Statistiques sur les migrations de main-d’œuvre

Assurer l’efficacité des politiques du marché du travail intégrant les questions de migration de main-d’œuvre est une tâche complexe qui suppose de disposer de données qualitatives et quantitatives fiables. Les statistiques sur la migration de main-d’œuvre sont non seulement utiles pour éclairer les débats politiques aux niveaux national, régional et international, mais aussi pour formuler, appliquer et évaluer les politiques relatives aux migrations de main-d’œuvre qui traitent des effets réels de la migration sur les marchés du travail et le développement des pays.

Des statistiques nationales, exhaustives et comparables, officielles, ainsi que des estimations fiables au niveau régional et mondial de la population immigrée économiquement active font encore largement défaut et les migrations à court terme (c’est-à-dire pour une durée inférieure à 12 mois) restent difficiles à appréhender. L’accès aux principales données ventilées par âge et par sexe, aux données sur les besoins du marché du travail, les professions et les compétences, les conditions de travail et les salaires, ainsi que la protection sociale des migrants, demeure très partiel et peu fiable aux niveaux national, régional et international.

Que faut-il pour améliorer les statistiques relatives à la migration de main-d’œuvre?
  • Des normes et des définitions internationales, des méthodologies et des approches communes concernant les statistiques sur les migrations de main-d’œuvre, élaborées en coordination avec les organismes de normalisation et de collecte statistique nationaux et supranationaux, à l’instar de la Conférence internationale sur les statisticiens du travail (CIST).
  • Des capacités renforcées pour les bureaux nationaux de statistiques afin de collecter et analyser les statistiques sur les migrations de main-d’œuvre et de les appliquer aux politiques relatives à la migration de main-d’œuvre.
  • Amélioration des capacités à l’échelon national pour mener des enquêtes sur la main-d’œuvre (par exemple, par l’élaboration d’échantillons et de questionnaires ou le renforcement des ressources informatiques disponibles aux niveaux local et national), en particulier dans des pays où n’existe encore aucune enquête sur la main-d’œuvre.
  • Amélioration de l’harmonisation entre de multiples sources de données afin de produire des estimations mondiales et régionales plus fiables en ce qui concerne les migrations de main-d’œuvre.
  • Une meilleure coordination entre utilisateurs et producteurs d’informations sur la migration de main-d’œuvre, en associant les partenaires sociaux pour déterminer les besoins en données nationales et internationales.
  • L’intégration des questions de migration de main-d’œuvre dans les enquêtes sur la main-d’œuvre et les recensements nationaux.
Les types de données dont nous avons besoin
  • Informations statistiques sur l’évolution des caractéristiques de la main-d’œuvre immigrée: caractéristiques démographiques et socio-économiques.
  • Part des travailleurs migrants dans la main-d’œuvre totale
  • Professions et compétences
  • Secteurs économiques
  • Statut dans l’emploi
  • Conditions de travail (durée du travail, salaires, périodes de repos et autres conditions contractuelles, etc.)
  • Couverture de sécurité sociale
  • Evolution récente dans les flux existants ou nouveaux
  • Causes de la migration de main-d’œuvre
  • Contribution/impact des migrations de main-d’œuvre sur les pays d’émigration et d’accueil (marchés du travail, envois de fonds, part du PIB, création d’emplois, réduction de la pauvreté, développement humain, etc.)

Mandat de l’OIT


Le Cadre multilatéral de l’OIT pour les migrations de main-d’œuvre (2006) affirme que «les connaissances et l’information sont capitales pour formuler, mettre en œuvre et évaluer la politique et la pratique en matière de migration de main-d’œuvre et il convient donc d’accorder la priorité à leur collecte et à leur application» (Principe III – Base de connaissances globale).

Le Dialogue de haut niveau des Nations Unies sur les migrations internationales et le développement (2013) a réclamé plus de données sur les migrations internationales pour faciliter les liens vers le développement – et les données sur les migrations de main-d’œuvre sont fondamentales à cet égard.

La 19e Conférence internationale sur les statisticiens du travail (octobre 2013) a adopté une résolution concernant le travaux futurs sur les statistiques des migrations de main-d’œuvre qui recommande au Bureau de «a) constituer un groupe de travail destiné à partager les bonnes pratiques, à discuter et élaborer un plan de travail pour définir des normes internationales sur les statistiques des migrations de main-d’œuvre susceptibles d’éclairer les politiques du marché du travail et de migration; b) préparer un rapport sur l’état d’avancement des travaux pour discussion à la prochaine CIST».

Les conclusions de la Réunion technique tripartite sur les migrations de main-d’œuvre de l’OIT en 2013 recommandaient «d’améliorer la collecte de données, la recherche et le renforcement des capacités afin de faciliter la prise de décisions fondées sur des données factuelles et de mettre au point des outils qui tiennent compte de l’internationalisation des marchés du travail, et ce dans l’intérêt de toutes les parties concernées»; et de promouvoir l’harmonisation des méthodes et concepts statistiques sur les migrations internationales et les échanges de connaissances sur les migrations de main-d’œuvre entre les pays.

L’OIT travaille en étroite collaboration avec tous ses partenaires nationaux afin qu’ils effectuent leur travail en conformité avec les outils et méthodologies en vigueur à l’OIT. L’OIT soutient la collecte, la compilation et le partage de statistiques sur le thème de la migration de main-d’œuvre et peut apporter une assistance technique adaptée aux bureaux nationaux de statistiques pour qu’ils créent ou étendent leurs enquêtes sur la main-d’œuvre et autres moyens de collecter des statistiques fiables sur les migrations de main-d’œuvre en se basant sur les normes internationales et les méthodologies communes.