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La catastrophe du Rana Plaza 10 ans après: Qu'est-ce qui a changé?

La catastrophe du Rana Plaza 10 ans après: Qu'est-ce qui a changé?

Plus de 1 100 personnes – pour la plupart des ouvriers de l'habillement – ont perdu la vie lorsque l'usine du Rana Plaza s'est effondrée dans la banlieue de Dacca, au Bangladesh, le 24 avril 2013. De nombreuses autres personnes ont été blessées et les survivants ont dû faire face à un avenir très incertain.   

Dix ans après la catastrophe, beaucoup de choses ont changé. Aujourd'hui, le secteur est plus sûr et la capacité du gouvernement à contrôler la conformité est bien supérieure. Mais quels sont les défis qui restent à relever?

Des sauveteurs fouillent le Rana Plaza après son effondrement, tandis que les proches des disparus appellent à l'aide (avril 2013). Images actuelles d'usines de confection au Bangladesh.

Le secteur de l'habillement au Bangladesh en un coup d'œil

Le Bangladesh est le deuxième exportateur mondial de vêtements, après la Chine. En 2021-22, le secteur représentait une industrie de 42,6 milliards de dollars US, soit environ 82 % des recettes d'exportation totales du pays.   

Le pays compte environ 4 millions de travailleurs de l'habillement, ce qui représente une part importante de la main-d'œuvre totale du pays qui s'élève à 69 millions de personnes. En 2018, on estimait que 60,5 % des travailleurs de l'habillement étaient des femmes.  

Le travailleur type du secteur de la confection est une femme de 23 ans, migrante interne issue d'une zone rurale, qui vit avec sa famille dans un logement précaire à proximité de son lieu de travail. 

Travailleuses dans une usine de vêtements au Bangladesh, avril 2016. OIT

La sécurité et la santé au travail sont désormais une priorité nationale

Après la catastrophe du Rana Plaza, la priorité a été de s'assurer qu'aucune autre usine de vêtements n'était exposée à un risque d'effondrement similaire.

Les travaux ont commencé fin 2013 pour inspecter la sécurité structurelle, électrique et anti-incendie de toutes les usines de vêtements destinées à l'exportation. Le gouvernement bangladais et le secteur privé ont dirigé l'évaluation de 3 780 usines.  

Le Rana Plaza et les autres accidents industriels dont a été victime le Bangladesh ont mis en évidence la nécessité urgente d'instaurer une culture de la sécurité sur le lieu de travail dans l'industrie de l'habillement du pays et au-delà.   

Au cours des dix dernières années, des progrès notables ont été accomplis, comme la mise en place d'une politique nationale de sécurité et santé au travail (SST) et d'un plan d'action national.

Représentants du gouvernement, des travailleurs et des employeurs lors d'un rassemblement de sensibilisation à l'occasion de la Journée mondiale de la sécurité et de la santé. Dhaka, avril 2019. OIT

La sécurité au travail: Que reste-t-il à faire?

Les efforts déployés pour améliorer la sécurité dans le secteur de l'habillement au Bangladesh ont été très positifs. Toutefois, la sécurité industrielle dans d'autres secteurs reste préoccupante.   

Des accidents mortels tels que la récente explosion de l'usine d'oxygène de Seema en mars 2023 ont mis en évidence la nécessité d'améliorer la sécurité, l'application et le respect des règles dans toutes les industries afin d'égaler les progrès réalisés dans le secteur de l'habillement.   

Il reste encore beaucoup à faire pour s'assurer que les normes de sécurité et de santé au travail, les lignes directrices et les protocoles de signalement des accidents sont compris et appliqués à tous les niveaux. Le renforcement des capacités des comités de sécurité, de l'inspection du travail et des syndicats fera partie de ce processus.

Le droit des travailleurs blessés de bénéficier d'un traitement médical et d'une indemnisation

À la suite de la catastrophe du Rana Plaza, un effort majeur impliquant l'OIT (en tant que partie neutre), les syndicats nationaux et internationaux, les employeurs et les associations industrielles, les marques et les détaillants, les ONG, les partenaires de développement et le gouvernement du Bangladesh, a permis de verser des indemnités aux membres des familles des victimes et aux travailleurs blessés.

En octobre 2015, les paiements étaient finalisés, avec plus de 34 millions de dollars déboursés.

En juin 2022, le gouvernement a lancé un programme pilote qui fournit une compensation sous forme d'un revenu mensuel aux travailleurs de l'habillement souffrant d'une invalidité permanente ou aux parents qualifiés des personnes décédées à la suite d'accidents liés au travail ou de maladies professionnelles dans l'industrie de l'habillement. Ce programme a bénéficié du soutien technique de l'OIT et de l'agence de coopération allemande GIZ.

Assurance et indemnisation: Que reste-t-il à faire?

Le lancement du régime pilote d'assurance contre les accidents du travail est une réalisation majeure et un héritage positif de la catastrophe du Rana Plaza. Pour être efficace, il doit être pleinement soutenu par le gouvernement, les employeurs et les syndicats, et son administration et son fonctionnement doivent être transparents.  

S'il s'avère être un succès, il conduira à l'introduction d'un régime légal permanent d'assurance contre les accidents du travail au Bangladesh, qui pourra être étendu de l'industrie du prêt-à-porter à d'autres secteurs économiques.  

Amélioration de la législation et renforcement des capacités d'inspection de la sécurité sur le lieu de travail

Au cours des dix dernières années, un certain nombre de modifications apportées à la législation nationale ont eu un impact positif sur la sécurité des lieux de travail et les droits des travailleurs.   

Avec l'incendie de Tazreen Fashions survenu un an plus tôt, l'effondrement du Rana Plaza a mis en évidence le manque de capacité adéquate pour superviser la sécurité industrielle.  

En réponse, le gouvernement a lancé une réforme majeure du Département de l’inspection des usines et des établissements (DIFE) afin de le doter d'un budget, d'un statut et d'un personnel plus importants. En collaboration avec l'OIT et d'autres partenaires, le gouvernement s'est également engagé dans une démarche ambitieuse visant à renforcer de manière significative ses mécanismes de planification et de fonctionnement.  

Alors que les efforts de renforcement de la capacité réglementaire se poursuivent, des progrès ont été réalisés et le service d'inspection est plus efficace, plus crédible et plus responsable.

Un agent de sécurité inspecte un panneau électrique lors d'une visite de fonctionnaires de la DIFE, Dhaka, novembre 2021. OIT

Lois et inspections: Que reste-t-il à faire?

Malgré des améliorations, plusieurs dispositions du droit du travail ne sont pas encore alignées sur les normes internationales du travail, comme l'a souligné une plainte déposée auprès de l'OIT en 2019.  

Le gouvernement a élaboré un plan d'action national qui prévoit une nouvelle réforme du droit du travail. Le plan comprend également des mesures pour un meilleur traitement des plaintes des travailleurs, la poursuite du renforcement des capacités de l'inspection du travail – y compris le recrutement de plus d'inspecteurs du travail – et la transition effective du travail de sécurité des usines à l'unité de sécurité industrielle. 

Améliorer les droits du travail

La catastrophe du Rana Plaza a mis en évidence la nécessité de respecter les droits du travail et de renforcer le dialogue social entre le gouvernement, les employeurs et les syndicats. Si des progrès ont été accomplis au cours de la dernière décennie, le chemin n'a pas toujours été facile.   

La loi sur le travail au Bangladesh a été modifiée en 2013 pour simplifier les procédures de création de syndicats, ce qui a entraîné une forte augmentation de leur nombre. Au 28 février 2023, environ 1 201 syndicats étaient enregistrés dans le secteur de l'habillement; 97 % d'entre eux sont actifs.  

Le dialogue social a également été facilité par la formation d'un Conseil consultatif tripartite (CCT) national et d'un CCT pour le secteur du textile et de l'habillement. Ces deux organes, au sein desquels les membres du gouvernement, les employeurs et les travailleurs discutent d'un large éventail de questions, ont contribué à favoriser des relations industrielles harmonieuses et une croissance durable. 

Pushpa Rani Shaha fait un signe de victoire à ses collègues qui l'ont récemment élue au comité de participation de l'usine, février 2018. OIT

Droits du travail: Que reste-t-il à faire?

Malgré la forte augmentation du nombre de syndicats, les travailleurs sont toujours confrontés à de nombreux problèmes concernant leur création, la discrimination antisyndicale, les pratiques de travail déloyales et la violence.

Cette situation a conduit à l'adoption de procédures opérationnelles normalisées pour la création des syndicats, ainsi que pour la recherche et la prise en charge des cas de pratiques de travail déloyales et de discrimination antisyndicale.  

Le plan d'action national pour le secteur du travail élaboré suite à la plainte de l'OIT de 2019, de même que la feuille de route correspondante, comprennent des mesures visant à rendre le droit du travail au Bangladesh conforme aux normes de l'OIT sur la liberté d'association et la négociation collective.  

L'OIT continue de travailler avec le gouvernement, les employeurs et les travailleurs pour aider à mettre en œuvre ce Plan d'action national et s'attaquer aux problèmes mentionnés ci-dessus. 

Faire la différence au niveau des usines

Better Work Bangladesh a été lancé en 2014 pour aider à créer une industrie de l'habillement plus compétitive qui offre des emplois décents et de meilleures conditions de travail aux travailleurs, et qui favorise les bonnes affaires pour les usines et les marques. Ces objectifs contribuent au développement économique du pays.  

Au Bangladesh, Better Work a aidé les usines de confection à améliorer régulièrement leur conformité aux normes fondamentales du travail de l'OIT et à la législation nationale, notamment en ce qui concerne la rémunération, les contrats, l'intégration des femmes, la santé et la sécurité au travail, et le temps de travail.   

Les usines bangladaises affiliées à Better Work continuent de faire preuve d'un meilleur dialogue entre les travailleurs et la direction, de systèmes de gestion plus efficaces et d'un engagement renforcé en faveur de la formation du personnel.  

Travailleurs dans une usine affiliée à Better Work au Bangladesh. Au Bangladesh, de plus en plus de femmes passent de la chaîne de couture à des postes de supervision. Février 2018 © OIT

Les défis à relever

Depuis l'effondrement du Rana Plaza, de nombreux progrès ont été accomplis pour améliorer la sécurité et les droits dans le secteur de l'habillement. Cependant, il reste encore beaucoup à faire. Les principales priorités de l'OIT sont les suivantes: 

  • Poursuivre la réforme de la législation du travail en l'alignant sur les normes internationales du travail.   
  • S'appuyer sur les bonnes pratiques, les enseignements tirés et les progrès réalisés dans l'industrie du prêt-à-porter pour améliorer la sécurité industrielle dans d'autres secteurs prioritaires, par exemple en planifiant de manière stratégique la conformité des inspections du travail.  
  • Renforcer le respect des droits du travail dans un environnement où les syndicats peuvent agir librement et sans harcèlement, et où le dialogue social entre le gouvernement, les employeurs et les syndicats se renforce.  
  • Un meilleur accès à la protection sociale pour les travailleurs et travailleuses bangladais, dans tous les secteurs économiques.  

L'OIT continuera à travailler avec le gouvernement, les employeurs, les syndicats, les marques et les détaillants, la société civile et les partenaires du développement pour s'appuyer sur les réalisations collectives et créer des lieux de travail qui offrent un travail décent pour tous.   

En savoir plus

Des ouvrières arrangent le tissu dans la section de coupe d'une usine de vêtements, Dhaka. 10/2022. OIT

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