Les enfants autochtones sont exposés à un risque élevé de travail des enfants

Le travail des enfants et l'exclusion des enfants autochtones du système éducatif sont le résultat direct de la marginalisation des communautés autochtones, selon une nouvelle analyse.

Actualité | 27 septembre 2023
GENÈVE (OIT Infos) - Une nouvelle analyse de l'Organisation internationale du travail (OIT) révèle que les enfants des communautés autochtones sont exposés à un risque important de travail des enfants et n'ont souvent pas accès à l'éducation.

Selon les conclusions de l'étude, les enfants autochtones sont confrontés à des désavantages en matière d'éducation, ce qui les rend plus vulnérables au travail des enfants. Dans les pays étudiés, les enfants autochtones ont des taux de fréquentation scolaire inférieurs à ceux des autres enfants, en particulier les filles autochtones.

Le « document thématique sur le travail des enfants et l'exclusion de l'éducation chez les enfants autochtones » (disponible uniquement en anglais) montre que les enfants autochtones sont largement surreprésentés dans les emplois dangereux. La plupart d'entre eux travaillent dans l'agriculture, mais aussi dans la construction, le commerce, l'industrie manufacturière et le travail domestique.

L'analyse met en évidence des différences régionales significatives. Au Pérou, le travail des enfants autochtones est presque trois fois plus élevé que la moyenne, tandis qu'en Équateur, les enfants autochtones sont environ 11,6 fois plus susceptibles d'être impliqués dans des travaux dangereux que la moyenne nationale pour tous les enfants.

Le travail des enfants autochtones est le résultat direct de la marginalisation sociale, économique et culturelle des communautés autochtones, indique le document. Ces communautés sont trois fois plus susceptibles de vivre dans l'extrême pauvreté. Elles sont souvent dépossédées de leurs terres, subissent de plein fouet le changement climatique et les conflits, n'ont qu'un accès limité aux services essentiels et rencontrent des obstacles dans le maintien de leurs modes de vie traditionnels.

Cette situation peut contraindre les enfants autochtones à travailler pour aider leur famille, devenant ainsi un élément vital de leur survie. Elle peut également avoir d'autres conséquences, comme l'exploitation des filles autochtones par des trafiquants qui profitent de la rupture des liens familiaux et communautaires.

Pour venir à bout du travail des enfants et de l'exclusion scolaire, il faut des réponses qui incluent également la promotion et la protection des droits des peuples autochtones de manière plus générale, souligne l'analyse. Il s'agit notamment d'intensifier les efforts visant à mettre en place des mécanismes de participation des populations autochtones à la prise de décision, à la conception et à la mise en œuvre des politiques et des programmes, à l'accès à une éducation de qualité culturellement adaptée, à l'accès à la protection sociale et à la protection des droits fonciers des populations autochtones.

Ce document s'appuie sur des recherches et des orientations politiques antérieures de l'OIT. Préparé grâce au financement du ministère du Travail des États-Unis, il analyse des données provenant de rapports du monde entier, de groupes de discussion menés avec des organisations de peuples autochtones (au Cambodge, au Kenya, dans la Fédération de Russie, au Népal et en Tanzanie) et de données quantitatives nationales provenant de six pays d'Amérique latine (Bolivie, Brésil, Équateur, Guatemala, Panama et Pérou).

Le document a été présenté le 25 septembre au siège de l'OIT. Le rapporteur spécial des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, Francisco Cali Tzay, et la directrice exécutive du Forum international des femmes autochtones, Teresa Zapeta, ont assisté à l'événement.