Quitter les champs pour l'école: des appels au changement sur les ondes en Ouganda
Le nouveau rapport du BIT, La fin du travail des enfants: un objectif à notre portée, dresse un constat mitigé du travail des enfants dans le monde. Le nombre total d'enfants astreints au travail a certes diminué, mais on en dénombre encore 50 millions en Afrique sub-saharienne. Cependant, grâce à une mobilisation internationale sans précédent en faveur de l'abolition du travail des enfants - le mouvement organise notamment des campagnes de sensibilisation innovantes en faisant appel aux radios locales - la lutte que mène l'Afrique contre ce fléau connaît désormais un regain d'espoir. Kevin Cassidy, du BIT, a visité une plantation de thé en Ouganda et nous livre ses impressions.
Sur les vertes et luxuriantes collines de Toro, qui ondoient sous un chaud soleil, Annet, une adolescente de 15 ans, récolte des feuilles de thé. Des centaines d'enfants s'adonnent comme elle à cette besogne, pour une trentaine de centimes par jour.
En observant tous ces petits visages, d'un bout à l'autre des plantations de thé de Fort portal, on est frappé par la tristesse d'un regard qui semble contempler un avenir dénué de tout espoir.
"Oui, je veux aller à l'école des filles de Kyebambe" explique tranquillement Annet. "Mais mes parents sont pauvres et ne peuvent pas m'entretenir. Il faut que je travaille sur les plantations pour gagner de quoi acheter mes livres et mes crayons, mais je n'y arrive pas toujours".
Bien que la Constitution ougandaise garantisse la protection de l'enfant contre toute forme d'exploitation et contre tout travail dangereux, on estime à 7,9 millions - soit, en gros, un enfant sur trois - le nombre d'enfants de 5 à 17 ans astreints à travailler.
La majorité des enfants victimes de fléau se recensent dans les zones rurales, où 60 pour cent environ de la population vit dans la pauvreté. A cette sinistre réalité s'ajoute le fait qu'un enfant sur cinq est orphelin - les parents ayant été généralement emportés par le VIH/sida. Nombre de ces déshérités, devenus chef de famille, doivent subvenir aux besoins de leurs frères et sœurs en s'éreintant à des tâches mal rémunérées.
Dès leur plus jeune âge, ces enfants savent qu'ils devront sacrifiant leur droit à l'éducation et à un avenir peut-être plus souriant pour aider les membres de leur famille à survivre.
Changer les mentalités par le dialogue
Une campagne de communication destinée à promouvoir les droits des travailleurs en Afrique de l'Est a été organisée dans le prolongement du projet de coopération technique du BIT sur le renforcement des relations professionnelles en Afrique de l'Est. En Ouganda, cette campagne a commencé par une série d'émissions diffusées par six stations de radio nationales (Voix de Teso, Voix de Toro, Radio Paidha, CBS, Radio Ouganda et Radio Kigezi) en autant de langues locales, afin de susciter l'intérêt du public pour quelques thèmes fondamentaux de la Déclaration, comme la liberté syndicale, le travail des enfants, le travail forcé et la discrimination.
A Fort Portal, la Voix de Toro a été un ardent défenseur de la cause des travailleurs ougandais; avec la diffusion hebdomadaire d'un programme consacré aux thèmes clés de la Déclaration, la station a offert aux autorités et aux représentants des travailleurs et des employeurs un espace de rencontre pour débattre de ces questions et engager le dialogue avec la communauté locale.
Pour Paddy Twesigomwe, représentant du Syndicat national ougandais des travailleurs des plantations et de l'agriculture (NUPAW), ces émissions ont permis à la population d'accéder à des informations absolument vitales. "La campagne radiophonique de l'OIT a été et reste une excellente initiative. Elle nous a beaucoup aidé, car la radio est le meilleur moyen de communication pour toucher les agriculteurs" a-t-il affirmé.
Grâce à l'engagement actif des syndicats auprès des travailleurs et des agriculteurs et à la campagne de sensibilisation et de soutien organisée par une grande entreprise locale, le travail des enfants a pu être combattu avec succès sur les plantations.
Quiconque souhaite être employé dans l'entreprise de conditionnement de thé de Mabale, située dans le district de Kyenjojo à environ 20 km de Fort Portal, doit présenter un certificat attestant qu'il a payé l'impôt annuel que doit acquitter toute personne de plus de 18 ans, salariée ou non. Le gouvernement ayant supprimé cet impôt, les dirigeants de l'entreprise n'ont - ô ironie - pas d'autre choix que de s'adresser aux autorités villageoises locales pour s'assurer que le demandeur d'emploi est bien en âge de travailler.
Sur les propriétés, des surveillants sont là pour s'assurer que les personnes qui n'ont pas été embauchées ne puissent pas accéder aux exploitations, et pour veiller à ce que les parents n'amènent pas leurs enfants avec eux pour poursuivre la cueillette après la journée de travail.
L'entreprise de Mabale a veillé à ce que ses activités se conjuguent avec le programme d'éducation primaire universelle mis en place par le gouvernement ougandais en 1997, qui a pour but d'augmenter le taux de scolarisation dans les écoles primaires. L'usine a notamment aidé les parents les plus démunis en leur fournissant livres, crayons et autres matériels scolaires. Grâce à cette initiative, appuyée par l'entreprise, 90 enfants qui travaillaient jusque-là sur les plantations de thé sont aujourd'hui à l'école primaire de Kabaranga.
"Nous essayons de participer à l'élimination du travail des enfants en facilitant leur scolarisation. Nous contribuons ainsi à leur offrir de meilleures perspectives d'avenir" explique Kenneth Kyamulesire, directeur général de l'usine.
Lors d'un entretien avec Joseph Katende, coordinateur du projet au niveau national mandaté par l'OIT, M. Kyamulesire a reconnu que c'était grâce aux programmes radiophoniques et aux discussions avec sa famille et ses amis qu'il avait radicalement changé de point de vue sur le travail des enfants.
En collaboration avec les dirigeants locaux et le représentant syndical, l'entreprise s'est engagée à assurer la fourniture du matériel scolaire, de manière à ce que les enfants ne soient pas obligés de travailler pour les acquérir et n'aient donc pas à quitter les bancs de leur classe.
Il ressort des entretiens menés avec les responsables locaux que les émission de radio ont joué un rôle décisif dans le retrait, l'an dernier, de 365 enfants qui travaillaient sur les plantations de Butit, Mukunyu, Kyarusozi et les exploitations de Mabale.
Consolider l'acquis
Parvenir à garder les enfants à l'école et à éviter qu'ils ne soient de nouveau obligés de travailler est l'un des principaux défis à relever dans les communautés agricoles les plus démunies. Il arrive en effet que les parents n'aient pas conscience des avantages à long terme de l'école, ou n'y attachent pas d'importance - et c'est en particulier le cas des familles les plus démunies, lorsqu'elles doivent renoncer à un revenu immédiat pour assurer la scolarisation des enfants.
Pour la directrice de l'école primaire de Kabaranga, petite école qui accueille depuis peu un grand nombre d'enfants qui travaillaient auparavant sur les plantations de thé, l'important est d'assurer la scolarisation des enfants à long terme.
"Nous sommes très heureux d'avoir ces enfants, qui ont tous très envie d'apprendre. Mais la vraie question est de savoir ce qui les attend quand ils auront terminé l'école primaire. Devront-ils retourner sur les plantations de thé parce qu'ils n'auront pas les moyens de poursuivre leur scolarité?", demande celle que les élèves appellent Mme Alice.
Sur fond de danses et de chants, beaucoup de ces enfants nous ont confié qu'ils étaient bien sûr très contents d'être de nouveau à l'école, mais que la pauvreté contraindra une grande partie d'entre eux à retourner travailler sur les plantations de thé pour gagner la petite somme (entre un à deux dollars) qui les aidera à subvenir aux besoins de leurs proches et acheter leurs fournitures scolaires. Ces enfants, souvent orphelins, vivent avec leurs grand-parents qui ne peuvent plus travailler et ont besoin de leur aide pour avoir de quoi manger.
Tous les parents et les tuteurs ont reconnu qu'ils avaient besoin d'activités rémunératrices pour améliorer leur situation financière. En l'absence de perspectives d'emploi, et compte tenu du grand âge de la majorité des tuteurs, il semble qu'il faille faire un choix douloureux entre la survie de la famille toute entière et les études de quelques-uns.
Pour Jane Rose Nasuna, les choses, en tous cas, sont claires. "Certains parents sont conscients de l'importance de l'éducation pour leurs enfants. D'autres pensent que c'est de l'argent gaspillé. Quant à moi, je fais tout ce que je peux pour que mon enfant puisse poursuivre des études. Peut-être qu'un jour, lorsqu'il aura un bon emploi, je pourrai arrêter de travailler et me reposer", dit Jane en caressant les cheveux de son enfant.
A voir ce flot d'enfants quitter la classe, on sent tout le plaisir qu'ils ont à apprendre et à jouer avec des amis au lieu de travailler dans les plantations sous un soleil de plomb. "Je suis heureux d'être de nouveau à l'école et de pouvoir apprendre, car je sais que cela me servira plus tard" nous confie un garçonnet avec un large sourire.
Pendant que les membres de la communauté continuent de travailler de concert, l'OIT va poursuivre son combat contre le travail des enfants ainsi que le travail de sensibilisation effectué par l'intermédiaire des programmes de radio interactifs. Joseph Kasimbazi, responsable des émissions de "La voix de Toro" estime "qu'il est urgent que la population locale sache de quelle manière ces enfants sont dépossédés de leur enfance et de leur avenir".
Pour reprendre les propos de Kash - c'est son nom pendant les émissions: "Avec les programmes radio nous pouvons toucher un public encore bien plus large. Je suis fier d'être pour quelque chose dans cette évolution. Mais nous ne pouvons pas y arriver tout seuls; nous avons besoin d'aide pour que le rêve de ces enfants devienne réalité."
Nouveau rapport global sur le travail des enfants
Le 4 mai 2006, le BIT a publié son nouveau rapport global sur le travail des enfants intitulé: La fin du travail des enfants: un objectif à notre portée, dans lequel on peut lire que, pour la première fois, le travail des enfants, notamment sous ses aspects les plus condamnables, recule partout dans le monde.
Le rapport, diffusé simultanément par 25 bureaux de l'OIT, nous apprend que le nombre d'enfants astreints au travail a diminué de 11 pour cent au cours des quatre dernières années au plan mondial (de 246 millions en 2000 à 218 millions en 2004) et que le nombre des enfants effectuant des travaux dangereux a baissé de 26 pour cent (126 millions en 2004, contre 171 millions en 2000).
Selon le rapport, c'est en Amérique latine et dans les Caraïbes que le travail des enfants a reculé le plus rapidement au cours de ces quatre années. Le nombre d'enfants astreints au travail y a en effet diminué de plus de deux tiers pendant cette période et l'on ne compte plus aujourd'hui que 5% d'enfants dans cette situation.
Selon le rapport, la région Asie et Pacifique a également enregistré une baisse significative du nombre d'enfants économiquement actifs. Il faut cependant savoir que les effectifs de la population enfantine ont également diminué, d'où une réduction du pourcentage d'enfants astreints au travail. Selon les estimations du BIT, c'est dans cette région que l'on recense encore le plus grand nombre de cas dans le groupe des 5-14 ans - quelque 122 millions d'enfants seraient concernés.
Avec 26 pour cent de la population enfantine - soit presque 50 millions d'enfants - qui travaille, c'est l'Afrique sub-saharienne qui détient le record mondial du nombre d'enfants exerçant une activité économique. Selon le rapport global, ce sont les effets cumulés d'une forte croissance démographique, de la misère et de l'épidémie de VIH/SIDA qui ont empêché la lutte contre le travail des enfants de progresser. On note cependant quelques signes encourageants, notamment une hausse de 38% du taux de scolarisation dans le primaire entre 1900 et 2000.
Si l'OIT et ses partenaires tripartites ont toujours été à la pointe des initiatives internationales visant à éliminer le travail des enfants, les acteurs les plus divers prennent aujourd'hui une part active au processus.
Les progrès, passés ou actuels, de la lutte contre le travail des enfants, passent nécessairement par une volonté politique clairement affirmée, et qui s'incarne notamment par l'adoption de mesures cohérentes dans les domaines de la lutte contre la pauvreté, de l'instruction élémentaire et des droits de l'homme. Les initiatives visant à réduire la pauvreté et à faciliter la scolarisation sont d'importants préalables sans lesquels il est vain d'espérer voir les pays s'attaquer sérieusement au problème du travail des enfants.
La ratification des conventions n°182 et n°138 de l'OIT, qui s'est opérée à un rythme rapide, conjuguée aux progrès enregistrés dans l'application d'autres traités internationaux relatifs aux droits de l'enfant, ont permis de faire des avancées décisives vers l'élimination du travail des enfants. A l'heure actuelle, 160 des 178 Etats membres de l'OIT pays ont ratifié la convention (n°182) sur les pires formes de travail des enfants, 1999.
Grâce à cette forte assise législative et réglementaire, aux initiatives concrètes qui ont été prises et au travail de sensibilisation qui a été effectué, le mouvement mondial dispose désormais d'un solide ancrage. Les progrès accomplis doivent être en grande partie attribués à l'action du plus important programme de coopération technique de l'OIT, le Programme international pour l'abolition du travail de l'enfant (IPEC), qui mène une action décisive depuis 14 ans.
De nombreuses organisations, des organisations des Nations Unies, des ONG et d'autres représentants de la société civile se sont joints à l'appel lancé par l'OIT en faveur d'une action encore plus résolue. Ces divers acteurs se sont associés pour faire reculer le travail des enfants. Les médias et les milieux universitaires, conscients que problème du travail des enfants acquérait une dimension internationale de plus en plus marquée, ont su se mobiliser et sont aujourd'hui des acteurs de premier plan dans la lutte contre ce fléau.
Il importe qu'au cours des prochaines années l'OIT, grâce à une action à la fois plus ciblée et plus stratégique, sache cristalliser les efforts d'une véritable alliance mondiale, plus résolue que jamais à appuyer les actions nationales visant à abolir le travail des enfants. Cette nouvelle répartition des rôles permettra à l'OIT d'intervenir plus efficacement afin que le travail des enfants ne soit bientôt plus qu'un mauvais souvenir.
Pour tout complément d'informations, veuillez consulter le site: www.ilo.org/declaration.
Chaque enfant a besoin d'un enseignant
L'incapacité de nombreux pays à assurer la scolarisation des enfants comme des adultes s'explique notamment par une pénurie d'enseignants qualifiés. La recommandation OIT/UNESCO concernant la condition du personnel enseignant, adoptée il y a quarante ans, reste encore, au plan international, le seul texte de référence général concernant le métier d'enseignant. Plus récemment, la déclaration de Pretoria sur le personnel enseignant, et le Rapport mondial de suivi sur l'éducation pour tous de l'UNESCO rappellent que bien des pays doivent encore s'attacher à mettre en place un corps d'enseignants qualifiés, convenablement rémunérés et fortement motivés pour atteindre les objectifs visés en matière d'éducation pour tous et réaliser les OMD. Si le déficit d'enseignants qualifiés dans le monde n'est pas précisément quantifié, on estime cependant qu'il faudrait environ 35 millions nouveaux enseignants pour atteindre ces objectifs d'ici à 2015; dans beaucoup de pays, il faudra assurer une augmentation annuelle de 20 pour cent des effectifs pour qu'il n'y ait pas plus de quarante élèves par classe.
Les pays qui ne parviennent pas à atteindre les objectifs en matière d'éducation pour tous ne consacrent généralement à l'éducation que la moitié des montants qui seraient nécessaires; il apparaît même que 20 pays risquent ne pas être en mesure d'assurer la scolarisation primaire universelle d'ici à 2015.
La stratégie de l'OIT
L'OIT recommande aux pays d'investir au moins 6 pour cent du PIB dans l'enseignement et la formation. Depuis 2004, l'Organisation a aidé plus de 20 pays d'Afrique, des Amériques et d'Europe de l'Est, à combler leur retard dans le domaine des technologies de l'information, à évaluer les besoins en enseignants et à élaborer et à appliquer des solutions en collaboration avec les pouvoirs publics, les syndicats d'enseignants et les écoles privées - un outil essentiel dans la lutte contre le travail des enfants. C'est pour cette raison que le Programme international le Programme international pour l'abolition du travail de l'enfant (IPEC) a apporté un soutien sans réserve à la campagne "Chaque enfant a besoin d'un enseignant".
Ce qu'est le travail des enfants…
Le travail des enfants constitue une violation des droits fondamentaux; il est avéré qu'il est préjudiciable au développement de l'enfant, lequel risque de pâtir toute sa vie de ses répercussions psychologiques et physiques. On peut le classer en trois catégories:
- Tout travail effectué par un enfant n'ayant pas atteint l'âge minimum prescrit (convention n°138);
- Les tâches dangereuses qui nuisent au bien-être physique, mental ou moral d'un enfant de moins de 18 ans (ou de 16 ans, dans certaines conditions strictement définies);
- Les pires formes de travail des enfants (convention n° 182).
Principales conventions de l'OIT applicables:
La Journée mondiale contre le travail des enfants, un événement planétaire
En pleine fièvre "footballistique", Coupe du monde oblige, l'Organisation internationale du Travail (OIT) a brandi un "carton rouge" contre le travail des enfants. C'est l'un des multiples événements organisés pour marquer la Journée mondiale contre le travail des enfants, qui, cette année, avait pour thème : "La fin du travail des enfants: ensemble nous pouvons le faire !" Et un peu partout dans le monde, dans des centaines de villes, le mouvement mondial contre le travail des enfants a démontré que telle était bien son intention.
A Addis-Abeba, en Albanie, au Brésil ou encore au Burkina Faso et dans bien d'autres régions du monde, le 12 juin a marqué un nouveau temps fort dans la mobilisation internationale contre le travail des enfants. Une centaine d'événements ont eu lieu dans plus de 70 pays. Les responsables du Programme international de l'OIT pour l'abolition du travail des enfants (IPEC) considèrent que la Journée mondiale de cette année a connu un succès sans précédent.
"Jamais autant d'événements n'avaient été organisés à l'occasion de la Journée mondiale", constate Guy Thijs, directeur de l'IPEC. "Leur nombre d'activités montre combien nos partenaires nationaux et locaux collaborent pour éliminer le travail des enfants."
Si à Genève la campagne "Carton rouge" avait une valeur symbolique, les résultats de l'action menée par l'IPEC ces dix dernières années pour mobiliser les forces contre le travail des enfants, eux, sont bien concrets. A preuve les centaines d'activités - tables rondes, débats télévisés, matchs de football, représentations théâtrales, expositions, animations de rue et défilés, projets scolaires, spectacles musicaux et culturels - qui ont marqué la journée du 12 juin.
En mai, l'OIT avait publié son rapport global intitulé La fin du travail des enfants: un objectif à notre portée (voir encadré). Les délégués des gouvernements, des employeurs et des travailleurs qui participaient à la Conférence internationale du Travail ont examiné ce rapport le 9 juin, passant en revue les progrès réalisés et les problèmes à résoudre au cours de la décennie à venir pour éliminer les formes dangereuses de travail des enfants. En outre, les ministres du Travail du Brésil, Luis Marinho, de la Tanzanie, Jumanne Maghembe, et de la Turquie, Murat Basesgioglu, ont participé à une table ronde avec les représentants des travailleurs et des employeurs de ces pays. Auparavant, le 8 juin, les ministres de huit pays lusophones avaient annoncé à la Conférence l'adoption d'une déclaration commune condamnant le travail des enfants et ses pires formes.
A Genève, Roger Milla, légende du football, a donné le coup d'envoi d'un match amical entre un club de football et une école. Ce match a été précédé d'une cérémonie à laquelle ont participé Juan Somavia, Directeur général du BIT, Federico Addiechi, chef du Département "Responsabilité sociale" de la Fédération internationale de football association (FIFA), Eduardo Missoni, secrétaire général de l'Organisation mondiale du scoutisme, Nicole Petignat, célèbre arbitre de matchs internationaux, et Carlos Xavier, footballeur portugais qui a fondé un club consacré à l'éducation des enfants par le sport. S'adressant aux filles qui étaient présentes, Mme Petignat a invité celles-ci à "siffler" avec elle le travail des enfants et à se battre pour les droits des filles et des garçons. Elle a insisté sur la nécessité de donner aux enfants, et surtout aux filles, la possibilité d'échapper au travail en allant à l'école, en faisant du sport et en ayant des loisirs.
Une autre activité importante a eu lieu à Sialkot, au Pakistan, ville où l'IPEC a mis fin au travail des enfants dans les ateliers de fabrication de ballons de football, grâce notamment à la FIFA. Dans le cadre d'un programme qui utilise le sport comme instrument d'insertion des anciens travailleurs enfants, ceux qui autrefois cousaient les ballons sont désormais scolarisés et peuvent jouer au football pendant la récréation.
"La journée mondiale n'est pas une fin en soi", explique M. Thijs. "Elle sert de catalyseur au mouvement mondial contre le travail des enfants."