L'OIT est une institution spécialisée des Nations-Unies
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GB.271/ESP/4
271e session
Genève, mars 1998


Commission de l'emploi et de la politique sociale

ESP


QUATRIÈME QUESTION À L'ORDRE DU JOUR

Participation de l'OIT aux principales conférences
internationales sur les questions d'emploi

Conférences du G8 sur l'emploi:
Kobé, 28-29 novembre 1997 et Londres, 21-22 février 1998

1. Le présent document fournit des informations sur les travaux des conférences susmentionnées et sur la participation de l'OIT à ces conférences. On rappellera que l'OIT a été invitée pour la première fois à la deuxième Conférence du G7 sur l'emploi, tenue à Lille (France) les 1er et 2 avril 1996. Un rapport sur la participation de l'OIT à cette conférence a été soumis au Conseil d'administration en juin 1996(1) . Depuis Lille, la participation à ces conférences a été élargie à la Fédération de Russie, d'où la nouvelle appellation de «G8». Une autre caractéristique nouvelle des conférences de Kobé et de Londres est qu'elles ont comporté une séance de dialogue avec l'OIE et la CISL.

Conférence de Kobé
(28-29 novembre 1997)

2. La Conférence de Kobé a réuni les ministres du Travail et de l'Industrie ou leurs représentants. La présence des ministres de l'Industrie était liée au premier des deux thèmes de la conférence -- «promotion d'une adaptation sans heurts aux changements structurels» -- qui était centré sur les réformes structurelles nécessaires pour promouvoir l'innovation et la création de nouvelles entreprises et de nouveaux secteurs d'activité. L'autre thème de la conférence -- «promotion d'une population économiquement active» -- était centré sur les politiques visant à améliorer la situation du marché de l'emploi des jeunes et des travailleurs âgés.

3. La deuxième séance de travail de la conférence a été consacrée à des discussions avec l'OIT et l'OCDE. Le Directeur général du BIT et le Secrétaire général de l'OCDE ont pris la parole à l'ouverture de cette séance, puis ont répondu aux questions et observations des participants. Dans son discours, le Directeur général a souligné l'importance d'une forte croissance de l'emploi et du plein respect des normes du travail international fondamentales, en tant qu'instruments permettant de récolter les bénéfices économiques de la mondialisation sans compromettre la justice sociale. Le Directeur général a également souligné que des politiques spécifiques étaient nécessaires pour contrecarrer la tendance à l'exclusion sociale qui touche particulièrement les jeunes et les travailleurs âgés et a évoqué les principales possibilités d'action. Un document de base préparé par le Bureau, intitulé «Les jeunes, les travailleurs âgés et l'exclusion sociale: quelques aspects du problème dans les pays du G7» a été distribué aux participants.

4. Les conclusions de la présidence sont reproduites en annexe. Il y a lieu de noter que les défis qui se posent aux pouvoirs publics et qui sont traités dans ces conclusions sont fort divers, allant des politiques structurelles visant à accélérer la création de nouvelles entreprises et de nouveaux secteurs d'activité à des politiques spécifiques orientées vers les problèmes particuliers des jeunes et des travailleurs âgés sur le marché du travail. Un thème sous-jacent important est la nécessité de valoriser les ressources humaines en tant que moyen de promouvoir une adaptation sans heurts aux changements structurels et technologiques sur le marché du travail et d'améliorer les perspectives d'emploi des jeunes et des travailleurs âgés.

5. Le paragraphe 6 des conclusions revêt un intérêt particulier pour l'OIT, car il salue le travail effectué par l'OIT et l'OCDE dans le domaine de l'emploi et reconnaît qu'«il est essentiel de coopérer avec ces organisations ... et de dynamiser les travaux de ces organisations qui analysent plus en profondeur les politiques orientées vers l'emploi». Ce paragraphe réaffirme également l'appui du G8 aux efforts déployés pour promouvoir le respect des normes fondamentales du travail reconnues à l'échelle internationale et souligne l'importance du dialogue avec les partenaires sociaux.

Conférence de Londres sur la croissance, l'aptitude à l'emploi et l'insertion
(
21-22 février 1998)

6. La Conférence de Londres a réuni les ministres du Travail et des Finances des pays du G8 et s'est attachée aux thèmes de «la croissance, l'aptitude à l'emploi et l'insertion». Le thème de la croissance visait les politiques macroéconomiques et les réformes structurelles à mettre en œuvre dans la plupart des pays pour accélérer la croissance économique et la création d'emplois, et ceux de l'aptitude à l'emploi et de l'insertion avaient trait au défi de la lutte contre l'exclusion sociale. Il est essentiel de développer les connaissances et les compétences des travailleurs tout au long de leur vie active pour renforcer leur aptitude à l'emploi ou l'intérêt des employeurs à leur égard (et, partant, leurs perspectives d'obtenir un emploi ou de conserver celui qu'ils occupent). Cela est particulièrement important pour les travailleurs les moins qualifiés, qui sont les plus exposés à l'exclusion sociale. Outre qu'elles renforcent l'aptitude à l'emploi, les politiques qui aident chacun à passer de la situation d'assisté social à celle d'actif revêtent également la plus haute importance pour la promotion de l'insertion sociale.

7. Le Directeur général a prononcé un bref discours au grand dîner de la conférence le 21 février. Suivant les indications qu'il avait reçues du secrétariat de la conférence, il a parlé de la dimension sociale de la crise financière en Asie. La crise financière elle-même avait été examinée à la réunion des ministres des Finances du G7 qui avait immédiatement précédé la conférence. Dans son discours, le Directeur général a souligné que le coût social de la crise financière en Asie avait été élevé et qu'il continuait de s'accroître. C'était là un argument social et, à vrai dire, moral de poids en faveur de la stabilisation du système financier international. Le Directeur général a également lancé un appel en faveur de l'adoption de mesures décisives pour atténuer le coût social de la crise et a proposé une collaboration plus étroite entre l'OIT et les institutions de Bretton Woods «tant pour concevoir des solutions aux situations de crise que pour élaborer des stratégies de développement économique et social à long terme». Il a également souligné qu'il importait de renforcer le respect des normes internationales du travail fondamentales et de mettre en place des mécanismes de protection sociale efficaces, compte tenu en particulier des nouveaux risques considérables que comporte la mondialisation.

8. Les conclusions de la présidence sont reproduites en annexe. La partie essentielle de ces conclusions a trait aux «sept principes pour engendrer de nouvelles possibilités d'emploi et traiter le chômage et l'exclusion» qui ont été recommandés pour adoption par la réunion des chefs d'Etat et de gouvernement du G8 à Birmingham au mois de mai.

9. Le cinquième paragraphe intéresse particulièrement l'OIT, car il renouvelle l'appui au «progrès universel de l'application des normes du travail fondamentales reconnues sur le plan international, et notamment de la proposition d'une déclaration de l'OIT et d'un mécanisme de suivi sur ces normes du travail». Une indication similaire figure dans le communiqué séparé adopté par la réunion des ministres des Finances du G7 qui s'est tenue aux mêmes dates à Londres. Il est également intéressant de relever que le paragraphe suivant, consacré à la crise financière en Asie, reconnaît qu'«il importe de mettre en place des filets de sécurité sociale adaptés et bien conçus».

Genève, le 4 mars 1998.


Annexe I

Conférence de Kobé

Conclusions de la présidence
Kobé, Japon, 28-29 novembre 1997

1. Faisant suite au consensus auquel sont parvenus les chefs d'Etat et de gouvernement au Sommet de Lyon en 1996 et au Sommet de Denver en 1997, les ministres du Travail et de l'Industrie des pays du G8, ou leurs représentants, et les responsables de la Commission européenne s'occupant de ces domaines se sont réunis à Kobé les 28 et 29 novembre 1997 pour traiter de questions relatives à l'emploi. Le Japon a présidé la conférence.

2. Sur la base des résultats des précédentes conférences sur l'emploi de Détroit et de Lille et des travaux entrepris dans les organisations internationales, nous avons débattu des orientations de politiques et des difficultés qui découlent de changements structurels tels que la concurrence à l'échelle mondiale, le rythme de plus en plus soutenu des innovations techniques et le vieillissement rapide de la population. Le débat portait sur les moyens de promouvoir une adaptation sans heurts aux changements structurels et une société économiquement active: la question était de savoir, du côté de la demande, comment favoriser la création de conditions propices aux nouveaux secteurs d'activité et à un accroissement du nombre d'emplois de meilleure qualité et, du côté de l'offre, comment trouver les meilleures solutions pour que la population participe à un plus large éventail d'activités liées à l'emploi.

3. Nous avons reconnu que, pour résoudre le problème de l'emploi qui se pose à nous, il faut surmonter diverses difficultés dans chaque pays. Nous sommes déterminés à continuer de prendre des mesures énergiques contre le chômage et à favoriser un meilleur partage de la prospérité. La conférence nous aidera à définir et à mettre en œuvre des politiques destinées à accroître l'emploi. A la suite d'un débat fructueux, nous nous sommes félicités des initiatives émanant de différents Etats et des activités de suivi qui seront menées à l'initiative des pays intéressés. Cela pourra aider tous les particuliers à tirer pleinement parti de leurs capacités et à mener une vie digne et sûre.

4. Nous avons insisté sur l'importance que revêt une action résolue et cohérente pour appliquer des politiques macroéconomiques orientées vers la stabilité et vers une croissance non inflationniste. Ces politiques constituent la base de l'investissement et d'une création durable d'emplois. Toutefois, pour que la croissance se traduise par des emplois, les politiques macroéconomiques doivent s'appuyer sur des réformes structurelles et sur des politiques du marché du travail ambitieuses. Favoriser une adaptation sans heurts aux changements structurels, de nouvelles activités économiques, la mise en valeur des ressources humaines et l'essor d'une société économiquement active sont des éléments essentiels de cette stratégie.

5. Une coopération étroite entre les principaux pays industrialisés contribue à tirer tout le parti de la mondialisation, laquelle ouvre de nouvelles perspectives de croissance et d'emploi partout dans le monde. Comme nous l'avons souligné, nous sommes désireux de poursuivre le dialogue au sein du G8 et d'améliorer la communication avec d'autres pays, y compris en Asie.

6. Grâce aux efforts déployés par des organisations comme l'OIT et l'OCDE, les pays du G8 ont désormais une meilleure connaissance de la gamme des mécanismes d'intervention qui permettent de lutter contre le chômage et de partager plus largement la prospérité. Il est essentiel de coopérer avec ces organisations. Nous avons reconnu combien il est utile de dynamiser les travaux de ces organisations qui analysent plus en profondeur les politiques orientées vers l'emploi. Nous avons réaffirmé notre engagement à observer les normes fondamentales du travail reconnues à l'échelle internationale et nous attendons avec beaucoup d'intérêt les résultats des travaux qui sont en cours à l'OIT. Nous avons également souligné les contributions considérables de la CISL et de l'OIE. Il importe de favoriser davantage le dialogue entre gouvernements, travailleurs et employeurs car ils sont, dans l'économie de marché, des partenaires indispensables dans le domaine des activités productives pour aider chaque pays à définir ces politiques. Conscients du principe de l'économie de marché selon lequel travailleurs et employeurs partagent les fruits des activités économiques dans lesquelles ils jouent des rôles différents, nous avons mis l'accent sur le fait qu'il est essentiel que travailleurs et employeurs coopèrent afin de favoriser une croissance économique qui soit assortie d'un accroissement des perspectives d'emplois de qualité.

I. Promotion d'une adaptation sans heurts aux changements structurels

7. Afin de répondre et de s'adapter sans heurts aux changements structurels et d'accroître le nombre et la qualité des possibilités d'emploi, il est important de procéder à des réformes structurelles pour réaliser les objectifs suivants:

  1. promouvoir des conditions propices à l'innovation et à la création de nouvelles entreprises et de nouveaux secteurs d'activité;
  2. contribuer à ce que les entreprises et les travailleurs s'adaptent à un environnement économique mondial de plus en plus concurrentiel, par le biais de réformes des cadres réglementaires qui soient susceptibles d'encourager les entreprises et les particuliers à relever le défi;
  3. veiller à ce que le vieillissement de la population et le dynamisme économique restent conciliables;
  4. faire concorder efficacité économique et cohésion sociale afin que l'accroissement de la flexibilité soit compatible avec la sécurité et la qualité de l'emploi.

Création de nouvelles entreprises et de nouveaux secteurs d'activité

8. Les nouveaux secteurs d'activité sont un facteur important de création d'emplois. Nous avons fait observer que la mondialisation, la réforme des cadres réglementaires et l'innovation technique ont ouvert de nombreuses perspectives économiques. Ayant constaté que le secteur privé joue un rôle crucial à cet égard, nous avons partagé l'opinion que l'une des tâches importantes des pouvoirs publics est de créer des conditions favorables à la création de nouveaux secteurs d'activité et à la transition de secteurs à faible croissance aux nouveaux secteurs d'activité, en particulier en éliminant les cadres réglementaires qui entravent l'investissement, l'innovation et les nouvelles techniques.

9. Nous sommes convaincus qu'il est essentiel de favoriser des conditions propices à la création de nouveaux secteurs d'activité. L'accent a été mis sur la nécessité de mettre en œuvre les politiques suivantes, lesquelles portent sur les ressources des entreprises, notamment le capital, les techniques et les ressources humaines:

  1. réformer les structures financières afin que l'on puisse compter sur les marchés pour fournir une offre appropriée de capital-risque;
  2. garantir des activités suffisantes de recherche et de développement en renforçant la coopération entre l'université et l'entreprise; protéger les droits de propriété intellectuelle et améliorer la négociabilité des droits attachés à un brevet;
  3. encourager les travailleurs à rejoindre les nouveaux secteurs d'activité et favoriser l'esprit d'entreprise par le biais de l'éducation et de la formation;
  4. éliminer les entraves qui découragent les particuliers de s'installer à leur compte et de créer des micro-entreprises, en particulier les obstacles inhérents aux régimes de sécurité sociale en vigueur, et faciliter la mobilité de la main-d'œuvre en améliorant la transférabilité des pensions d'entreprise.

Nous avons souligné que ces politiques devraient s'accompagner d'initiatives visant à encourager l'esprit d'entreprise dans chacun des pays du G8.

10. Nous avons insisté sur le rôle essentiel que jouent les petites et moyennes entreprises dans la création d'emplois. Leurs caractéristiques prédominantes, notamment la souplesse de leurs structures, et leur capacité de prendre rapidement des décisions et de fonctionner dans un cadre décentralisé sont des atouts précieux pour faire face aux changements structurels. Nous considérons également que ce dynamisme permet de promouvoir une nouvelle culture de l'entreprise et qu'une action coordonnée et soutenue est utile.

Défis pour les entreprises et les particuliers

11. D'une part, les politiques et programmes ayant trait au marché du travail et, d'autre part, les réglementations en vigueur dans les entreprises devraient garantir que les particuliers puissent manifester plus pleinement leurs capacités et que les entreprises utilisent au mieux leurs ressources pour améliorer la compétitivité, l'adaptabilité et la capacité de tirer tout le parti potentiel des nouvelles techniques. Ce problème se pose aux entreprises et aux particuliers qui doivent s'efforcer de s'adapter aux mutations entraînées par la mondialisation, l'innovation technique et l'évolution démographique. La participation des partenaires sociaux est essentielle dans le processus de modernisation.

12. L'accent a été mis sur la nécessité d'adapter les politiques, les institutions et les cadres réglementaires à l'évolution de la nature du travail et aux nouvelles formes d'aménagement du travail, afin de traiter de manière juste les travailleurs qui sont employés dans ces nouvelles conditions et d'améliorer la mobilité de la main-d'œuvre entre les secteurs traditionnels et les nouveaux secteurs. Il importe de perfectionner le fonctionnement des marchés du travail. A cet égard, nous avons souligné qu'il fallait accroître le rôle du secteur privé, notamment celui des agences privées pour l'emploi, et d'intégrer et d'améliorer les fonctions des services publics de l'emploi.

13. Il devrait incomber aux particuliers de saisir les possibilités qui leur sont offertes. A cet égard, nous avons mis l'accent sur le fait que les initiatives des particuliers revêtent de plus en plus d'importance. On devrait encourager ceux-ci à relever de nouveaux défis et à améliorer et à actualiser leurs qualifications, ce qui favorisera la capacité d'adaptation de la main-d'œuvre. Nous avons souligné qu'il importe d'améliorer l'employabilité par le biais de programmes intensifs de formation et d'éducation qui permettront aux travailleurs d'acquérir les qualifications indispensables pour exercer des activités dans les nouveaux secteurs.

14. Conscients que les salaires, dans de nombreux cas, sont déterminés dans le marché du travail à la suite de négociations entre travailleurs et employeurs, nous avons souligné que la structure des coûts de la main-d'œuvre a une incidence sur le niveau de l'emploi.

Vieillissement de la population et dynamisme économique

15. Nous nous sommes inquiétés du fait que des charges de plus en plus lourdes pèsent sur les particuliers et les entreprises en raison du vieillissement de la population, et donc de l'accroissement des cotisations de sécurité sociale, ce qui pourrait nuire au dynamisme économique. Il faut un système de sécurité sociale effectif pour que les travailleurs soient en mesure de s'adapter aux changements structurels et pour que les exclus sociaux ne soient pas en proie à la détresse. Nous avons reconnu que, pour veiller à ce que le vieillissement de la société soit conciliable avec le dynamisme économique, il importe d'adapter certains systèmes de sécurité sociale afin qu'ils soient plus propices à l'emploi et de réduire les charges sociales. Il a été jugé nécessaire de reconsidérer les liens entre le rôle du secteur privé et celui du secteur public, afin de tirer parti du dynamisme du secteur privé et d'examiner la meilleure façon de conjuguer les initiatives du secteur privé et du secteur public au moment d'adapter nos systèmes de sécurité sociale. Voilà qui permettra d'instaurer des systèmes de sécurité sociale viables et de jeter des bases économiques solides, lesquelles sont nécessaires pour conserver et créer des emplois.

16. Il est essentiel de prendre des mesures pour favoriser la participation des travailleurs âgés dans l'emploi, ce qui pourrait améliorer leur situation générale et renforcer les systèmes de sécurité sociale. Dans le même temps, nous avons noté qu'il est important de veiller à ce que les travailleurs qui ne sont plus en mesure de travailler bénéficient d'une garantie de ressources suffisante.

II. Promotion d'une population économiquement active -- Mesures effectives
pour l'emploi qui tiennent compte des cycles de vie

17. Nous avons partagé l'opinion que, pour cibler de manière plus efficace les politiques d'emploi, il faut se concentrer sur différents aspects des problèmes posés par l'emploi et trouver des solutions pour les travailleurs, à différentes étapes de la vie, à savoir des politiques de lutte contre le chômage des jeunes, une mise en valeur constante et effective des ressources humaines, dans le cas des personnes dont dépendent les activités économiques des entreprises, la promotion de l'emploi et de la formation des personnes âgées, ainsi que le maintien du dynamisme économique et social.

  1. Promotion de l'emploi des jeunes, lesquels auront des responsabilités à l'avenir

18. Les jeunes d'aujourd'hui joueront un rôle important à l'avenir pour garantir le dynamisme économique et social. Il est donc essentiel de promouvoir l'emploi des jeunes par le biais de politiques appropriées. Dans certaines sociétés, il est nécessaire que les jeunes comprennent mieux ce qu'est la vie active, qu'ils acquièrent les connaissances et les qualifications requises et disposent d'informations sur le marché du travail. De plus, nous avons constaté qu'il est important que les secteurs d'activité, les centres d'enseignement et de formation, les services publics d'emploi et d'autres acteurs œuvrent ensemble pour mettre en pratique des mesures appropriées en faveur de l'emploi des jeunes travailleurs, lesquels constituent, pour l'ensemble de la société, un «investissement pour l'avenir», et pour faire mieux correspondre l'enseignement et les besoins en qualifications dans l'entreprise. Ces initiatives permettront aux jeunes de choisir des emplois conformes à leurs aptitudes ou capacités professionnelles. Elles garantiront que leurs qualifications satisferont les besoins des employeurs et elles leur permettront de prendre un bon départ dans la vie active. A l'occasion de ce débat, l'initiative proposée par le secrétaire général de l'OCDE en faveur de l'emploi des jeunes a été fermement appuyée.

Assistance visant à faciliter la transition de l'école au monde du travail

19. Il est essentiel de faciliter la transition de l'école au monde du travail pour répondre au problème de l'emploi des jeunes. Nous avons noté qu'il est particulièrement important que les acteurs sociaux apportent, dans les meilleurs délais, leur concours à tout un ensemble d'initiatives en faveur des jeunes. A cet égard, il a été souligné qu'il conviendrait d'encourager diverses mesures visant notamment à apporter une expérience professionnelle, tant à l'école qu'en dehors de celle-ci (stages), des informations sur les possibilités de carrière et des services consultatifs afin de faire mieux comprendre ce qu'est le monde du travail, et de favoriser le placement et la formation professionnelle.

  1. Promotion de la mise en valeur des ressources humaines
    afin de donner aux travailleurs les moyens de contribuer
    aux activités économiques
    Mise en valeur des ressources humaines afin d'améliorer le savoir-faire
    et les qualifications professionnelles

20. Il est nécessaire aujourd'hui de s'instruire et de se former tout au long de la vie pour acquérir le savoir-faire et les qualifications professionnelles nécessaires pour s'adapter à l'évolution constante de la demande sur le marché du travail, évolution qui est due aux changements structurels, et pour contribuer aux activités productives des entreprises. Il est également important de favoriser la croissance et le développement des entreprises et des secteurs d'activité, d'améliorer l'employabilité des travailleurs et de préserver ainsi le dynamisme social. Il incombe aux entreprises et aux particuliers de veiller à la mise en valeur des ressources humaines avec l'appui, le cas échéant, des gouvernements.

21. Il a été souligné que, dans ce monde qui évolue rapidement, les travailleurs doivent approfondir sans cesse leur formation pour acquérir un savoir-faire et des qualifications professionnelles. A cette fin, la mise en valeur des ressources humaines à l'initiative des travailleurs revêtira de plus en plus d'importance. Nous avons estimé que, même s'il est vrai que des entreprises peuvent avoir besoin d'engager des travailleurs qualifiés venant de l'extérieur, il est essentiel qu'elles reconnaissent l'utilité qu'il y a à dispenser aux personnes qu'elles emploient déjà une formation qui portera notamment sur le savoir-faire et les qualifications propres à l'entreprise. Il a été suggéré de prendre exemple sur une bonne pratique qui, dans de nombreux pays, consiste à offrir, entre autres, dans le cadre de conventions collectives, des congés-éducation visant à permettre aux travailleurs de disposer d'assez de temps pour s'instruire tout au long de leur vie.

22. Il est nécessaire de promouvoir l'accès des particuliers et des entreprises à l'information et à des services consultatifs, et d'actualiser la formation professionnelle afin de prendre en compte les progrès techniques.

23. Nous avons évoqué l'utilité qu'il y a à mettre sur pied des mécanismes d'évaluation des aptitudes professionnelles afin que celles-ci soient mieux reconnues et que le système soit plus transparent.

  1. Consensus pour une population âgée active

24. Etant donné le vieillissement de la population, il sera de plus en plus important que les personnes âgées participent à des activités productives, en fonction de leurs aspirations et de leurs capacités, afin de maintenir le dynamisme économique et social, comme l'ont indiqué les chefs d'Etat et de gouvernement au Sommet de Denver, dans le cadre de leur débat sur le rôle des personnes âgées dans la vie active. A cette fin, on a souligné qu'il fallait créer des conditions propices à l'emploi des personnes âgées ou à leur participation dans des activités revêtant une utilité sociale. Il sera essentiel qu'un consensus se dégage à l'échelle nationale sur l'emploi des personnes âgées ou la participation de celles-ci à des activités socialement utiles pour que les personnes âgées puissent jouer un rôle actif dans la société.

25. Nous avons reconnu qu'il fallait faire preuve de souplesse pour trouver des solutions à l'évolution démographique dans le marché du travail. Afin que les personnes âgées puissent continuer de travailler en fonction de leurs aspirations et de leurs capacités, il faudra veiller sans relâche à ce que leurs capacités et leur savoir-faire correspondent aux besoins de la société et des entreprises. On s'est accordé à penser que, pour ce faire, la mise en valeur des ressources humaines est essentielle dans le cas des travailleurs âgés, mais aussi à toutes les étapes de la vie professionnelle.

26. Parce que les personnes ne jouissent pas toutes du même état de santé et que leur situation financière et leurs préférences en matière d'emploi diffèrent, il est essentiel d'améliorer la qualité du milieu de travail, notamment en aménageant les postes de travail, en instaurant des horaires de travail variables et en redéfinissant les tâches. En conséquence, on s'est accordé à estimer qu'il faudrait encourager les entreprises à améliorer le milieu de travail. En outre, nous avons souligné la nécessité de créer différents types d'emploi en fonction de la situation et des préférences en matière d'emploi des travailleurs âgés, par exemple en créant des emplois à temps partiel. Dans certains pays, on a également estimé qu'il était essentiel d'encourager les travailleurs âgés à prendre part à des activités socialement utiles à l'échelle locale ou à mettre au service de l'entreprise l'expérience ou les capacités professionnelles qu'ils ont acquises par le passé.

27. Nous avons de nouveau souligné que, pour promouvoir l'emploi des personnes âgées, il importe d'intégrer les fonctions importantes des services publics d'emploi qui sont de fournir des services consultatifs et des services de placement globaux aux demandeurs d'emploi et aux candidats à un emploi, selon les besoins de ceux-ci, de verser des allocations de chômage et de mettre sur pied des politiques actives du marché du travail. A cette fin, on devrait améliorer l'efficacité des services publics d'emploi, en particulier en ayant recours aux nouvelles techniques de l'information et de la communication et en renforçant les prestations qu'ils offrent aux employeurs afin d'améliorer la pénétration sur le marché. Offrir aux demandeurs d'emploi des possibilités sur le marché du travail devrait être prioritaire.

28. La conférence sur l'emploi de Kobé a permis de poursuivre le débat sur l'emploi entre les pays du G8, en ce qui concerne les initiatives des particuliers et des entreprises pour faire face aux mutations de l'entreprise et de l'économie mondiale. Il a été affirmé de nouveau que les réformes structurelles seront plus fructueuses si elles sont étayées par des politiques macroéconomiques solides, l'inverse étant également vrai. Ayant reconnu la nécessité de continuer de promouvoir la croissance et la stabilité économiques, ainsi que la création d'emplois de qualité, tout en encourageant les changements structurels, y compris la réforme des cadres réglementaires en vigueur, nous attendons avec beaucoup d'intérêt la prochaine Conférence du Royaume-Uni sur la croissance, l'employabilité et l'inclusion, qui se tiendra à Londres. On s'est accordé à estimer que les résultats de la conférence sur l'emploi de Kobé, ainsi que la conférence du Royaume-Uni, apporteront une contribution précieuse au prochain Sommet des chefs d'Etat et des chefs de gouvernement qui aura lieu à Birmingham.


Annexe II

Conférence sur l'aptitude à l'emploi
Londres, 21-22 février 1998

Conférence du G8 sur la croissance, l'aptitude à l'emploi
et l'insertion: conclusions de la présidence

Les ministres de l'Economie, des Finances et de l'Emploi des pays du G8 se sont réunis à Londres les 21 et 22 février 1998, conjointement avec des représentants de la Commission européenne ainsi que de la CISL et de l'OIE, de l'OIT et de l'OCDE pour discuter sur le thème de «la croissance, l'aptitude à l'emploi et l'insertion».

Nous avons convenu que chaque pays devrait prendre les mesures concrètes appropriées pour promouvoir la création d'emplois et traiter le chômage et l'exclusion au moyen de politiques permettant à chacun d'utiliser ses compétences, de contribuer pleinement à l'économie de la nation et de partager la prospérité.

Des politiques macroéconomiques stables visant à susciter une croissance non inflationniste et fondées sur des finances publiques saines revêtent la plus haute importance, mais ne sont pas suffisantes. Il est également essentiel d'accélérer la croissance économique par des investissements dans l'industrie, l'infrastructure, les compétences et les technologies nouvelles. Les gouvernements jouent un rôle déterminant en mettant en place le cadre adapté dans lequel les investissements portent leurs fruits, en particulier dans les zones et les régions géographiques caractérisées par des taux de chômage élevés. Des réformes structurelles sont nécessaires dans la plupart des pays pour éliminer les obstacles à la création d'emplois et permettre un meilleur fonctionnement des marchés des capitaux, des produits et de l'emploi, afin de permettre en particulier la création de petites et moyennes entreprises et leur développement. Les partenaires sociaux ont aussi un rôle important à jouer, particulièrement en encourageant l'adaptabilité et en facilitant les changements structurels.

Dans nos pays, des politiques actives sont nécessaires à différents degrés pour les jeunes, les chômeurs de longue date et les groupes comme les parents isolés, les personnes handicapées, les travailleurs âgés et les personnes ne possédant pas l'instruction élémentaire nécessaire dans le monde du travail de nos jours. Chacun doit pouvoir développer ses connaissances et ses compétences tout au long de sa vie active et améliorer son aptitude à l'emploi sur un marché du travail en évolution. Les programmes qui encouragent les bénéficiaires d'aide sociale à entrer dans la vie active ou à réintégrer le marché du travail et qui font que le travail est rentable peuvent augmenter l'emploi et les revenus tout en réduisant les dépenses au titre de l'aide sociale.

Nous reconnaissons la contribution importante des échanges internationaux à l'élargissement des perspectives de gains et d'emploi des travailleurs dans un cadre favorable aux droits des travailleurs et à leur accès à l'enseignement et à la formation. Nous devons également veiller à ce que toutes les catégories de la société et, à vrai dire, tous les pays de la planète aient la possibilité de bénéficier de la prospérité rendue possible par l'intégration au niveau mondial et l'innovation technologique. Nous nous prononçons de nouveau en faveur du progrès universel de l'application des normes du travail fondamentales reconnues sur le plan international, et notamment de la poursuite de la collaboration entre les secrétariats de l'OIT et de l'OMC, conformément aux conclusions de la Conférence de Singapour et à la proposition d'une déclaration de l'OIT et d'un mécanisme de suivi sur ces normes du travail. Le rôle crucial des partenaires sociaux devrait être reconnu dans ce processus.

Reconnaissant que la croissance économique et la stabilité sont des conditions préalables au maintien et au développement de l'emploi, nous nous félicitons des dispositions prises par la communauté internationale et du rôle de chef de file du Fonds monétaire international, face à la crise financière en Asie, et notamment de leur appui à des réformes d'orientation essentielles et de l'aide financière temporaire qu'ils ont fournie lorsque cela était nécessaire. Dans ce contexte, nous reconnaissons qu'il importe de mettre en place des filets de sécurité sociale adaptés et bien conçus.

Nous recommandons que la réunion des chefs d'Etat et de gouvernement du G8 à Birmingham au mois de mai adopte ces sept principes pour engendrer de nouvelles possibilités d'emploi et traiter le chômage et l'exclusion:

Nous avons noté que de grands progrès ont déjà été accomplis par les pays du G8 dans le traitement de cet ordre du jour, mais que tous les pays doivent encore prendre des mesures dans certains au moins de ces domaines, avec la participation active des employeurs et des syndicats.

Nous avons engagé nos gouvernements à présenter avant le prochain Sommet du G8 qui se tiendra à Birmingham au mois de mai des plans d'action établissant comment nous allons mettre ces principes en pratique. Les résultats de cette conférence du G8, ainsi que ceux de la conférence de Kobé, contribueront de manière inestimable au succès de ce sommet.


1.  Document GB.266/4.


Mise à jour par VC. Approuvée par NdW. Dernière modification: 21 février 2000.