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89e session, 5 - 21 juin 2000

Session spéciale de haut niveau sur le lancement du Programme assorti de délais sur les pires formes de travail des enfants en République d’El Salvador, au Royaume du Népal et en République-Unie de Tanzanie

12 juin 2001

Allocution de  M. Riester,
ministre fédéral du Travail et des Affaires sociales, Allemagne

Lorsque l’on voit ici les affiches avec des enfants contraints de travailler, lorsque l’on voit leurs yeux tristes, leurs visages hagards, il est difficile de parler et de trouver ses mots pour évoquer ce travail des enfants.

Toutefois, un silence confus n’aiderait nullement ces enfants qui travaillent. L’enfance doit être l’âge du jeu et de l’apprentissage et nous devons donc parler et dire au monde entier que le travail des enfants et leur exploitation ne doivent exister dans aucune société, nulle part sur notre planète.

Pour un représentant d’un pays industrialisé qui a maîtrisé ce problème depuis longtemps, il est facile de pointer un doigt accusateur, mais accuser n’est ni utile, ni justifié. Ce n’est pas utile parce que les reproches suscitent le rejet plutôt que la réflexion, et ce n’est pas juste parce que, souvent,  le travail et l’exploitation des enfants dans un pays ne dépendent pas d’une mauvaise volonté ou d’une indifférence de la part des responsables politiques. Je ne veux pas non plus donner raison à ceux qui pensent que l’on pourra éliminer le travail des enfants une fois que l’on aura éliminé la pauvreté, à ceux qui pensent que ceci est la seule solution, car les enquêtes de l’OIT ont montré qu’il n’y a pas forcément de lien entre la pauvreté et le travail des enfants.

Pour lutter efficacement contre le travail des enfants, il ne faut donc pas se contenter de pointer un doigt accusateur, mais il faut aussi tendre une main pour aider, et c’est justement la base de la philosophie du Programme de l’OIT pour l’abolition du travail des enfants, à savoir l’IPEC. Ce programme se fonde sur la reconnaissance du fait qu’il y a de multiples raisons au travail des enfants et qu’il n’y a donc pas de panacée contre ce mal.

Nous avons besoin d’un faisceau de mesures, et les priorités devront changer en fonction du pays. Tout d’abord, il faut sensibiliser tous les responsables politiques, économiques et sociaux, et ces derniers doivent comprendre que le travail des enfants ne doit pas être considéré comme inévitable simplement parce qu’il a toujours existé. Les enfants qui travaillent dur aujourd’hui seront les chômeurs de demain, des chômeurs en mauvaise santé, sans qualification et qui nuiront à toute l’économie. Donc, il faut d’autres mesures, et notamment former des inspecteurs du travail et créer des établissements de formation appropriés pour les enfants qui ont travaillé. Il faut également, dans certains cas et pour commencer, améliorer les conditions de travail des enfants.

L’IPEC présente l’avantage que, pour chaque pays, il conçoit un costume sur mesure au lieu d’un costume prêt-à-porter qui devrait être porté dans le monde entier. Cela a été rendu possible par deux caractéristiques de ce programme. Tout d’abord, dès le début, il était entendu que l’on allait collaborer avec les ONG des pays bénéficiaires. Par ailleurs, les responsables peuvent utiliser en tout cas une partie des fonds qui leur sont accordés de façon assez libre et souple, sans être tenus à un cahier des charges trop rigide.

Ce n’est pas par vanité que je souhaite revenir sur le rôle que mon pays a joué dans l’élaboration de ce programme. Oui, nous sommes fiers d’avoir lancé cette initiative il y a de cela une dizaine d’années, mais nous savons aussi que cette initiative, à elle seule n’était pas une garantie de succès. Beaucoup de facteurs devaient être rassemblés pour que l’IPEC devienne ce qu’il est devenu aujourd’hui, et notamment la compétence et l’engagement remarquables des collaboratrices et des collaborateurs de l’OIT, ici à Genève et partout dans le monde, mais aussi le fait que beaucoup de responsables dans les pays bénéficiaires, au lieu de minimiser le problème du travail des enfants, l’ont pris très au sérieux. Et surtout, nous constatons avec satisfaction que l’Allemagne n’est restée que très peu de temps le seul bailleur de fonds et que bien vite d’autres donateurs l’ont rejointe. Je puis assurer ma collègue des Etats-Unis que je ne suis nullement navré de voir que l’Allemagne n’est plus le principal bailleur de fonds.

Je souhaite lancer un appel au monde, et dire que le travail des enfants et l’exploitation des enfants ne doivent avoir nulle part une place dans le monde. Soutenez tous le programme de l’OIT pour que cet objectif devienne le plus tôt possible une réalité. Je salue la proposition du Directeur général du BIT visant à faire de cette journée aujourd’hui la Journée de l’élimination du travail des enfants.

Mise à jour par HK. Approuvée par NdW. Dernière modification: 13 juin 2001.