Table of Contents 1. Social security for the informal sector: Designing pilot projects; Wouter van Ginneken The context and aims of pilot activities Intended beneficiaries and their social security needs Project areas in Gujarat and Andhra Pradesh Descripción y análisis de las localidades seleccionadas Descripción y análisis de las instituciones Viabilidad del proyecto por componente Conclusiones:
Perspectiva de replicabilidad a nivel nacional Investigating conditions in Arusha and Mbeya Assessing the feasibility of the pilot projects
2. Sécurité sociale pour le secteur informel au Bénin: Étude de faisabilité du projet national Bernardin Gauthé, Consultant, Paris
Comme dans les trois autres pays participant au Projet
BIT sur la sécurité sociale pour le secteur informel (El
Salvador, Inde, Tanzanie), les groupes couverts par les régimes
de sécurité sociale au Bénin restent essentiellement
les fonctionnaires et les salariés. Le Projet a donc l'intention
d'entreprendre deux types d'intervention. Sa première fonction
est de travailler ensemble avec le gouvernement, les agences de sécurité
sociale, les partenaires sociaux, les ONG et les compagnies d'assurance
afin de concevoir et mettre en oeuvre les projets de sécurité
sociale pour le secteur informel. Sa seconde fonction est de fournir un
soutien direct aux travailleurs du secteur informel et à leurs
associations afin de mettre sur pied et de gérer leurs propres
projets. Les soins de santé sont désignés
comme prioritaires en termes de prestations. De plus, l'aide à
l'éducation, de même que les prestations de survivants et
d'invalidité, est envisageable dans le développement du
projet compte tenu du souhait des populations. Pendant longtemps et malgré l'existence et
la pratique séculaire des tontines qui sont en réalité
une anticipation sur les contingences sociales, les mentalités
africaines, et particulièrement celles du Bénin ont considéré
(certaines continuent) que les maladies ne sont que le résultat
d'un maléfice dont les causes et les conséquences sont difficilement
maîtrisables: ceci engendre un fatalisme et une stratégie
d'évitement qui empêchent même d'évoquer une
maladie et d'anticiper sur sa survenance. Dans les différentes études faites ces
dernières années au Bénin notamment celles de la
Banque mondiale sur le financement des soins de santé en Afrique
subsahérienne (Shaw et Griffin, 1995), de la Coopération
allemande (Djigbènondé, 1995) et du BIT (Gauthé,
1996) montrent bien à la fois l'urgence et les avantages d'un système
de sécurité sociale pour le secteur informel. Le premier
avantage est la possibilité de bénéficier au moment
opportun des soins de santé sans être obligé de payer
à l'acte. Une bonne partie des populations cibles éprouve
en effet beaucoup de difficultés à trouver l'argent au moment
de la maladie ou de l'accident, au risque d'un endettement ou de soins
partiels. Le deuxième avantage non moins intéressant est
la possibilité d'obtenir des réductions sur le coût
des prestations si l'on est dans un groupe où les intérêts
sont défendus collectivement. La fréquentation d'un centre
de santé par un groupe ou une association peut favoriser une économie
d'échelle et induire une diminution du coût des prestations.
Cette recherche des coûts bas pour les soins
de santé s'inscrit dans une large mesure comme une conséquence
de l'ajustement structurel actuellement en cours en Afrique mais surtout
des effets de la dévaluation du franc cfa. Dans une étude
de l'INSAE (Institut national de statistique et de l'analyse économique)
et du PNUD (INSAE, 1995), il a été révélé
que les ménages qui étaient au nombre de 69% à déclarer
avoir réduit leurs dépenses de santé en septembre
1994, sont passés à 83% en mars 1995. C'est à Cotonou
que cette proportion est la plus forte (94%), alors qu'à Parakou
elle est de 76%. La même étude montre que si les ménages
prévoient aussi de fréquenter plus souvent les centres de
santé parce que les coûts sont bas, ils sont encore plus
nombreux à vouloir réduire les consultations privées.
Et ils sont près de la moitié à avoir décidé
de ne plus acheter en pharmacie les médicaments prescrits, ce qui
signifie qu'ils les achèteront au détail sur le marché.
Ceci est un pas vers l'automédication, comportement que l'on doit
considérer comme inquiétant. Sans aucun doute, l'édification
d'une sécurité sociale pour les populations du secteur informel
contribuera à réduire ces risques. C'est aussi l'un des
avantages du projet. Un dernier avantage est celui d'éviter, avec
ce système de sécurité sociale, le drame que constitue
le paiement à l'acte pour les femmes sur le point d'accoucher.
Concernant le Projet sur la sécurité
sociale du secteur informel, trois options paraissent envisageables pour
la mise sur pied de l'expérimentation (van Ginneken, 1996):
Ces trois options peuvent se réaliser dans la
même région ou zone géographique. Cette étude
a donc pour but d'évaluer comment et sous quelles conditions peuvent
se mettre en place, dans des zones pilotes déterminées,
une sécurité sociale de base pour tous.
2.1 Les programmes spécialement conçus
pour le secteur informel En 1980, une étude avait été
menée par les services de l'Office Béninois de Sécurité
Sociale (OBSS, 1996) en vue de l'extension de son système au monde
rural. Les structures d'expérimentation retenues pour le projet
étaient les coopératives de type agricole créées
et organisées par les Centres d'action pour le développement
rural (CADER). Mais ces structures coopératives n'ont pas fait
long feu en raison de difficultés financières liées
à leur gestion. Dès lors, le projet d'extension de la sécurité
sociale au monde rural s'est estompé. Aujourd'hui, devant les difficultés socio-économiques que vit la plus grande frange de la population nationale, il est urgent de réfléchir
à la création d'un système de base de sécurité
sociale pour toute la population, système qui permet d'assurer
toute la population sans que l'appartenance à une catégorie
professionnelle constitue absolument le critère d'assujettissement
(OBSS, 1996). La viabilité d'un tel système requiert
une organisation particulière qui intègre les collectivités
locales, les coopératives, les associations, les syndicats, les
entreprises, les individus eux-mêmes, fondée financièrement
sur les cotisations, et qui couvrirait les soins de santé. 2.2 L'assistance sociale Dans le secteur formel, les groupes vulnérables
sont pris en charge au Bénin par plusieurs structures publiques
et des ONG nationales et internationales à travers des programmes
ciblés sur ces groupes. La Direction des affaires sociales
(DAS) a installé sur toute l'étendue du territoire national
des centres de promotion sociale (88 d'entre eux sont actuellement fonctionnels)
et des centres d'actions sociales dans les principaux centres hospitaliers
et scolaires et mêmes judiciaires. Mais, par faute de moyens,
cette assistance sociale est très limitée, pour ne pas dire
inexistante. Quant aux ONG, c'est dans le domaine de l'intégration
sociale que leurs actions sont les plus évidentes et les plus efficientes.
Il existe plusieurs organisations dont le combat contre l'exclusion sociale
est très remarquable et qu'il convient de signaler. C'est le cas
notamment des organisations religieuses qui jouent aujourd'hui les premiers
rôles en matière de protection et d'intégration des
groupes marginalisés dans les villes et les campagnes. Ces organisations
interviennent dans les domaines de la santé, de l'éducation,
de la nutrition et même de l'assistance financière et matérielle.
Leur action s'est accrue avec la dévaluation du franc CFA. A Pahou, site du Centre régional pour le développement
et la santé (CREDESA), les critères d'indigence sont définis
par les populations locales. Cette collaboration a un double avantage:
elle permet de désigner ceux qui sont réellement indigents
malgré les stigmates sociaux reliés à ce statut,
mais aussi elle facilite le contrôle de l'indigent lors d'un changement
de situation économique de ce dernier. La pression sociale aide
l'individu déclaré indigent à ne pas s'installer
dans cette situation. Au CREDESA, les populations capables de contribuer
à un fonds de sécurité sociale acceptent facilement
l'idée que ces indigents puissent bénéficier gratuitement
des prestations. Un autre exemple est celui de la Maternité
Lagune de Cotonou. Devant les difficultés quotidiennes de l'administration
de la maternité au sujet des femmes sur le point d'accoucher et
n'ayant aucun moyen de payer les médicaments de première
nécessité, le Directeur de la maternité a ouvert
un cahier de dons. Ces dons provenant de gens plus aisés sont consignés
dans un fichier avec le nom de la bénéficiaire et les médicaments
administrés à cette dernière. C'est là une
forme d'assistance informelle. Cependant, plusieurs contraintes empêchent la mise sur pied d'une véritable politique d'assistance sociale pour les groupes marginalisés:
2.3 L'assurance sociale pour le secteur formel
Le système de protection sociale en vigueur
au Bénin et couvrant l'assurance sociale dans le secteur formel
est composé d'un régime général géré
par L'Office béninois de sécurité sociale et d'un
régime spécial destiné aux fonctionnaires civils
et militaires. Le Régime général de l'Office
béninois de sécurité sociale s'applique aux salariés
du secteur privé, aux travailleurs des collectivités locales
et au personnel de droit privé soumis au Code du travail. Il couvre
six des neuf branches définies par la Convention n 102 de l'Organisation
internationale du Travail (OIT) à l'exception de l'assurance chômage,
de l'assurance maladie et des indemnités de maladie. Ce sont: les
prestations de vieillesse, les prestations d'invalidité, les prestations
de survivants, les prestations aux familles, les prestations de maternité,
les prestations de risques professionnels. Ces prestations sont financées
pour la plupart par des cotisations versées par les employeurs
et les assurés eux-mêmes. Un lien de réciprocité
existe entre lesdites cotisations et les prestations. Quant au régime des fonctionnaires géré
par l'Etat, il s'applique aux travailleurs civils et militaires recrutés
dans un des corps réguliers de la fonction publique ou de l'armée.
Il est financé par les ressources publiques de l'Etat et couvre
effectivement les allocations familiales et les pensions. Les
branches d'assurance-maladie et de la réparation des risques professionnels
existent pour les fonctionnaires où ces derniers assument
20 pour cent des coûts de soins de santé, à l'exception
des frais pharmaceutiques. Les deux systèmes ne couvrent
donc qu'une partie infime de la population, 10 pour cent environ.
Cet état de chose est lié au caractère désarticulé
de l'économie nationale caractérisée par une prépondérance
du secteur informel. Cependant les bases structurelles et législatives
d'une véritable sécurité sociale de base existent
au Bénin. Ce qui reste à faire, c'est l'extension du système
au secteur non structuré composé des paysans, des artisans,
des commerçants et autres indépendants; ces composantes
de la population sont tout aussi exposées que celles du secteur
structuré aux risques sociaux indemnisés par l'OBSS. 3.1 Description des zones Les projets pilotes ont pour but d'expérimenter
la sécurité sociale de base, en particulier pour le secteur
informel. Trois zones ont été retenues comme sites des projets
pilotes: Cotonou, Pahou, Parakou. Cotonou La population très hétérogène
de Cotonou empêche l'utilisation d'une approche de zone. Le choix
de Cotonou s'imposait compte tenu de sa dimension économique et
sociale (capitale économique et forte densité) mais aussi
de la dynamique du secteur informel. Une enquête préliminaire a permis d'identifier
quelques groupes avec lesquels le projet pourrait fonctionner, comme le
Syndicat national des pêcheurs, agriculteurs, éleveurs, artisans,
vendeurs des marchés et assimilés du Bénin (SYNAPAAB),
qui comprend approximativement 152.000 membres, dont
à peu près 50 pour cent de femmes, sur tout le territoire
national. Affilié à l'Union nationale des syndicats des
travailleurs du Bénin (UNSTB), le SYNAPAAB se révèle
très dynamique dans le secteur informel avec un degré d'organisation
supérieur aux autres groupes. De plus, ce syndicat prend de nombreuses initiatives dans le domaine des soins de santé et crédits. C'est ainsi que les droits d'adhésion
de 1 000 FCFA (2 $) et la part sociale de 2 000 FCFA (4 $) sont obligatoires
pour tout membre. Une cotisation de 100 F cfa par mois est fixée
pour les soins de santé, et un compte bancaire est ouvert au nom
de l'association. Le 2 septembre 1996, les agriculteurs, pêcheurs,
éleveurs, artisans, vendeurs, vendeuses et assimilés du
Bénin regroupés au sein du SYNAPAAB, ont créé
une association pour le développement de leur bien-être.
Dénommée "Association nationale de crédits épargnes
pour le développement des paysans, artisans, agriculteurs, éleveurs
et pêcheurs (ANCED), elle a pour objectifs immédiats:
Ce syndicat possède une réelle capacité
d'organisation, de mobilisation et de gestion. Le dynamisme des principaux
responsables et leur charisme constituent des gages d'efficacité
et d'efficience tout au moins à court terme. Un autre syndicat capable de contribuer à la
phase expérimentale est le Syndicat national des travailleurs des
imprimeries du Bénin (SYNTRA-IPB). Avec
ses 2 000 membres ayant des revenus stables, cette catégorie
nous permettra d'expérimenter le prélèvement automatique
des cotisations sur les salaires. Cette option est le choix clairement
indiqué par les principaux responsables de ce syndicat. Les modalités
de cette option seront définies avec l'accord des patrons. A ce propos des contacts préliminaires avec
l'Organisation nationale des employeurs du Bénin
(ONEB) ont permis de constater une forte sensibilisation des employeurs
quant à l'édification d'une mutuelle de santé. La
création d'un centre de santé et d'une mutuelle de santé
sont des perspectives envisagées par les employeurs. L'adhésion
du syndicat des employeurs est une garantie supplémentaire et un
élément facilitateur dans les schémas possibles qu'envisage
le projet. Il faut noter que la participation des femmes dans ces différents syndicats est assez importante. C'est dans ce sens que nous comptons intégrer dans le projet pilote à Cotonou l'Union des femmes méthodistes du Bénin, qui est l'une des associations les plus dynamiques sur le territoire, avec une couverture nationale soutenue par des réseaux fiables quant à la gestion de l'association et efficace quand il s'agit de mobiliser
et de sensibiliser les membres. Créée depuis
1958, l'UFMB a obtenu le statut d'Organisation
non gouvernementale (ONG) compte tenu de son engagement à promouvoir
le développement de la femme et de la famille. L'un des
objectifs de l'UFMB est d'amener chaque groupe de femmes à
s'autofinancer et s'autogérer en procédant par:
Il existe déjà une entraide entre les
femmes quant aux coûts des soins de santé (tontines pour
aider les femmes malades). L'UFMB a en son sein des groupements
(40) qui fonctionnent à travers tout le pays. Pahou Le choix de Pahou est la conséquence de l'existence
d'un Centre régional pour le développement et la santé
dont les performances et les initiatives sont reconnues positives par
l'ensemble de la population locale et par les ONG et les organisations
internationales. Donc, la plupart des conditions requises se trouvent
réunies dans cette commune rurale qui est à 40 km de Cotonou
et d'accès facile. Comme le soulignait le Professeur Alihonou,
directeur du CREDESA (Centre régional pour le développement
et la santé), les populations se sont déjà organisées
pour mener différentes actions (construction d'une maternité
financée par les populations elles mêmes). En réalité, depuis 1983, avec
une communauté de 70 000 habitants (Pahou, Ouidah et autres
communes) une expérience de promotion
des soins de santé a été organisée. Des
activités sanitaires, on est passé à des activités
de développement à savoir l'encadrement des paysans, l'éducation
des adultes, la scolarisation des enfants et des jeunes, la création
des banques communautaires, etc. Tout ceci s'appuie sur la participation
des communautés à la prise de conscience de leurs problèmes,
à la réalisation des solutions et à l'éducation
à l'utilisation de leur revenu. Il s'agit en fait d'une approche de développement
intégrée à la base impliquant un ensemble d'actions
liées à la promotion de la santé. Ces actions sont
entreprises par une équipe multidisciplinaire (médecins,
agronomes, sociologues, économistes) avec la participation
effective des communautés. Ainsi l'expérience du
Projet de développement sanitaire de Pahou (PDSP), devenu en 1989
"Centre régional pour le développement et la santé"
est celle d'une décennie de gestion pragmatique de projet de développement
(CREDESA, 1993), soutenue par le ministère de la Santé.
Les résultats sont éloquents: dans cette
communauté, la couverture vaccinale est passée de 11% en
1985 à 90% en 1987, et se maintient à ce taux; les taux
de mortalité infantile sont passés de 110 pour mille à
30 pour mille, et dans les zones couvertes les centres de santé
ont progressivement pris charge de la plupart des interventions essentielles
des soins de santé primaires. Pour ce qui est du projet de sécurité
sociale, le CREDESA est tout à fait désigné
pour une expérimentation d'approche
rurale, compte tenu de son niveau d'organisation et de la compétence
de l'équipe multidisciplinaire soutenue par une longue expérience.
Selon le Bulletin d'information du CREDESA dans les enquêtes
préliminaires pour la tarification des soins et le mode de leur
financement, les populations avaient, dans un premier temps, rejeté
l'idée d'assurance-maladie (500 F cfa/an/tête soit 1$) émise
par l'équipe du projet au profit du paiement à l'acte. Aujourd'hui
la tendance est inverse, dans la mesure où ce sont les populations
elles-mêmes qui réclament cette assurance-maladie.
Ce changement s'explique par les difficultés que rencontrent les
populations, par la capacité actuelle de cotisation consécutive
aux activités génératrices de revenus et par le travail
de sensibilisation mené par l'équipe multidisciplinaire.
C'est dire que les besoins sont réels et l'opportunité
d'un projet de sécurité sociale n'est plus à démontrer.
Sa justification se trouve aussi dans le rapport entre la capacité
des infrastructures du CREDESA et l'utilisation qui en est faite par les
populations. Cependant, une augmentation de l'utilisation a été
observée, consécutive à la création des banques
communautaires. En réalité, les crédits accordés
par les banques communautaires permettent de créer des activités
génératrices de revenus, facilitant ainsi le paiement des
prestations par les populations. Il est clair que la création d'une
mutuelle de santé augmenterait considérablement le taux
d'utilisation du centre de santé. Parakou Etant l'une des villes moyennes du Bénin, le
choix de Parakou s'explique par sa particularité de ville très
proche du village. Parakou n'est ni complètement une ville ni complètement
un village. Ceci est intéressant pour un projet qui a l'ambition
de se développer à la fois dans les grandes villes du Bénin
mais aussi dans les villages. Parakou sera un laboratoire à l'image
du pays où la rupture entre ville et village paraît à
certains endroits floue et à d'autres brutale. Un autre paramètre
qui milite en faveur du choix de Parakou est le développement du
secteur informel et l'existence de plusieurs coopératives et ONG.
L'exemple de la Coopérative Béninoise
de Matériel Agricole (COBEMAG) qui a son siège
à Parakou est l'un des plus édifiants dans le département.
Créée en 1974, avec 725 membres au Bénin dont 70
à Parakou, cette petite coopérative fait preuve de vitalité
et de pragmatisme, fruits d'un partenariat efficace entre les artisans,
les caisses locales de crédit agricole mutuel et les bailleurs
de fonds. L'existence d'une mutuelle de crédit soutenue
par la Caisse Locale de Crédit Agricole mutuel (CLCAM) est l'une
des initiatives positives à mettre à l'actif de cette coopérative.
La mise en place d'une sécurité sociale sera relativement
facile à réaliser compte tenu de la disponibilité
et de la sensibilisation de ces petites mais nombreuses coopératives
(plus de 100). 3.2 Organisation et structures administratives
dans les zones Dans nos différentes enquêtes socioculturelles
dans les zones pour déterminer les structures organisationnelles
possibles pour recouvrer les primes et administrer un système d'assurance,
la volonté clairement exprimée des populations cibles est
d'avoir une gestion locale dans laquelle sont impliquées les populations.
Les syndicats, associations et coopératives que le projet envisage
d'impliquer dans la gestion et l'administration du système, ont
fait la preuve de leur capacité à gérer un groupe
et à collecter des cotisations. Cependant, plusieurs syndicats et associations ont évoqué la CLCAM et le COGEC (Comité de gestion de centre de santé) comme possibles structures administratives capables de collecter les cotisations et de gérer les prestations. Dès lors, ces structures feront partie du schéma que nous comptons appliquer dans les projets pilotes
et ensuite à travers tout le pays. La CLCAM est une émanation de la FECECAM
(Fédération des caisses d'épargne et crédit
agricole mutuel du Bénin ). La FECECAM Bénin c'est donc:
La FECECAM opère avec un réseau à
3 niveaux. Dans les communes et les sous- préfectures la CLCAM
collecte l'épargne locale et accorde des prêts à ses
sociétaires. Au niveau départemental, l'URCLCAM (Union régionale
de CLCAM) définit la politique régionale des CLCAM, gère
leurs excédents de trésorerie, appui et contrôle leurs
activités. Au niveau national, la FECECAM définit la politique
nationale du réseau, coordonne, appuie et contrôle les activités
des CLCAM et des URCLCAM. Quant aux Comités de gestion des formations
sanitaires (COGES) ils sont le résultat de la nécessité
de faire participer pleinement la communauté à la gestion
des centres de santé. COGEC pour la structure centrale
et communale et COGES pour les centres de santé de sous-préfecture,
circonscription urbaine. Le comité de gestion
de la commune (COGEC) assure la promotion et le développement de
la participation communautaire aux activités de santé.
Il participe à la gestion de la formation sanitaire. Comme le soulignait à juste titre le Directeur
de la Maternité Lagune de Cotonou, les comités de gestion
peuvent servir de tremplin pour réaliser une mutuelle de santé.
Dans la même perspective on peut se servir des Unités communautaires
de développement (UCD) citées par le ministre du Plan M.
A. Tévoédjè dans son programme national de l'emploi
au Bénin (Phase 1, 1996), pour renforcer l'équipe de contrôle
et de vulgarisation du schéma appliqué. De même l'implication dans le projet
des 482 centres de santé du Bénin est nécessaire.
Un protocole d'accord avec ces centres permettra de bien définir
les soins et les coûts. La grande majorité des populations
concernées fréquente ces centres
qui sont à proximité de
leurs domiciles, contrairement aux grands hôpitaux. A Cotonou, les centres qui sont fréquemment
cités et qui ont le label de qualité sont:
Tous ces centres sont confessionnels. Le centre le
plus fréquenté de Pahou est le CREDESA. A la lumière de toutes ces informations de
terrain et compte tenu des réponses et des observations faites
par les associations, les syndicats, les responsables des centres de santé,
et les caisses locales de crédit, on peut esquisser des schémas
possibles de sécurité sociale pour le secteur informel et
déterminer concrètement le travail à faire sur le
terrain dès les premiers mois du projet. On peut déjà estimer pour un modèle
possible, que les cotisations soient collectées toutes les semaines,
tous les mois, voire tous les ans selon le choix du groupe, par un responsable
désigné par les membres. Ces cotisations seront
directement versées à la CLCAM. Un accord ayant
été au préalable signé avec les centres de
santé choisis par les adhérents et dont la gestion paraît
viable, les soins seront dispensés par
ces centres habilités. Ces centres de santé auront
une liste régulièrement mise à jour (naissance, décès,
annulation de contrat) et les bénéficiaires disposeront
d'un passeport avec photo des différents membres de la famille
susceptibles de bénéficier des prestations.
Les centres seront assistés dans le travail de mise à jour
et de contrôle par le COGEC. La facture des prestations sera envoyée
par les centres à la CLCAM qui règlera
le montant. Pour les médicaments, les centres de santé
rédigeront une ordonnance conformément à la liste
des médicaments génériques établis
pour chaque type de maladie. Le patient sera dirigé
vers l'une des pharmacies choisies par le comité de gestion, l'assuré
devra alors acquitter une somme symbolique au titre du ticket
modérateur ( pour empêcher les abus ) et la pharmacie
ne doit faire aucun crédit sur ce ticket modérateur.
Bien entendu, la facture des médicaments utilisés par les
assurés sera envoyée à la CLCAM. Ce schéma
peut être appliqué aux trois zones du projet. En supposant que ce schéma ait été
retenu, une étude actuarielle se chargera alors dans les premiers
mois du projet, de s'assurer de la viabilité du schéma retenu
en fonction du niveau de cotisation des membres. Si la capacité de cotisation des populations
cibles est réelle, le montant des cotisations n'est cependant
pas clairement défini, variant entre 1 000 FCFA (2 $) par an et
2 000 FCFA (4 $). Il conviendra d'harmoniser ce montant en fonction des
bénéficiaires, de la composition du foyer etc. Ces critères
seront définis dès le début du projet. 3.3 Le rôle de l'assistance sociale
La place de l'assistance sociale dans ce projet est
aussi à définir. Il ressort de nos investigations sur l'assistance
sociale à apporter aux personnes défavorisées les
conclusions suivantes:
3.4 Le rôle de l'assurance sociale formelle
Concernant le rôle de l'assurance sociale formelle,
des tentatives ont été faites par l'OBSS pour intégrer
le secteur informel dans les régimes proposés par cet organisme
mais sans succès, faute de moyens d'investigation. Lors du séminaire
sur la sécurité sociale en Afrique francophone à
Abidjan au mois d'octobre 1996, les représentants de l'OBSS ont
manifesté leur volonté de participer à la mise en
place de la nouvelle protection sociale pour le secteur informel. Mais
l'encouragement de l'OBSS et de son ministère de tutelle dans la
création des systèmes pilotes, ne doit pas faire oublier
la crainte des populations de voir l'Etat trop impliqué dans la
gestion. Les règles du jeu seront cependant encadrées
juridiquement par l'Etat avec, dans la mesure du possible, par la suite
son appui technique (OBSS). En somme, nous recommandons que l'Etat évite
de contrôler l'administration du système et d'en garantir
de quelque façon que ce soit la viabilité financière,
afin de diminuer les facteurs d'inefficacité et les subventions
coûteuses que cela impliquerait. Mais les résultats de ces expériences
pilotes serviront sans aucun doute au système étatique de
protection sociale dans son ambition d'élargir le système
formel à d'autres catégories de travailleurs. C'est du moins
la perception que nous avons eu dans les différents entretiens
avec les autorités béninoises. 3.5 L'extension et la réplicabilité
des projets pilotes Après une longue période de crise politique
et une dévitalisation de l'Etat, le Bénin est résolument
engagé sur le chemin de la démocratie, servant même
de modèle aux autres pays africains. L'engagement des bailleurs
de fonds dans les programmes de développement témoigne d'une
vitalité retrouvée. Les rencontres avec les différentes autorités
politiques, syndicales et associatives montrent une réelle volonté
de contribuer à la réalisation du Projet. Il faut dire que
ce Projet coïncide avec le programme national et les ambitions du
nouveau gouvernement, mais répond surtout aux attentes des populations.
Pour le ministère de la Santé, l'objectif premier reste
l'accessibilité des populations aux soins de santé. Dans
ce domaine, une politique de diminution du coût des soins de santé
a été ou sera adoptée par le biais des centres de
santé. Le rôle des organisations Dans les trois zones identifiées pour l'expérimentation,
on peut estimer à 10 000 les adhérents dès la première
année du projet. La réplication du schéma pourrait
se faire rapidement, compte tenu de la structure d'organisation nationale
des principaux groupes impliqués. Donc, au fur et à mesure
de l'avancement du projet, de nouveaux groupes intégreront le système.
Le rôle des communes et du gouvernement Dans la région de Pahou, on procédera
par commune à l'extension de la couverture du projet pilote, avec
l'appui des comités de santé et les organes de participation
traditionnels existants. Ces organes sont:
Au niveau de la commune
Tous ces organes sont autant de courroies de transmission
de l'information et de sensibilisation nécessaires dans l'extension
et la réplication. La même stratégie sera utilisée
pour l'extension à partir de Parakou, après l'intégration
des différentes coopératives. A priori, les groupes qui seront ciblés au
cours de la phase d'expérimentation seront les travailleurs réguliers
non couverts du secteur informel et les travailleurs indépendants.
Ensuite, certaines catégories du secteur informel pourront être
intégrées, comme les travailleurs à mi-temps, en
fonction de leur capacité de cotisation. L'adhésion individuelle
n'est pas souhaitable, parce que la réussite et la viabilité
du projet repose pour l'essentiel sur la pression sociale et la discipline
indispensable au bon fonctionnement d'un groupe. Lorsque survient un litige
ou un abus quelconque des prestations, le groupe pourrait influencer positivement
l'individu et prendre des dispositions adéquates. Collaboration des partenaires de la sécurité sociale Toujours dans le cadre de l'extension du projet, l'accord et l'avis positif de l'Organisation nationale des employeurs (ONEB) ayant été acquis, l'implication des patrons et par ricochet l'adhésion des employés de sociétés, s'inscriront dans les perspectives, mais toujours dans une option par groupe d'individus, par société etc.
Comme l'exprimait l'un des responsables patronaux,
la coopération et l'investissement des employeurs seront d'autant
plus efficaces que le système proposé serait simple et sans
tracasseries administratives. La structure éclatée et décentralisée
que suggère ce projet répond parfaitement au souhait des
patrons, et s'inscrit résolument dans la nouvelle stratégie
de développement intégrée à la base que réclament
les groupes bénéficiaires et qu'approuvent les ONG. Pour les autorités centrales (ministère
du Travail, ministère du Plan, ministère de la Santé)
et les responsables locaux dans les zones d'expérimentation, ce
projet est opportun et applicable, mais leur crainte est qu'il s'arrête
à cette étude, tant les besoins sont réels et urgents.
Il s'agira dès lors, avec le concours des partenaires sociaux,
des ONG et des compagnies d'assurance, de systématiser les résultats
obtenus dans les différentes expériences du projet, pour
ensuite les expliquer et les vulgariser. C'est dans cette perspective qu'il est urgent d'insister
sur la formation des différents partenaires de la sécurité
sociale dès le début des expériences pilotes pour
renforcer les politiques dans le secteur informel, certes hésitantes,
mais suffisamment bien inspirées pour accompagner les initiatives
de développement social. Références CREDESA. 1995. Bulletin d'informations du Centre Régional pour le Développement et la Santé. N 001 et N 003. (Cotonou) Djigbènondé, O. 1995 Projet bénino-allemand de soins de santé primaires. (Cotonou, GTZ) Gauthé, B. 1996. Étude sur les soins de santé en Afrique francophone. (Genève, BIT; document de travail, Département de la Sécurité Sociale). van Ginneken, W. 1996. Social security for the informal sector: Issues and option and tasks ahead. Genève, BIT; working paper for the Interdepartment Projet on the urban informal sector. INSAE / PNUD. 1995. La capacité d'adaptation des ménages béninois sous ajustement aux effets de la dévaluation du franc CFA. (Cotonou) Ministère du Plan, de la Restructuration Economique et de la Promotion de l'Emploi. 1996. Programme national de l'emploi au Bénin. Phase 1 (Cotonou) Ministère du Travail, de l'Emploi et des Affaires Sociales. 1994. Rapport national sur le Développement social. (Cotonou) Ministère de la Santé. 1996. Statistiques sanitaires année 1995. (Cotonou) OBSS. 1996. Note sur le Régime général de protection sociale et ses perspectives. (Cotonou) Shaw, Paul, and Griffin, Charles, C, 1995. Le financement
des soins de santé en Afrique subsaharienne par la tarification
des services et l'assurance. (Banque Mondiale, Washington D.C.) Annexe 1 Planification des activités
principales du Projet (divisées en trimestres) Annexe 2 Organisations et administrations participantes
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