Droits au travail

Les droits fondamentaux au travail peuvent aider à reconstruire en mieux après le COVID-19

Selon un nouveau document de l’OIT, les principes et droits fondamentaux liés au travail peuvent jouer un rôle primordial dans la reprise après la crise du COVID-19 et aider à reconstruire un monde du travail meilleur et plus équitable.

Communiqué de presse | 28 octobre 2020
© KB Mpofu / OIT
GENÈVE (OIT Infos) – Selon un nouveau document thématique publié par l’Organisation internationale du Travail (OIT) , les principes et droits fondamentaux au travail peuvent jouer un rôle décisif dans l’élaboration de réponses efficaces et consensuelles, propres à soutenir la reprise après la crise du COVID-19 et à permettre de reconstruire un monde du travail meilleur et plus juste.

Or, le document thématique attire aussi l’attention sur le fait que la crise menace davantage les libertés et droits au travail, en raison d’une aggravation des niveaux de pauvreté, d’inégalité et de vulnérabilité auxquels sont confrontés les pays.

Le Document thématique sur les principes et droits fondamentaux au travail face à la COVID-19 passe en revue l’ensemble des répercussions de la pandémie de COVID-19 sur le travail des enfants, le travail forcé, la discrimination, ainsi que la liberté syndicale et le droit de négociation collective. Il décrit en détail comment inverser le cercle vicieux de l’informalité, de la pauvreté et de l’exploitation pour reconstruire en mieux en ne laissant personne de côté, et signale que la nécessité urgente d’apporter une réponse intégrée à la pandémie est restée lettre morte.

Le document thématique, publié par le Service FUNDAMENTALS de l’OIT, examine les quatre principes et droits fondamentaux au travail – travail forcé; travail des enfants; discrimination; liberté syndicale et droit de négociation collective – et souligne l’importance de les intégrer dans les réponses au COVID-19 pour s’assurer qu’il n’y aura pas de laissés pour compte.

Selon le document thématique, les restrictions de liberté de mouvement et de rassemblements publics, imposées par certains pays dans le cadre de la riposte à la pandémie, rendent plus difficile la réalisation des droits de liberté syndicale et de négociation collective, tant en droit que dans la pratique, ce qui, à son tour, entrave l’élaboration de réponses à la crise qui reposent sur le consensus social. Cela touche notamment deux milliards de personnes qui travaillent dans l’économie informelle et qui, bien souvent, n’ont pas la possibilité de se faire entendre et représenter collectivement.

Des initiatives récentes visant à détecter et à combattre le travail des enfants et le travail forcé dans les chaînes d’approvisionnement mondiales sont également menacées, alors que les entreprises à tous les niveaux luttent pour faire face à la crise et aux graves chocs de demande qui y sont associés.

Protéger la vie humaine doit être notre priorité... Et pour ce faire, nous devons protéger les moyens de subsistance.»

Francesco d’Ovidio, responsable en charge du Service FUNDAMENTALS
On sait que les effets économiques, entre autres, de la pandémie aggravent le problème du travail des enfants, les familles étant contraintes de trouver de nouvelles stratégies pour survivre. Ils favorisent aussi la servitude pour dettes et un recours accru aux agences et plateformes de recrutement informelles, ce qui expose davantage les travailleurs à l’exploitation.

Par ailleurs, l’accès à une éducation de qualité est primordial pour prévenir le travail des enfants. Cette année, 1,5 milliards d’enfants ont été touchés par les fermetures d’écoles. Un tiers de ces enfants n’ont pas accès à l’enseignement à distance, et bon nombre de familles comptent sur la distribution de repas gratuits à l’école ainsi que sur les allocations en espèces qu’elles perçoivent lorsque leurs enfants vont à l’école.

Le document thématique souligne aussi les préoccupations face au fait que, dans certains pays, les fonds alloués au soutien aux victimes et aux survivants du travail forcé sont redirigés vers la lutte contre la pandémie.

La crise du COVID-19 a en outre mis en évidence la discrimination exercée contre certains groupes de travailleurs ainsi que les inégalités bien ancrées sur les marchés du travail et dans les activités de soins non rémunérées.

Le document thématique propose un cadre stratégique comportant quatre grands axes de lutte contre la crise du COVID-19, fondés sur les normes internationales du travail: stimuler l’économie et l’emploi; soutenir les entreprises, les emplois et les revenus; protéger les travailleurs sur leur lieu de travail; et s’appuyer sur le dialogue social pour trouver des solutions.

«Protéger la vie humaine doit être notre priorité», déclare Francesco d’Ovidio, responsable en charge du Service FUNDAMENTALS. «Et pour ce faire, nous devons protéger les moyens de subsistance. La force particulière de ces principes fondamentaux réside dans le fait qu’ils sont liés les uns aux autres et qu’ils se renforcent mutuellement. Faire reposer nos politiques sur ces principes permet d’ouvrir la voie à une reprise axée sur l’inclusion sociale et économique et de garantir que les besoins des plus vulnérables seront pris en compte.»