Le travail décent pour tous Les Nations Unies se mobilisent pour renforcer les efforts mondiaux afin de promouvoir le travail décent et le développement durable et réduire la pauvreté

Le débat de haut niveau du Conseil économique et social des Nations Unies (ECOSOC) qui s'est réuni début juillet a adopté une Déclaration ministérielle de grande envergure sur le plein emploi productif et le travail décent, précisant qu'elle contribuerait à renforcer les efforts des Nations Unies et du système multilatéral pour créer des emplois, éradiquer la pauvreté et apporter un nouvel espoir à environ 1,4 milliard de travailleurs pauvres dans le monde au cours de la prochaine décennie. La Déclaration apporte un appui supplémentaire à l' Agenda de l'OIT pour le travail décent et renforce l'action qui vise à faire du travail décent pour tous un objectif mondial et une réalité nationale.

GENÈVE - Confronté à un déficit croissant de "travail décent", avec une hausse de plus de 20 pour cent du chômage officiel au cours des dix dernières années et qui nécessite la création d'au moins 40 millions de nouveaux emplois chaque année dans les 10 ans à venir pour éviter qu'il n'augmente encore, le Conseil économique et social des Nations Unies (ECOSOC) s'est mobilisé en juillet pour renforcer les effort mondiaux pour lutter contre la pauvreté et promouvoir le développement durable.

Dans un accord de grande envergure sur l'urgence de s'attaquer à ce que les intervenants à la réunion de l'ECOSOC ici ont appelé une crise mondiale de l'emploi, les ministres ont réaffirmé que "l'accès pour chaque homme et chaque femme à un travail productif dans des conditions de liberté, d'équité, de sécurité et de dignité est essentiel pour assurer l'éradication de la faim et de la pauvreté, l'amélioration du bien-être économique et social de tous, la réalisation d'une croissance économique soutenue et d'un développement durable de toutes les nations, et une mondialisation équitable et fédératrice".

La Déclaration ministérielle dresse une liste d'initiatives des gouvernements et d'autres institutions qui doivent prendre en compte l'impact de leurs politiques sur l'emploi et en assurer une plus grande cohérence, invitant "l'ensemble des acteurs concernés, y compris les institutions de Bretton Woods et d'autres banques multilatérales, à rejoindre nos efforts" pour mettre en œuvre la Déclaration.

"Ce mouvement offre une occasion extraordinaire d'intégrer l'objectif global de l'emploi productif et du travail décent pour tous dans les activités régulières de toutes les organisations onusiennes concernées", a déclaré le Directeur général du BIT Juan Somavia. "Cela peut mettre en route un processus de dialogue politique au sein du système multilatéral - y compris les Institutions de Bretton Woods - afin de stimuler la nécessaire convergence politique au service de l'objectif global adopté lors du Sommet des Nations Unies de 2005".

"Le plein emploi productif et le travail décent pour tous"

La Déclaration reconnaît "l'agenda du BIT pour le travail décent comme un instrument important pour atteindre l'objectif du plein emploi productif et du travail décent pour tous". Elle soutient aussi avec force une mondialisation juste et est résolue à faire des objectifs de plein emploi et de travail productif et décent pour tous un objectif central des politiques nationales et internationales et des stratégies de développement national et de réduction de la pauvreté.

"Nous faisons appel à l'Organisation internationale du Travail pour se consacrer à la mise en œuvre des engagements concernant la promotion du plein emploi productif et du travail décent pour tous pris lors des principales conférences et sommets des Nations Unies … de façon à réaliser des progrès significatifs à la fois en matière de politiques et de programmes opérationnels", affirme la Déclaration. "Et dans cette optique, nous demandons à l'OIT d'envisager le développement de plans d'action assortis de délais à l'horizon 2015, en collaboration avec l'ensemble des parties concernées, pour atteindre cet objectif".

La Déclaration marque également une étape importante dans l'effort mené par l'OIT pour promouvoir un agenda du travail décent comme moyen de réduire la pauvreté et d'obtenir un développement durable, équitable et fédérateur. Cette réunion était le premier sommet international à reprendre les recommandations du Sommet Mondial de 2005 en vue d'une mondialisation juste et à faire des objectifs de plein emploi productif et de travail décent pour tous un objectif central des politiques macro-économiques nationales et internationales.

M. Somavia a déclaré que cet accord favoriserait le lancement de "contributions opérationnelles pratiques pour créer un environnement économique, social et politique qui génère suffisamment de travail décent pour reléguer la pauvreté aux oubliettes de l'histoire. Au cours des dix prochaines années, nous devrons systématiquement mettre en œuvre la notion de s'affranchir de la pauvreté par le travail qui est une clé pour la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le Développement. Ils vont de pair."

La nouvelle Déclaration ministérielle est également significative parce que l'ECOSOC coordonne le travail des 14 agences spécialisées des Nations Unies, de 10 Commissions thématiques et de 5 commissions régionales. Il a été identifié par le rapport du Sommet mondial de 2005 comme ayant potentiellement un rôle clé à jouer dans la revitalisation du système des Nations Unies. M. Somavia a affirmé que la décision du panel de 54 membres servira à "reconnecter les Nations Unies avec l'exigence démocratique des individus et des familles partout dans le monde d'une chance égale d'accès à un travail décent".

Pour plus d'information, consulter: www.ilo.org/public/french/bureau/inf/event/ecosoc/index.htm.

Discours du Directeur général au débat de haut niveau de l'ECOSOC: www.ilo.org/public/english/bureau/dgo/speeches/somavia/2006/ecosoc.pdf.




Le Travail décent: un concept mondial



Le travail décent reflète un certain nombre des priorités de l'agenda social économique et politique des pays et du système international:

  • Mondialisation juste. Plutôt que de conduire vers l'économie informelle ou de créer une émigration massive, l'expansion mondiale doit trouver les moyens d'offrir des possibilités de travail décent là où les gens vivent.
  • Réduction de la pauvreté. Création d'emplois et réduction de la pauvreté sont inextricablement liées. Le travail est une issue à la pauvreté et comme le stipule la constitution de l'OIT: "La pauvreté où qu'elle existe représente un danger pour la prospérité de tous."
  • Sécurité. Une communauté qui travaille est une communauté en paix. Cela reste vrai aux niveaux local, national, régional et mondial.
  • L'intégration sociale. Atteindre l'égalité des chances et dépasser les discriminations de toutes sortes sont cruciales pour permettre à chacun de réaliser pleinement son potentiel.
  • Dignité. Le travail n'est pas une marchandise. Les coûts du travail reflètent des êtres humains pour lesquels le travail est une source de dignité et de bien-être familial.
  • Diversité. Les politiques doivent être élaborées sur mesure en fonction des besoins spécifiques d'un pays - il n'existe pas de modèle unique.
L'objectif global du travail décent est d'apporter un changement positif dans la vie de chacun aux niveaux national et local. L'OIT apporte son aide à travers des programmes de travail décent à l'échelon national développés en coordination avec les mandants de l'OIT. Ils définissent les priorités et les objectifs dans des cadres de développement national et visent à lutter contre les déficits majeurs de travail décent grâce à des programmes efficaces qui répondent à chacun des objectifs stratégiques.

L'OIT travaille avec d'autres partenaires à l'intérieur et au-delà de la famille des Nations Unies pour fournir l'expertise approfondie et les instruments politiques indispensables à l'élaboration et la mise en œuvre de ces programmes. Elle apporte aussi son appui à la construction des institutions nécessaires pour les mettre à exécution et en mesurer les progrès. L'équilibre interne de ces programmes diffère d'un pays à l'autre, reflétant leurs besoins, leurs ressources et leurs priorités.

Pour progresser, il faut aussi agir au niveau mondial. L'Agenda pour le travail décent offre une base à un cadre plus juste et plus stable pour le développement mondial. L'OIT s'efforce de développer la dimension de travail décent dans les politiques économiques et sociales, en partenariat avec les principales institutions du système multilatéral et les acteurs majeurs de l'économie mondiale.

L'Agenda pour le travail décent

Pour réussir à mettre en pratique l' Agenda pour le travail décent, quatre objectifs stratégiques doivent être mis en œuvre, l'égalité entre les sexes étant un objectif transversal:

Créer des emplois - une économie qui génère des possibilités d'investissement, d'entrepreneuriat, de création d'emplois et de moyens de subsistance durables;

Garantir les droits au travail - obtenir la reconnaissance et le respect des droits des travailleurs. Tous les travailleurs, et en particulier les travailleurs défavorisés ou pauvres, ont besoin de représentation, de participation et de lois justes qui soient appliquées et servent véritablement leurs intérêts;

Étendre la protection sociale - promouvoir à la fois l'intégration et la productivité en s'assurant qu'hommes et femmes jouissent de conditions de travail sures, qui leur accordent suffisamment de temps libre et de repos, qui prennent en considération les valeurs familiales et sociales, fournissent une indemnisation adéquate en cas de perte d'emploi ou de salaire et donnent accès à un système de soins approprié; et

Promouvoir le dialogue et la résolution des conflits - les pauvres comprennent la nécessité de négocier et savent que le dialogue est le moyen de régler pacifiquement les problèmes. Le dialogue social, impliquant des organisations de travailleurs et d'employeurs fortes et indépendantes, est primordial pour augmenter la productivité, éviter les conflits au travail, et construire des sociétés cohésives.

Les déficits de travail décent

Le monde doit aujourd'hui faire face à un certain nombre de "déficits" de travail décent qui prennent la forme de chômage et de sous-emploi, d'emplois improductifs et de faible qualité, de travaux dangereux et de revenus précaires, de droits bafoués et d'inégalité entre les sexes. De nombreux travailleurs migrants sont particulièrement vulnérables à l'exploitation, au manque de représentation et de possibilités d'expression, et ont une protection insuffisante contre la perte de revenus liée à la maladie, l'invalidité et la vieillesse.

Quels sont les indicateurs des déficits de travail décent?

  • La moitié des travailleurs dans le monde ne parviennent pas à se hisser eux et leurs familles au-dessus du seuil de pauvreté de 2 dollars par personne et par jour.
  • Une grande partie de la planète est confrontée à un "écart de genre" important, tant en termes de quantité que de qualité de l'emploi. Les femmes sont davantage susceptibles que les hommes de travailler dans l'économie informelle, avec peu ou pas de protection sociale et un haut degré de précarité.
  • Plus de 88 millions de jeunes (âgés de 15 à 24 ans) dans le monde sont sans emploi ; ils représentent près de la moitié des chômeurs dans le monde alors qu'ils ne constituent que 25 pour cent de la population en âge de travailler.
  • Les migrations de main-d'œuvre sont à la hausse. On dénombre plus de 86 millions de travailleurs migrants dans le monde, dont 34 millions dans les pays en développement.
  • La croissance économique mondiale a de plus en plus de mal à se traduire par de nouveaux emplois de meilleure qualité qui permettraient de réduire la pauvreté.

Éléments clés de la Déclaration ministérielle de l'ECOSOC

  • Nous encourageons fortement la coopération et la coordination entre agences, donateurs multilatéraux et bilatéraux, dans la poursuite de leurs buts de plein emploi productif et de travail décent pour tous. A cette fin, nous invitons toutes les organisations internationales concernées, à la demande des gouvernements nationaux et des acteurs concernés, à contribuer à travers leurs programmes, leurs politiques et leurs activités, aux objectifs du plein emploi et du travail décent pour tous, en accord avec les stratégies de développement national.
  • Nous demandons aux fonds des Nations Unies, aux programmes et aux agences, et nous prions les institutions financières de soutenir les efforts pour intégrer les objectifs de plein emploi et de travail décent pour tous dans leurs politiques, leurs programmes et leurs activités. Dans cette perspective, nous invitons les parties prenantes à dûment prendre en compte les programmes par pays de l'OIT en faveur du travail décent de manière à atteindre une approche plus cohérente et pragmatique au sein des Nations Unies en faveur du développement au niveau national, sur une base volontaire.
  • Nous demandons également aux commissions thématiques et régionales d'évaluer comment leurs activités contribuent ou pourraient contribuer aux objectifs de plein emploi et de travail décent pour tous.
  • Nous encourageons aussi toutes les agences concernées à collaborer activement au développement de la boîte à outils pour la promotion du travail décent qui est en cours de réalisation par l'Organisation internationale du Travail, à la demande du Conseil des chefs de secrétariat pour la Coordination du système des Nations Unies.
  • Nous faisons appel à l'Organisation internationale du Travail pour se consacrer à la mise en œuvre des engagements concernant la promotion du plein emploi productif et du travail décent pour tous pris lors des principales conférences et sommets des Nations Unies, y compris ceux contenus dans les recommandations du Sommet mondial de 2005 et du Sommet mondial pour le Développement social, de façon à réaliser des progrès significatifs à la fois dans les politiques et dans les programmes opérationnels. Dans cette optique, nous demandons à l'OIT d'envisager le développement de plans d'action assortis de délais à l'horizon 2015, en collaboration avec l'ensemble des parties concernées pour atteindre cet objectif.
  • Nous nous engageons à mettre en œuvre la présente déclaration et invitons tous les acteurs concernés, y compris les institutions de Bretton Woods et les autres banques multilatérales, à nous rejoindre dans ce combat.

Déclaration ministérielle du débat de haut niveau de l'ECOSOC (texte adopté), para. 33-38. /public/english/bureau/inf/event/ecosoc/declaration.pdf