Journée internationale des femmes

Plus de 4 millions de femmes n'ont pas pu reprendre le travail en Amérique latine et dans les Caraïbes

Un taux de chômage élevé de 16,4 pour cent, une forte informalité, une surcharge due aux tâches liées aux soins, sont autant de facteurs qui contribuent à accroître les écarts entre hommes et femmes sur le marché du travail. Une nouvelle note technique de l’OIT examine les politiques qui peuvent être appliquées pour rattraper le temps perdu.

Actualité | 3 mars 2022
LIMA (OIT Infos) – La crise provoquée par la pandémie de COVID-19 sur les marchés du travail d'Amérique latine et des Caraïbes a eu un impact plus important sur les femmes et a placé la région devant le défi de faire face à un recul sans précédent de l'égalité entre hommes et femmes au travail, comme le souligne une note technique publiée aujourd'hui par l'OIT.

Sur les 23,6 millions d'emplois perdus pour les femmes au pire moment de la crise, au deuxième trimestre de 2020, il en restait quelque 4,2 millions à récupérer à la fin de 2021. Pour les hommes, en revanche, les 26 millions d'emplois perdus à cette époque avaient déjà été presque entièrement récupérés.

«En ce 8 mars, Journée internationale des femmes, nous devons garder à l'esprit que nous sommes confrontés à un recul inquiétant de l'égalité entre les hommes et les femmes au travail, et que la région doit donc redoubler d'efforts pour récupérer le temps perdu et générer des opportunités d'emploi plus nombreuses et de meilleure qualité pour les femmes», a déclaré le Directeur de l'OIT pour l'Amérique latine et les Caraïbes, Vinícius Pinheiro.

La note technique de l'OIT Amérique latine et Caraïbes: Egalité entre hommes et femmes et politiques du marché du travail pendant la pandémie, qui fait partie de la série régionale intitulée Panorama du travail à l'heure du COVID-19, présente une série de données sur la situation de l'emploi féminin et analyse les stratégies qui ont été mises en pratique dans différents pays de la région.

«Il y a deux ans, lorsque la crise a commencé à la mi-mars 2020, les femmes ont été touchées par une perte catastrophique d'emplois et de revenus. Le chômage des femmes a augmenté, mais le plus choquant a été le départ massif de la population active qui a ramené les taux d'activité à des niveaux jamais vus il y a vingt ans», a commenté Mme Pinheiro.

La nouvelle note technique de l'OIT souligne que le taux d'activité régional des femmes, qui oscillait autour de 41 pour cent au début des années 1990, avait régulièrement augmenté pour atteindre 52,3 pour cent en 2019 (moyenne des trois premiers trimestres). Sur la même période en 2020, il est tombé à 47 pour cent, même si cette année-là, il y a eu des moments où la moyenne régionale a atteint 43 pour cent.

En 2021, le taux de participation a enregistré une reprise insuffisante, puisqu'il est passé à 49,7 pour cent, soit 2,5 points de pourcentage en dessous des niveaux pré-pandémiques.

Dans le même temps, au troisième trimestre 2021, le taux de chômage moyen des femmes était de 12,4 pour cent, le même qu'en 2020, ce qui signifie qu'il n'y avait pas eu d'amélioration et qu'il aurait dû baisser significativement pour revenir aux 9,7 pour cent de 2019. Il était supérieur au taux de chômage général, 10 pour cent, et à 8,3 pour cent du taux des hommes.

L'analyse de l'OIT indique que les mesures adoptées pour faire face à l'urgence sanitaire, comme la fermeture des centres d'éducation et de soins en général, ont eu un impact négatif sur la participation des femmes au marché du travail.

De plus, les secteurs d'activité où les mesures d'isolement social ont eu le plus d'impact (commerce, restaurants et hôtels, et activités de loisirs, entre autres) sont à forte intensité de main-d'œuvre féminine.

Par ailleurs, l'impact a été plus important dans l'emploi informel et dans les micro, petites et moyennes entreprises, où l'emploi féminin est également prédominant. Le travail domestique, où 91 pour cent de l'emploi est féminin et 72 pour cent est informel, a été touché par des pertes d'emplois considérables.

«La pandémie a exacerbé les inégalités structurelles existantes. Les femmes rurales, les chefs de famille avec de jeunes enfants, celles qui ont moins de formation et d'éducation, les femmes indigènes et d'origine africaine, ont été plus touchées. Les écarts entre hommes et femmes, tant en matière de participation que de revenus, persistent chez les femmes ayant les revenus les plus faibles et les niveaux d'éducation les plus bas», a commenté la spécialiste régionale de l'OIT en économie du travail, Roxana Maurizio.

L'étude de l'OIT effectue une analyse des politiques et des mesures relatives au marché du travail qui ont cherché à contribuer à l'atténuation des effets pernicieux de la pandémie et au redressement, en mettant l'accent sur celles qui tiennent compte de la perspective de genre.

«Les considérations relatives à l'égalité entre hommes et femmes doivent être une composante intrinsèque de la conception, de l'élaboration, de l'application et de l'analyse des résultats de tous les programmes et stratégies, politiques, lois et règlements mis en œuvre pendant la pandémie et au cours de la phase de redressement», indique la note technique de l’OIT.

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