Session spéciale de haut niveau sur le lancement du Programme assorti de délais sur les pires formes de travail des enfants en République d’El Salvador, au Royaume du Népal et en République-Unie de Tanzanie
12 juin 2001
Allocution
de M. Simkhada,
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J’ai aujourd’hui le cœur serré. Les événements tragiques qui ont provoqué la mort prématurée de notre roi bien-aimé, de la reine et de différents autres membres de la famille royale ont plongé le Népal dans le choc et la douleur. Cette tragédie n’a pas permis au Premier ministre du Népal, M. Girija Prasad Koirala, de venir. C’est donc à moi qu’incombe l’honneur de vous lire son message.
J’ai œuvré très longtemps au sein du mouvement syndical et je suis touché par l’invitation du Directeur général à participer à cette réunion aujourd’hui en tant qu’invité d’honneur de la CIT. Je me réjouissais de la perspective d’être parmi vous, mais les circonstances tragiques qui ont privé notre pays de son roi bien aimé, de la reine et des autres membres de la famille royale exigent ma présence au Népal. C’est une grave épreuve pour nous, et je remercie tous ceux qui nous ont manifesté leur sympathie en cette période extrêmement difficile.
Malgré cette tragédie, le gouvernement royal du Népal reste fermement résolu à créer une société au sein de laquelle tous les Népalais, y compris les enfants et les travailleurs, soient à l’abri de la peur et du besoin.
Nous approuvons entièrement les objectifs de l’OIT et souhaitons à l’Organisation plein succès dans sa tâche. Je félicite la Présidente et lui souhaite beaucoup de succès également.
La lutte contre l’exploitation de la main-d’œuvre enfantine est l’un des grands défis d’aujourd’hui. Les recherches effectuées par l’OIT montrent que sept groupes particuliers font l’objet, au Népal, des pires formes de travail des enfants: travailleurs en servitude, enfants employés à la récolte du riz, porteurs, travailleurs domestiques, enfants travaillant dans les mines, enfants fabriquant des tapis et enfants victimes de la traite à des fins de travail ou à des fins sexuelles. Pour chacun de ces sept groupes, la situation des filles est particulièrement précaire. Aider, réhabiliter et protéger les milliers d’enfants appartenant à chacune de ces catégories est une tâche titanesque; cependant, pour marquer notre détermination à prendre des mesures audacieuses en vue de protéger les droits des enfants et de donner davantage de dignité à l’ensemble de la population, le gouvernement royal du Népal a décidé le 17 juillet 2000 d’interdire la pratique du travail en servitude, appelée «Kamaiya». En effet, bien que l’esclavage ait été aboli en 1924, un système de travail agricole en servitude restait en vigueur dans certaines parties du Népal. Sur les 57 000 enfants soumis à cette forme de travail, 17 000 (30 pour cent) travaillaient dans des conditions analogues à l’esclavage pour rembourser les dettes de leurs parents, ce qui montre bien la gravité du problème. Le gouvernement devait agir – il l’a fait.
Les victimes du travail forcé sont maintenant libérés de tout lien, verbal ou écrit. Le recours au travail en servitude est maintenant puni par la loi. Le gouvernement distribue des terres aux anciens travailleurs en servitude, et nous sommes en train, avec le soutien de l’OIT, de mettre en place les filets de sécurité nécessaires pour prévenir un retour du travail en servitude sous de nouvelles formes.
Il ressort des données de l’OIT que, sur 100 enfants qui travaillent dans le monde, 1 vit au Népal. Du fait de l’ampleur même du phénomène et des réalités économiques connexes, il est extrêmement difficile de trouver des solutions, particulièrement pour un pays très peu développé comme le Népal, où le système éducatif est faible et où les ressources financières sont rares.
Le travail des enfants plonge profondément ses racines dans la misère et le manque d’accès à l’éducation de base, à quoi s’ajoute la gravité du chômage et du sous-emploi.
Le Népal se félicite de ce que, dans le cadre de la lutte contre le travail des enfants, il ait été l’un des trois pays choisis par l’OIT pour élaborer et mettre en œuvre le programme de l’IPEC assorti d’un calendrier. Pour être efficace, ce programme doit coordonner les mesures tendant à lutter contre le travail des enfants avec l’effort de développement national, en mettant un accent particulier sur les politiques visant à supprimer la pauvreté, à assurer une éducation de base universelle, à stimuler la mobilisation sociale et à créer de l’emploi.
Le succès du programme dépendra aussi des partenariats créés entre l’ensemble des intervenants, nationaux et internationaux.
Le gouvernement royal, en coopération avec les autres partenaires sociaux, les intervenants internationaux et l’équipe de l’IPEC, travaille actuellement à l’élaboration d’un plan d’action visant à mettre en œuvre le programme. En faisant du travail des enfants une des grandes priorités de son dixième plan quinquennal, le Népal a fait la preuve de son sens des responsabilités et a inclus cette question dans sa politique gouvernementale et ses programmes de développement, pour la défense de ses enfants et l’avenir du pays.
Ce programme est pour nous un défi. Nous sommes déterminés à éliminer les pires formes du travail des enfants en 2005 et toutes les formes de ce travail en 2010. Nous avons fait la preuve de notre volonté politique, et l’action législative nécessaire est en place.
Avec l’aide de nos partenaires pour le développement, nous atteindrons les objectifs énoncés dans la convention (nº 182) sur les pires formes de travail des enfants, 1999, ainsi que dans le programme assorti d’un calendrier qui est lancé officiellement aujourd’hui.
Dans son rapport à cette session historique de la Conférence internationale du Travail, qui se tient à Genève à l’aube du XXIe siècle, le Directeur général, Juan Somavia, a dit avec justesse que la réduction du déficit du travail décent était un défi mondial. Selon moi, l’abolition effective du travail des enfants et l’élimination de ses formes les pires sont les premiers pas essentiels vers la concrétisation de cette réalité.
Je remercie le Directeur général de sa clairvoyance, de sa sagesse et son dynamisme; je remercie l’équipe de l’IPEC de son aide et la communauté internationale de la générosité avec laquelle elle a permis le lancement du programme assorti d’un calendrier.
Mise à jour par HK. Approuvée par NdW. Dernière modification: 13 juin 2001.