Etudes rétrospectives de suivi - PARAGUAY

Ce rapport décrit la recherche effectuée au Paraguay suivant la méthodologie des études rétrospectives de suivi. La recherche visait à analyser l'impact survenu dans la vie des enfants, anciens bénéficiaires des programmes d'action mis en œuvre par les projets de l'IPEC, dans les secteurs du travail domestique et l'exploitation sexuelle commerciale.

L’étude a été menée au Paraguay au cours du premier semestre 2011. Elle a pris en compte les programmes d’action mis en place par huit agences d’exécution, partenaires de l’IPEC dans les secteurs du travail domestique et de l’exploitation sexuelle commerciale, entre 2002 et 2007. La recherche a un caractère qualitatif et a été basée sur l’analyse de 24 cas en utilisant comme principales sources les témoignages des anciens bénéficiaires des PA, des membres de la famille et des proches, ainsi que des personnes de référence des PA et des communautés où ils ont été exécutés.

L’objectif principal de cette étude consiste à décrire et expliquer les changements survenus dans les vies de ces anciens bénéficiaires, en identifiant l’influence de ces interventions sur leur situation actuelle. La recherche qualitative tente de fournir une meilleure compréhension des faits à partir de l’identification des différentes situations, des modèles et régularités ainsi que l’influence éventuelle des programmes d’action sur les changements observés.

Un premier aspect important est la prédominance des situations de retrait du travail des enfants et des situations d’exploitation, aussi bien immédiatement, c’est-à-dire au moment de l’application du PA, que de façon progressive. Bien que ces résultats ne soient pas absolus, on peut affirmer que les programmes d'action ont constitué une opportunité pour ces personnes qui ont pu être réorientées vers d’autres formes de travail ne comportant pas d’exploitation, d’acquérir des outils leur permettant de réagir face à ce genre de situation et de reprendre les études ou de consolider leur assiduité scolaire.

D’indiscutables effets bénéfiques concernant la scolarisation ont aussi été observés : la possibilité de reprendre des études qui avaient été abandonnées, régulariser la fréquentation scolaire, consolider le développement scolaire et accéder à des opportunités de formation orientées vers la pratique d’une profession. Pour les cas d’exploitation sexuelle commerciale des enfants (ESCE), qui touchent généralement les enfants les plus défavorisés, les résultats sont moins flagrants que dans les situations de travail domestique des enfants (TDE), ceux-ci concernant surtout des enfants qui bénéficiaient déjà d’une éducation formelle. Les enfants ont parfois pu continuer leurs études au-delà de l’enseignement primaire et secondaire, obtenant une formation technique supérieure, voire même universitaire.

Il est important de signaler que, même si les enfants ne se trouvent plus astreints au travail des enfants et à des conditions d’exploitation, dans un grand nombre de cas il a été impossible d’arriver à obtenir une situation de travail exempte de précarité et représentant une porte de sortie concrète de la pauvreté. C’est un point important parce qu’il définit la principale limitation des programmes d'action: faire face au défi d’éloigner concrètement les enfants des situations d’exploitation et de travail dangereux. Dans les cas étudiés de TDE, il faut souligner que l’insertion dans monde du travail a été effectuée principalement dans des contextes différents au TDE, bien que quelques cas aient été remarqués dans des activités connexes telles que la cuisine. Au contraire, dans les cas d’ESCE, le TDE a souvent été perçu comme un des rares débouchés possibles, notamment par les adolescentes et les jeunes femmes.

La participation aux programmes d'action est considérée dans plusieurs cas comme une étape importante dans la trajectoire de vie des bénéficiaires, leur apportant un espace d’écoute, de contact avec des personnes intéressées par leur bien-être et d’ouverture vers des possibilités qui auparavant n’existaient pas. C’est important car parfois il s’agissait même de la première fois que ces enfants connaissaient un rapport autre que celui de la maltraitance et de l’exploitation. Les programmes d'action ont représenté l’occasion de rompre avec l’idée d’un destin irrémédiable, leur permettant de croire en la possibilité d’un changement dans leur projet de vie.

Il est donc indiscutable que l’intervention des programmes d'action les ait aussi familiarisés avec l’idée de droits et l’association de ces droits à des personnes. Ce qui touche non seulement les droits des anciens bénéficiaires mais aussi les membres de leur famille et leurs proches, qui dans la plupart des cas ont affirmé être d’accord avec l’idée que le travail des enfants est inadmissible et doit être évité. Il faut souligner qu’à part quelques exceptions, ceux qui ont bénéficié des programmes d'action ont déclaré qu’ils ne permettraient pas à leurs propres enfants de travailler dans de telles conditions ou de vivre des situations semblables à celles auxquelles ils ont été exposés. Dans ce sens, les programmes d'action devraient être considérés comme une manière de rompre le cercle vicieux unissant inexorablement la pauvreté au travail des enfants et à leur exploitation, en produisant de nouvelles aspirations et attentes dans la vie de ces personnes.

Enfin, l’étude illustre un aspect positif généré par les programmes d'action dans les secteurs mentionnés, malgré les nombreuses limitations qui sont intervenues.