l'accès à la zone de peuplement. Grâce à des contributions financières directes de donateurs, l'ADC a gardé la maîtrise des travaux au moyen de contrats communautaires. Par ailleurs, l'ADC et le personnel de l'administration municipale de Dar-es-Salaam ont suivi une formation aux techniques HIMO et à l'exécution communautaire de travaux de construction et d'entretien.
L'ADC a employé les résidents de la zone de peuplement, ce qui a entraîné la création d'emplois et le développement de compétences à l'échelle locale. Divers travailleurs ont trouvé des emplois dans la construction et l'entretien après la fin de la première phase du projet. L'ADC s'est elle-même chargée d'entretenir les infrastructures réalisées dans le cadre du projet. Elle a institué un péage routier, approuvé par l'administration municipale, à savoir que tout véhicule pénétrant dans la zone Hanna Nassif doit payer une taxe, ce qui a permis la constitution de fonds locaux suffisants pour assurer l'entretien. Ce sont des résidents d'Hanna Nassif ayant reçu une formation qui se chargent, avec l'aide de l'ingénieur de l'administration municipale, de l'entretien des infrastructures.
La seconde phase du projet a débuté en avril 1997. Cette phase a pour objectif d'améliorer le drainage, les routes et les sentiers dans la partie restante de la zone de peuplement. Cependant, en raison de la réussite de la première phase, la communauté a souhaité s'attaquer à d'autres problèmes. La seconde phase comprend donc aussi la fourniture d'eau, l'assainissement, la gestion des déchets solides et la mise en place de systèmes de financement pour les micro-entreprises.
Les membres de l'ADC ont reçu une formation à la gestion, la comptabilité et l'aptitude à diriger, tandis que l'organisation de l'ADC a été renforcée et légalisée pour qu'elle devienne une entité forte représentant la communauté. L'administration municipale et d'autres donateurs sont désormais en train de reproduire cette approche dans d'autres zones de peuplement.
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