Message du Directeur général de l'OIT, pour la Journée internationale des peuples autochtones

Déclaration | Geneva | 9 août 2012
«Les médias autochtones: pour permettre aux voix autochtones de s’élever»: le thème, cette année, de la Journée internationale des peuples autochtones nous rappelle que la parole et la participation des peuples autochtones et tribaux sont indispensables à la construction d’un avenir qui respecte la dignité de ces peuples. Les difficultés qu’endurent les femmes et les hommes issus de communautés autochtones témoignent de l’urgence de la tâche.

Les peuples autochtones et tribaux représentent à l’échelle mondiale 370 millions de personnes dont la moitié vit dans des villes. Beaucoup d’entre elles souffrent encore de la pauvreté et de la discrimination et luttent pour faire entendre leur voix. Aujourd’hui, grâce aux nouvelles technologies et à des outils tels que les médias sociaux, les plates-formes mobiles et les sites Web, elles disposent de moyens efficaces pour diffuser l’information et faire connaître leurs droits à leurs propres communautés et dans leurs propres langues. De plus, ces nouveaux outils offrent la possibilité de communiquer avec les autres pour vaincre les préjugés et les idées fausses résultant de la méconnaissance des cultures et croyances de ces peuples. Enfin, les nouvelles technologies sont extrêmement utiles pour s’organiser, ce qui est fondamental pour prendre son destin en main.

L’OIT travaille de longue date aux côtés des peuples autochtones pour les aider à mieux faire entendre leur voix et leur ouvrir des perspectives nouvelles. Nous le faisons dans le cadre du mandat qui nous a été confié de promouvoir la justice sociale en favorisant l’accès de tous au travail décent, condition indispensable aussi pour instaurer des modèles de croissance plus équitables et plus durables.

Cette démarche a donné des résultats au cours de ces dix dernières années. Le nombre de ratifications de la convention (n° 169) relative aux peuples indigènes et tribaux, adoptée par l’OIT en 1989, a doublé pendant cette période, la République Centrafricaine étant le premier pays africain à ratifier cette convention, en 2010. Celle-ci complète la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples indigènes, le but commun de ces deux instruments étant de lutter contre les injustices sociales dont les peuples autochtones continuent de souffrir.

Le rapport de l’OIT intitulé «Principes et droits fondamentaux au travail: Traduire l’engagement en action», dont a été saisie la Conférence internationale du Travail en juin 2012, décrit les obstacles qui entravent l’accès des peuples autochtones aux institutions de l’État et par conséquent l’application de la législation du travail, la méconnaissance par ces peuples de leurs droits fondamentaux, l’absence de moyens d’expression collectifs qui leur permettraient de défendre efficacement leurs droits et leurs intérêts et la pauvreté dans laquelle elles vivent. La crise mondiale de l’emploi des jeunes touche davantage les jeunes autochtones, femmes et hommes, qui, dans certains pays, risquent quatre fois plus de se trouver sans emploi que les citoyens non autochtones. Ces jeunes autochtones sont aussi plus exposés au chômage de longue durée et au sous-emploi, et une plus forte proportion d’entre eux est déconnectée du marché du travail.

Pendant cette crise économique mondiale au cours de laquelle la précarité s’est aggravée, l’OIT a continué de rechercher de nouveaux moyens de faire entendre la voix des peuples autochtones, comme l’institution de partenariats au sein de la famille des Nations Unies. C’est donc avec plaisir qu’elle s’est jointe au Partenariat des Nations Unies pour les peuples autochtones, aux côtés du Haut Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH), du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), de l’UNICEF et du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP). Le but de ce partenariat est de soutenir les peuples autochtones et les gouvernements qui s’appuient sur les droits et les aspirations de ces peuples pour faire advenir un changement positif, en renforçant leurs institutions et leurs moyens de participer pleinement à la gestion des affaires publiques et à l’élaboration des politiques aux niveaux local et national.

Tout processus d’intégration doit reposer sur le dialogue, la connaissance et l’organisation. Les médias autochtones ont un rôle déterminant à jouer dans un tel processus.