L'OIT est une institution spécialisée des Nations-Unies
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88e session
Genève, 30 mai - 15 juin 2000


CIT88 - Rapport du directeur général Activités de l'OIT 1998-99 (suite)

4. Centre de Turin et Institut international
d'études sociales

Centre de Turin

Plusieurs années consécutives de croissance rapide ont montré que l'activité du Centre et son rôle dans la coopération technique de l'OIT et des autres organismes des Nations Unies ont considérablement évolué. A maints égards, ces changements sont positifs; ils mettent par ailleurs en relief les nouveaux défis à relever et la nécessité de revoir et de renforcer les capacités et l'infrastructure du Centre.

En novembre 1997, le Conseil du Centre a approuvé une stratégie de développement et une série de mesures, y compris la création d'un fonds d'investissement visant à renforcer sa capacité de développement à long terme. Les principaux éléments de cette stratégie, qui ont presque tous été exécutés durant la période biennale, recouvraient divers aspects:

Sécurité sociale

Créé pour renforcer la planification, la gestion et le financement des régimes de pensions et des organismes de sécurité sociale, le Programme de Turin sur la sécurité sociale a démarré en 1996 dans le cadre d'une initiative conjointe du Département de la sécurité sociale du BIT et de l'Association internationale de la sécurité sociale (AISS).

Plus de 300 personnes en provenance de 50 pays d'Afrique, d'Asie, d'Europe, d'Amérique latine et du Moyen-Orient ont suivi les activités de formation du programme. Les participants venaient de divers groupes: gouvernements, partenaires sociaux, organismes de sécurité sociale, organisations communautaires et entreprises privées. Des cours spéciaux ont été mis au point pour les organisations d'employeurs et de travailleurs. Une enquête menée en 1999 auprès des anciens participants a montré qu'un certain nombre d'entre eux ont par la suite pris part à la conception ou à la mise en œuvre de stratégies de réforme nationales. Par ailleurs, des matériels de formation, mis au point et testés par le Centre, ont été largement utilisés et diffusés.

Depuis la fin de 1998, des nouveaux cours ont été organisés dans le domaine de l'élargissement de la protection sociale au secteur informel, en collaboration avec le programme STEP de l'OIT. Des cours ont eu lieu sur les institutions mutualistes en Russie et à Turin pour les pays francophones d'Afrique, et sur la micro-assurance et le microfinancement à Haïti et à Ouagadougou.

A partir de 2000, des programmes de formation sont prévus dans le domaine de la sécurité et de la santé au travail. Le nouveau programme élargi de protection sociale contribuera à la réalisation de l'objectif stratégique de l'OIT, qui vise l'amélioration de la couverture et le renforcement de l'efficacité de la protection sociale pour tous, au moyen du renforcement des capacités nationales.

Représentant environ un cinquième de l'assistance technique fournie aux mandants de l'OIT, les activités du Centre durant la période biennale ont porté sur de nombreux grands domaines d'attention de l'OIT, dont les suivants:

En 1998 et 1999, les résultats obtenus durant la période biennale précédente ont été consolidés. Le nombre de cours et autres activités (plus de 600) et de participants (environ 13 000) a légèrement augmenté, et le nombre des activités à plus long terme reposant sur une combinaison de formation, de développement de médias, de services consultatifs et d'assistance technique a également augmenté proportionnellement à l'ensemble des activités du Centre. De plus en plus d'activités de formation ont été exécutées sur le terrain, celles basées à Turin représentant environ 60 pour cent des activités du Centre en 1998-99. En outre, le Centre s'est efforcé d'intégrer un point de vue tenant compte des différences entre les sexes dans tous les processus de développement. Le taux moyen de participation féminine aux activités de formation a été de 37 pour cent, soit une augmentation de 33 pour cent par rapport à la période biennale précédente.
  

La situation socio-économique des femmes palestiniennes

En 1999, le Centre a achevé la première phase d'un programme pluriannuel destiné à améliorer la situation socio-économique des femmes palestiniennes. Ce programme a démarré en 1996 avec deux composantes principales:

  • le développement de l'esprit d'entreprise chez les femmes;
  • la promotion des droits des travailleuses et de l'égalité de chances dans l'emploi.

Les cours de formation organisés sur la Rive occidentale, dans la bande de Gaza et à Turin ont réuni plus de 300 femmes d'horizons divers: ministères palestiniens de la Planification et de la Coopération internationale, du Travail et des Affaires sociales; ONG; syndicats; associations professionnelles et associations féminines. Les principaux objectifs étaient de contribuer à l'élaboration d'instruments juridiques compatibles avec les normes internationales et de permettre aux participantes de trouver des mécanismes de promotion et de mise en œuvre de ces instruments. La formation a également abouti à la formulation et à la mise en œuvre réussie de plans d'action spécifiques. A titre d'exemple, des séminaires et des réunions tripartites locales ont eu lieu avec le conseil législatif pour discuter du Code du travail.

Les services consultatifs axés sur le développement de l'esprit d'entreprise chez les femmes ont été fournis principalement à des ONG et à des associations féminines. Parmi les principaux résultats, on peut signaler la création d'un noyau de formatrices/conseillères capables de dispenser une formation efficace et d'autres formes de soutien aux micro-entrepreneuses.

Ces résultats sont l'aboutissement d'une période de croissance rapide des activités du Centre durant laquelle ce dernier a entamé un important processus de renouvellement afin de tenir compte du "marché" de la formation de plus en plus concurrentiel sur lequel il opère. Durant la période biennale, pas moins de 70 pour cent du budget du Centre ont été financés par les recettes dégagées par ses activités. Le reste provenait de contributions directes, notamment du gouvernement de l'Italie et de l'OIT. Les modalités de financement et les sources varient selon la nature des activités. Le financement du Centre a été assuré par des organismes internationaux de développement, des organisations d'aide bilatérales, des autorités locales, des fondations privées, et les institutions bénéficiaires elles-mêmes. Le Centre a également fait preuve d'une meilleure capacité d'obtenir des revenus auprès d'autres sources, notamment les fonds multibilatéraux, les banques de développement et l'Union européenne. Par ailleurs, le Centre a créé une unité spécialisée dans la préparation des appels d'offres, ce qui a permis d'obtenir 18 offres pendant la période biennale, soit directement, soit dans le cadre d'un consortium d'institutions partenaires.
 

La réforme des politiques économiques dans les pays en développement et en transition
et le rôle des institutions internationales

L'objectif de la formation assurée conjointement en septembre 1998 par le Projet de l'Ecole des cadres des Nations Unies et l'OIT dans le domaine des réformes économiques était de réunir des hauts fonctionnaires des organismes des Nations Unies et des institutions de Bretton Woods et des spécialistes de la politique économique et de la politique de l'emploi pour discuter des nouveaux éléments de la réforme des politiques économiques et de leurs conséquences sur le plan social.

Le programme a abordé trois grandes questions:

  • les caractéristiques du développement, avec un examen des programmes d'ajustement structurel, du rôle de l'Etat qui est en train d'évoluer et des institutions économiques et sociales dans le processus de libéralisation en cours;
  • les réformes et le rôle des institutions dans la promotion d'une bonne gestion des affaires publiques et du renforcement des institutions;
  • la pauvreté et les politiques de l'emploi, en rapport en particulier avec la distribution du revenu.

Le programme a permis, notamment, une meilleure compréhension des questions liées aux réformes économiques ainsi que des stratégies et des politiques des organisations internationales.

Projet de l'Ecole des cadres des Nations Unies

Conçu comme un projet capable de jouer un rôle synergique utile dans la formation du personnel de l'ensemble du système des Nations Unies, le Projet de l'Ecole des cadres des Nations Unies a permis la formation de plus de 3 500 cadres moyens et supérieurs des Nations Unies en trois ans et demi d'existence; il s'agit surtout de personnes occupant des postes clés, comme les coordonnateurs résidents et les membres des équipes de pays.

Les principaux domaines de formation couverts à ce jour ont été les suivants:

En octobre 1998, l'école a entrepris une analyse et une étude d'ensemble des besoins de formation. Dès lors, elle a élaboré une nouvelle stratégie pour la conception et l'exécution des activités de formation et d'acquisition de connaissances centrées sur le changement et les réformes dans le système des Nations Unies, en particulier sur le terrain. L'école a redéfini son orientation stratégique en quatre domaines autour desquels ses programmes et activités s'articulent:

Pour tenir compte de l'accent particulier mis par le Secrétaire général de l'ONU sur les mesures préventives, l'UNSCP a élaboré en septembre 1998 un grand projet de formation tendant à renforcer la capacité des Nations Unies dans le domaine des mesures d'alerte précoce et de prévention dans les pays touchés par des crises ou connaissant d'autres situations particulières en matière de développement. Ce projet repose sur la reconnaissance du besoin vital de cohérence, de complémentarité et de coordination à l'échelle du système.

A la fin d'octobre 1999, sous les auspices de l'Ecole des cadres des Nations Unies, 141 fonctionnaires des Nations Unies au total, issus de 21 départements, organismes, programmes et bureaux, ont suivi une formation. Il est prévu de porter ce chiffre au minimum à 500 fonctionnaires, tant au siège que sur le terrain, d'ici au 31 décembre 2000.

Le projet fournit un cadre cohérent et permet une meilleure coordination entre les partenaires des Nations Unies, y compris pour les activités de l'OIT – et plus précisément le programme focal sur la réponse aux crises et la reconstruction.

Institut international d'études sociales

Le principal thème traité par l'Institut pendant cette période biennale a été celui des rapports entre les institutions du travail, la croissance économique et l'équité sociale. La question centrale posée a été de savoir comment les changements sociaux et le nouvel individualisme transforment l'environnement institutionnel des organisations d'employeurs, des syndicats et de l'Etat et, en fait, la manière dont le tripartisme lui-même fonctionne. Une meilleure compréhension de ces faits nouveaux est essentielle pour l'OIT car ce n'est qu'en renforçant ses mandants qu'elle pourra renforcer le dialogue social.

Pour répondre à ces questions, l'Institut a lancé deux grands programmes de recherche afin d'étudier les problèmes que rencontrent les milieux d'affaires et les syndicats dans un environnement mouvant: Business and Society (entreprise et société); et Labour and Society (travail et société).

Des travaux d'une ampleur limitée ont également été réalisés sur le nouveau rôle de l'Etat dans la politique sociale et les transformations de la société. L'objectif de ces programmes est d'aller au-delà des rapports traditionnels salariés/direction et d'examiner les protagonistes du tripartisme et du dialogue social dans le contexte actuel du changement social, afin de mieux cerner la manière dont les syndicats et les organisations d'employeurs s'adaptent aux changements sociaux dans les différentes régions du monde. Les mandants de l'OIT, des praticiens du monde du travail, des entreprises et certains départements du BIT participent à ces deux grands programmes.

Durant la période biennale 1998-99, l'Institut a développé au maximum son utilisation d'Internet, non seulement en créant un site Web pour diffuser des informations mais aussi en constituant des réseaux électroniques et en organisant des conférences interactives en ligne.

Le programme "Entreprise et société"

Deux réunions internationales ont appelé l'attention sur le rôle des réseaux locaux concernant les politiques dans la création de nouvelles compétences industrielles et dans le développement des possibilités d'emploi. On a examiné plusieurs exemples d'associations professionnelles, de syndicats ou d'entreprises individuelles ayant joué un rôle d'avant-garde dans la création d'organisations intermédiaires pour appuyer les améliorations dans l'industrie au coût social le plus faible. Un atelier a passé en revue les initiatives sociales des entreprises en mettant en lumière les motivations qui sous-tendent ces programmes et leurs modalités d'exécution, en insistant sur leurs liens avec les grandes préoccupations des entreprises et sur les avantages mutuels que peuvent en tirer l'entreprise et la société.

 Les recherches se sont concentrées sur trois grands thèmes:

Les mesures prises par les entreprises face à la mondialisation et leur impact sur les politiques de l'emploi ont été examinés lors d'une réunion organisée avec l'appui du gouvernement régional de l'Emilie-Romagne (Italie). La réunion a montré que la décentralisation de la politique de l'emploi et de la politique industrielle se généralise. Sur la base de plusieurs études de cas, la réunion a montré que ce qui caractérise les stratégies réussies de développement de l'entreprise, c'est l'accent mis sur des relations plus souples et plus étroites entre l'Etat, les entreprises, les associations professionnelles et d'autres organisations intermédiaires.

Un atelier régional organisé en octobre 1999 en collaboration avec le bureau de l'OIT pour les Caraïbes a réuni des représentants d'organisations d'employeurs des Caraïbes anglophones et d'organismes régionaux et internationaux. Cet atelier a identifié les éléments clés qui permettent de tirer l'emploi vers le haut et les stratégies industrielles nécessaires pour assurer un travail décent dans les petites économies et les économies non diversifiées des Caraïbes. Ce sont les suivants:

Conférence interactive sur les organisations de travailleurs au XXIe siècle

La conférence, une première pour l'OIT, a été lancée en septembre 1999 et devrait durer un an. Elle vise deux objectifs:

  • offrir un forum international où des personnes venues d'horizons divers peuvent partager des idées et des stratégies pour renforcer et élargir le rôle des organisations de travailleurs en 2000 et au-delà, et stimuler un débat, forger des liens et appuyer les recherches dans les domaines pertinents;
  • offrir une vitrine à l'OIT. Les faits nouveaux tels que la Déclaration de l'OIT relative aux principes et droits fondamentaux au travail peuvent être discutés, faisant connaître ainsi de nouveaux volets des travaux de l'OIT à un public élargi.

Le débat en conférence virtuelle sur l'avenir des organisations de travailleurs a été ouvert par M. Juan Somavia dans un discours liminaire sur les syndicats au XXIe siècle, auquel M. Bill Jordan, secrétaire général de la CISL, a répondu. Chaque mois, un nouveau sujet a été lancé avec des panels d'orateurs invités, puis une discussion générale a suivi. La session de novembre 1999 a été consacrée aux syndicats face au défi de la mondialisation et, en décembre, un nouveau panel d'orateurs a étudié certains aspects relatifs aux syndicats et à l'organisation des travailleurs.

Un nouvel élément de la conférence, apparu en novembre 1999, vise à suivre les progrès accomplis dans les travaux sur le projet de nouvelle convention sur la protection de la maternité. Chaque mois, des spécialistes appartenant au mouvement syndical, au monde universitaire ou à des ONG font connaître leur point de vue sur ce qu'ils souhaitent et sur ce qu'ils attendent de la convention. La décision de la Conférence internationale du Travail de juin 2000 à ce sujet sera communiquée à la conférence interactive.

Plus de 700 participants originaires de tous les continents (praticiens du monde syndical, experts des milieux universitaires et spécialistes des médias) se sont inscrits en 1999, ont apporté des contributions par courrier électronique et ont reçu des communications de la conférence. Le débat a été dirigé par des membres du personnel de l'Institut. Les participants ont noté que le défi de la mondialisation renforce de plus en plus le rôle international de l'OIT. Un rapport complet établi sur la base des procès-verbaux et des résultats de la première conférence en ligne sera établi.

Le programme "Travail et société"

Le projet intitulé Les organisations de travailleurs au XXIe siècle vise à analyser les défis qui attendent les syndicats et à identifier les politiques et activités qui ont particulièrement réussi dans diverses régions du monde.

Les activités du projet ont suivi deux grandes voies:

– tout d'abord, un réseau électronique reliant les praticiens du monde syndical aux spécialistes des milieux universitaires avec deux grandes composantes:

– la possibilité de tenir une conférence interactive à l'adresse suivante:

L'autre composante principale est l'organisation de recherches comparatives sur les succès et les échecs des syndicats. De telles recherches ont été entreprises dans 16 pays en vue de comprendre jusqu'à quel point les syndicats d'un pays donné se sont adaptés en s'attaquant à de nouveaux problèmes, en jouant de nouveaux rôles dans la société, en organisant de nouvelles catégories de travailleurs, en formant de nouvelles alliances et en adaptant leurs structures et leurs finances. Ces études de cas ont servi de base à des réunions sur les stratégies syndicales à l'échelon régional destinées à faciliter un flux d'informations spécifique à la région et une réflexion sur l'avenir des syndicats.

Les deux premières réunions se sont tenues en décembre 1999 à Séoul et à São Paulo et ont réuni des personnalités éminentes des milieux universitaires, des dirigeants syndicaux, des conseillers et des représentants de médias en Asie et en Amérique latine pour une évaluation franche et lucide des stratégies syndicales dans les régions respectives. Les participants ont soulevé des questions pertinentes pour une réflexion ultérieure et identifié les priorités suivantes pour l'adoption de mesures visant à revitaliser le mouvement syndical et à améliorer l'image et la notoriété des syndicats dans la société:

Le nouveau contexte

Avec la nomination du nouveau Directeur général du BIT, l'Institut a participé directement avec l'équipe de transition à la préparation du rapport du Directeur général pour la session de 1999 de la Conférence sur Un travail décent; il a également organisé une série de réunions visant à renforcer le potentiel de l'OIT en matière de connaissances, notamment dans le domaine économique. Une autre réunion organisée avec la participation de fondations de premier plan aux Etats-Unis a permis d'identifier des domaines d'intérêt mutuel, des possibilités de collaboration et de partage d'informations, et les implications sur le plan des connaissances de la promotion d'un travail décent dans le monde d'aujourd'hui.

En 1999, la réorientation des activités de l'OIT selon quatre objectifs stratégiques a été l'occasion pour l'Institut de revoir son programme et de s'appuyer sur ses forces relatives tout en contribuant plus directement aux travaux d'un BIT entièrement réorganisé. Le rôle de l'Institut a été renforcé pour répondre aux demandes dans les domaines suivants:

Les Propositions de programme et budget pour 2000-01 suggèrent de concentrer toutes les activités de l'Institut dans deux programmes:

  

Mise à jour par SD. Approuvée par RH. Dernière modification: 5 juin 2000.