Entretiens France-BIT

L’avenir des entreprises

«L’avenir du travail se joue en grande partie dans l’entreprise,» déclare le Directeur général de l'OIT Guy Ryder.

Déclaration | 21 octobre 2016
Monsieur l’Ambassadeur, cher Claude Jeannerot, délégué du Gouvernement de la France au Conseil d’Administration,
Mesdames et messieurs les représentants des partenaires sociaux et du Ministère du travail,
Cher Professeur Alain Supiot,
Chers collègues et chers amis,

C’est pour moi un réel plaisir de vous retrouver pour ces Entretiens France-BIT. Ce sont les seconds à s’inscrire dans le cadre de l’initiative sur l’Avenir du travail en vue du centenaire de notre organisation en 2019.

Permettez-moi de commencer par exprimer ma gratitude envers le gouvernement français et le Ministère du travail, pour son soutien continu à cette initiative et plus largement pour la confiance qu’il place dans l’OIT. En témoigne le renouvellement de notre partenariat en juin 2015, signé à l’occasion de la participation du Président Hollande à la Conférence internationale du Travail.

Mes remerciements vont tout particulièrement au Professeur Alain Supiot et au Collège de France qui nous accueille une nouvelle fois dans ce cadre prestigieux. Notre organisation a la chance d’avoir en Alain Supiot un ami qui nous rappelle toujours la nécessité de travailler dans le sens de la Déclaration de Philadelphie.

L’avenir du travail, c’est un sujet immense. Il peut être abordé sous des angles multiples: les défis du plein emploi, de la mondialisation – les chaines de valeur mondiales étaient d’ailleurs le thème de nos précédents Entretiens – ou encore les nouvelles technologies. Aujourd’hui, nous aborderons la question sous l’angle de l’entreprise et de son adaptation à plusieurs mutations, qui concernent aussi bien les marchés que les modes de production.

Il est dit dans le document de base de cette Conférence que l’entreprise est «un point aveugle de savoir» – et il en va de même pour le BIT, même si nous sommes une organisation tripartite. Nous n’avons pas assez travaillé avec l’entreprise et nous devons y remédier.

C’est l’occasion pour moi de rappeler devant vous l’importance de l’entreprise pour une Organisation comme l’OIT. Dès 2013, en m’adressant à la Conférence internationale du Travail, j’exprimais l’importance de mettre la question de l’entreprise au cœur du mandat de l’OIT en faveur de la justice sociale et du travail décent.

Il y a plusieurs raisons à cela.

D’abord, l’entreprise, c’est le quotidien de la grande majorité des employeurs comme des travailleurs. C’est quand-même dans l’entreprise que nous vivons le travail. En tant qu’organisation tripartite, nous devons nous y intéresser.

Ensuite, les entreprises, et en particulier les entreprises multinationales, sont des acteurs majeurs de la nouvelle mondialisation, celle qui redessine la carte de la production des biens et des services à partir des politiques d’achat et d’approvisionnement des grands groupes. Cette mondialisation de la production représente un nouvel environnement pour la mise en œuvre de l’agenda de l’OIT. Nous en avons longuement débattu lors de la dernière Conférence internationale du Travail, et notre prochain Conseil d’administration qui se réunit dans quelques jours devrait adopter un plan d’action déclinant la résolution de la Conférence.

Enfin, à travers ses normes internationales et les différents programmes mis en œuvre auprès de nos mandants, l’OIT développe une certaine vision des relations entre travailleurs et employeurs, construites à partir du respect des droits et de la dignité des personnes, de la promotion de la santé au travail et bien sûr du dialogue social. En découle naturellement une certaine vision de l’entreprise, que reflète notre programme d’Entreprises durables. Cette vision de l’entreprise souligne combien l’efficacité productive, la qualité de l’emploi, la reconnaissance du travail et le dialogue social vont de pair et se renforcent mutuellement.

Pour toutes ces raisons, je me réjouis des discussions que nous aurons tout au long de cette journée, qui permettront, sans doute, d’illustrer une évidence: celle que l’avenir du travail se joue en grande partie dans l’entreprise.

Je vous remercie de votre attention.