105e Conférence internationale du Travail

Guy Ryder: «L’OIT ouvre la voie à la promotion du travail décent dans les chaînes d'approvisionnement mondiales, dans la transition vers la paix et la résilience et dans l’éradication de la pauvreté d’ici à 2030»

Le parlement mondial du travail ouvre la voie d’une mobilisation mondiale pour façonner l’avenir du travail.

Communiqué de presse | 10 juin 2016
GENÈVE (OIT Info) – La 105e Conférence internationale du Travail (CIT) s’est achevée après deux semaines de délibérations sur les principaux enjeux du monde du travail, notamment le travail décent dans les chaînes d’approvisionnement mondiales, l’emploi pour la transition vers la paix, les questions du travail maritime et les droits fondamentaux au travail.

«Nous avons élaboré les mesures à prendre pour garantir qu’une meilleure organisation de la production dans les chaînes d’approvisionnement mondiales contribuerait à la promotion du travail décent. Nous avons commencé à définir comment le travail décent pouvait et devait contribuer à la paix et à la stabilité après un conflit, une crise ou une catastrophe», a déclaré le Directeur général de l’OIT, Guy Ryder, dans son allocution de clôture de la CIT.

Il a ajouté que la Conférence avait fixé un cap pour guider les Etats Membres et leurs partenaires sociaux dans l’application des conventions ratifiées, peaufiné le code du travail maritime mondial et guidé l’OIT pour qu’elle organise ses propres travaux.

«Et, comme si tout cela ne suffisait pas, nous avons ouvert la voie pour reléguer la pauvreté aux oubliettes de l’histoire d’ici à 2030», a-t-il conclu, faisant référence à son rapport à la CIT intitulé «Initiative sur l’éradication de la pauvreté: l’OIT et le Programme 2030».

L’Organisation a reçu d’importants messages de soutien de la part de son pays hôte, la Suisse, et de la Commission européenne. Deux invités d’honneur, Johann Schneider-Ammann, Président de la Confédération helvétique, et Jean-Claude Juncker, Président de la Commission européenne, ont mis en exergue la place centrale du dialogue social entre gouvernements, employeurs et travailleurs pour façonner l’avenir du travail.

La Conférence a aussi accueilli un Sommet sur le monde du travail. Trois jeunes gens et des invités de marque représentant les gouvernements, les employeurs et les travailleurs ont discuté de l’orientation à donner pour l’avenir du travail pour les jeunes. En préparation de la Journée mondiale contre le travail des enfants, une table ronde de haut niveau a débattu de la question du travail des enfants dans les chaînes de production mondiales.

Enfin, les délégués ont discuté d’un rapport du Directeur général qui attire l’attention du monde entier sur la situation des travailleurs des territoires arabes occupés.

Un nombre record de 5 982 délégués venus des 187 Etats Membres de l’OIT ont participé à la 105e CIT. La Conférence était présidée par Mildred Oliphant, ministre du Travail d’Afrique du Sud.

Commissions de la Conférence

Quatre commissions de la Conférence ont traité des questions sociales d’actualité.

Les chaînes d’approvisionnement mondiales

La Commission sur le travail décent dans les chaînes d’approvisionnement mondiales a mené neuf jours de discussions tripartites intenses pour explorer comment les chaînes d’approvisionnement mondiales peuvent apporter une contribution efficace au travail décent et au développement durable.

La Commission a adopté par consensus une résolution et une série de conclusions orientées vers l’action. Cela confère à l’OIT un mandat clair pour prendre la tête de la mobilisation mondiale en vue de combler les failles de gouvernance dans les chaînes d’approvisionnement aux niveaux sectoriel, national, régional et international.

Les membres de l’OIT ont demandé à l’Organisation de mettre en œuvre un programme d’action dynamique en temps voulu et de convier, sur décision de son Conseil d’administration, une réunion tripartite pour évaluer les défaillances qui aboutissent à des déficits de travail décent dans les chaînes d’approvisionnement mondiales, pour identifier les défis majeurs de gouvernance et pour examiner quels programmes, mesures, initiatives ou normes sont nécessaires pour promouvoir le travail décent dans les chaînes d’approvisionnement mondiales.

La MLC et les amendements à la convention n° 185

La Conférence a aussi voté à une majorité écrasante l’approbation de deux amendements au code de la Convention du travail maritime (MLC), 2006.

Le premier amendement concernait l’adoption, dans le cadre de la santé et de la sécurité au travail, de principes directeurs pour l’élimination du harcèlement et des intimidations à bord des navires. Il inclut une référence aux Orientations sur ce sujet, publiées conjointement par la Chambre internationale de la marine marchande et la Fédération internationale des ouvriers du transport.

Le second amendement autorise une prorogation de cinq mois de la validité des certificats de travail maritime dans les cas où les navires ont passé l’inspection exigée mais qu’un nouveau certificat ne peut pas être délivré et mis à disposition à bord immédiatement.

Un autre vote a permis l’adoption d’un amendement aux annexes de la convention (n° 185) sur les pièces d’identité des gens de mer afin d’aligner les documents d’identité des marins sur les spécifications de l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI). Concrètement, les pièces d’identité auront à l’avenir une image faciale stockée dans une puce électronique sans contact.

Déclaration sur la justice sociale

Le Comité pour la Déclaration sur la justice sociale a adopté une résolution qui appelle à agir concrètement afin d’exploiter tout le potentiel de la Déclaration de l'OIT sur la justice sociale pour une mondialisation équitable (2008) dans le cadre des actions menées au titre du Programme des Nations Unies pour 2030 et par l’intégration du travail décent dans les stratégies nationales de développement durable.

La résolution invite aussi à promouvoir le travail décent au travers de partenariats et à accroître la cohérence des politiques nationales avec les institutions économiques et financières internationales et régionales. Elle souligne en outre la nécessité des renforcer les capacités de l’OIT et celles des mandants pour contribuer à la réalisation des objectifs liés au Programme pour 2030.

L’emploi et le travail décent pour la transition vers la paix

Les représentants à la Conférence ont aussi participé à la première discussion concernant la révision de la recommandation (n° 71) sur l’emploi (transition de la guerre à la paix), 1944 afin de prendre en compte le contexte contemporain et la nécessité de répondre aux situations de conflits et de catastrophes. La révision amplifie ainsi la portée de la recommandation sur la reconstruction et le redressement pour inclure la prévention, la préparation et la résilience.

La révision s’appuie sur le consensus grandissant à l’échelle internationale sur le rôle vital de l’emploi et de la création de postes et sur l’agenda de l’OIT pour le travail décent afin de répondre aux crises et de bâtir la paix et la résilience. Elle reconnaît par conséquent la nécessité de renforcer les capacités de réponse à des situations qui sont au carrefour de l’humanitaire, du maintien de la paix, de la réponse aux catastrophes et du développement.

La seconde discussion visant à adopter une recommandation révisée aura lieu lors de la Conférence internationale du Travail en juin 2017.

Application des normes: 24 cas et les travailleurs migrants

La Commission de l’application des conventions et des recommandations de la Conférence internationale du Travail (CIT) a adopté des conclusions sur 24 cas individuels concernant des problèmes de respect des droits au travail. Cette discussion s’appuyait sur le rapport annuel de la Commission d’experts pour l’application des conventions et recommandations qui est un organe indépendant, composé des experts juridiques chargés d’examiner l’application en droit et en pratique des conventions et recommandations de l’OIT par les Etats Membres de l’OIT.

La Commission a également discuté l’Etude d’ensemble concernant les instruments relatifs aux travailleurs migrants *.

Reconnaissant la dimension humaine du problème, la Commission a considéré qu’il était essentiel que les migrations de main-d’œuvre bénéficient aux travailleurs, aux employeurs et à l’ensemble de la communauté, qu’il fallait équilibrer les droits, les responsabilités et les besoins de toutes les parties prenantes. Une gestion efficace des migrations internationales de main-d’œuvre exige une bonne gouvernance mondiale et une coopération internationale de qualité auxquelles l’OIT peut apporter une contribution certaine.

Pour de plus amples informations, veuillez contacter le Département de la communication et de l’information publique de l’OIT: newsroom@ilo.org ou +4122/799-7912.


* Y compris la convention (n° 97) sur les travailleurs migrants (révisée), 1949, la convention (n° 143) sur les travailleurs migrants (dispositions complémentaires), 1975, la recommandation (n° 86) sur les travailleurs migrants (révisée), 1949 et la recommandation (n° 151) sur les travailleurs migrants, 1975.