TANGA, Tanzanie - "Au départ, nous avions peur d'emprunter. Nous ne savions pas qu'en tant que femmes pauvres nous étions capables de souscrire des emprunts et de les rembourser", déclare un membre du groupe des femmes de Kiwamboma à Tanga.

En tant que bénéficiaire du projet de l'OIT, le groupe de femmes a pu découvrir de nouvelles idées d'activités et bénéficier de programmes de formation relatifs à la conception de nouveaux produits, la transformation d'aliments ou, encore, les techniques de marketing. Avec l'aide du projet, les femmes ont appris à transformer les feuilles de manioc et à vendre la farine aux supermarchés.

L'octroi de prêts et les idées d'activités économiques nouvelles ont été des éléments déterminants pour les femmes de la plantation de thé de Tukuyu: "Avant de bénéficier de l'aide du projet, je gagnais moins de 30 000 shillings tanzaniens (TSH) par mois, aujourd'hui mes revenus s'élèvent à 150 000 shillings. Je peux ainsi acheter des uniformes et des livres scolaires pour mes aînés, … et nous pouvons désormais prendre trois repas par jour", dit une de ces femmes.

Les témoignages montrent comment le projet de l'OIT Promotion de l'égalité entre les hommes et les femmes et du travail décent à tous les stades de la vie permet de changer la donne pour les populations pauvres de Tanzanie. Le projet contribue à la réalisation des OMD 1 et 3 en aidant les femmes à mieux gérer leurs affaires et à accroître leur revenu. L'OMD 2 est également pris en compte par le projet qui prévoit l'accès des enfants à l'éducation. En privilégiant par ailleurs l'accès des jeunes à l'emploi (OMD 8), l'approfondissement des compétences et l'accès à l'éducation (OMD 2), la promotion d'alternatives au commerce du sexe, une activité qui expose les travailleurs à un risque élevé de contamination par le VIH/sida (MDG 6), le projet contribue à la réalisation d'autres objectifs.

"Un jeune garçon de 15 ans avait été envoyé par sa famille à Dar es-Salaam pour y travailler en tant qu'employé domestique", raconte Heidi Solheim Johansen, un responsable du programme de l'OIT en Tanzanie. "Mais après avoir été congédié par son employeur, l'adolescent s'est trouvé pris au piège de l'industrie du sexe et a sombré dans l'usage de stupéfiants. Grâce à des groupes de discussion organisés par l'OIT, il a pris davantage conscience des risques liés à son travail et s'est ouvert à d'autres possibilités d'emploi."

Le projet a été lancé en 2004 en partenariat avec le ministère de l'Emploi, de la Jeunesse et des Sports de la République-Unie de Tanzanie et le ministère de la Promotion de la jeunesse, de l'emploi, des femmes et des enfants de l'Etat insulaire de Zanzibar, ainsi que d'autres acteurs clés. A ce jour, 1 200 travailleuses ont bénéficié de prêts et ont investi leur épargne dans leur commerce. Plus de 600 jeunes, âgés de 15 à 17 ans, exploités dans des conditions de travail dangereuses ont été repérés et se sont vu offrir des possibilités de formation professionnelle. Soixante-cinq filles ont en outre été retirées des filets du commerce sexuel. Plus de 1 360 enfants âgés de 6 à 13 ans ont été enlevés de leur lieu de travail et vont toujours à l'école.

Le tri des déchets: un travail

La ville de Dar es-Salaam est un bon exemple de mise en œuvre réussie d'un projet de l'OIT. Comme de nombreux autres centres urbains, la ville est confrontée à une série de problèmes tels que l'absence de politique du logement, un système d'approvisionnement en eau insuffisant et le chômage.

"J'ai perdu mon emploi... et non seulement je n'avais pas de mari pour m'épauler, mais supportais la charge de quatre enfants ainsi que d'autres personnes. Avec les femmes, nous avons regardé autour de nous. On ne voyait que des déchets et les ravages provoqués par l'épidémie de choléra... nous avons également remarqué que des garçons ramassaient des ordures…", déclare une femme ayant bénéficié d'une aide de l'OIT par l'intermédiaire d'une organisation communautaire (CBO).

Avec d'autres femmes, elles ont alors pensé: "Si ces garçons parviennent à tirer un revenu de la collecte des déchets, pourquoi pas nous? Elles se sont alors lancées dans le ramassage des ordures ménagères. Elles ont eu la chance d'attirer l'attention de l'OIT, qui leur est venue en aide à travers des encouragements, la formation, des conseils et la fourniture d'outils. Grâce à leur réussite dans un emploi pénible, ces femmes ont très vite bénéficié de la reconnaissance des autres - tout en gagnant de quoi nourrir leur famille.

Le projet Création d'emplois dans la prestation de services municipaux en Afrique de l'Est est mis en œuvre par l'OIT au Kenya, en Tanzanie et en Ouganda. Le projet permet de stimuler la création d'emplois et d'augmenter le revenu (OMD 1) tout en améliorant les conditions de vie des femmes et des hommes pauvres dans les villes (OMD 3). Le ramassage et l'enlèvement des ordures ménagères assurent une plus grande propreté de l'environnement (OMD 7) et créent de l'emploi et de meilleures conditions de vie pour les jeunes (OMD 8).