La réponse de l'OIT à la crise des réfugiés syriens

En Jordanie, les réfugiés syriens reçoivent des permis de travail mais les difficultés persistent

Une nouvelle étude, préparée en étroite collaboration avec le HCR, examine les effets de la délivrance de permis de travail aux réfugiés syriens en Jordanie, qui s’est traduite par l’entrée officielle de milliers d’entre eux sur le marché du travail jordanien.

Actualité | 28 juin 2017
AMMAN, Jordanie (OIT Infos) – Une nouvelle étude de l’OIT, préparée en étroite collaboration avec le HCR, a permis de constater que les permis de travail donnent à la majorité des travailleurs syriens réfugiés un sentiment de stabilité et de sécurité. Pourtant des efforts supplémentaires doivent être faits pour améliorer leurs conditions de travail en général.

L’engagement pris, l’an dernier à la conférence de Londres, par le gouvernement jordanien de supprimer les obstacles à l’emploi légal a fait que des milliers de réfugiés syriens ont obtenu un permis de travail, leur donnant accès à de meilleurs emplois, régularisés, et à des salaires plus élevés. Cette grande avancée a aussi conféré aux réfugiés syriens un fort sentiment de sécurité selon l’étude.


«D’après ce que nous ont dit les réfugiés, ils pensent vraiment que l’autorisation de travailler en Jordanie leur a apporté une bien meilleure protection, ils se sentent plus à l’aise», a déclaré Laura Buffoni, responsable principale des moyens d’existence au HCR. «Le travail, ce n’est pas seulement la dignité, ce sont aussi des ressources supplémentaires pour la famille.»

L’étude a également observé que les Syriens disposant de permis de travail gagnaient davantage que leurs compatriotes qui travaillent sans autorisation. Environ vingt pour cent de ceux qui ont été interrogés ont déclaré que leur permis de travail protégeait leurs droits au travail tandis que les autres pensaient qu’il leur apportait la stabilité de l’emploi et davantage de débouchés. Une petite minorité estimait qu’il n’apportait aucun avantage.

«A travers cette enquête, nous voulons comprendre comment, un an après le Pacte jordanien, la situation des travailleurs syriens a évolué, que ce soit pour ceux qui ont obtenu un permis de travail ou pour ceux qui ont encore du mal à l’obtenir. Nous voulons savoir si les permis de travail ont affecté les conditions de travail des Syriens», a déclaré Maha Katta, coordinatrice de l’OIT pour la réponse à la crise des réfugiés syriens en Jordanie. «Un permis de travail ne rime pas automatiquement avec des conditions décentes de travail. C’est néanmoins une étape vers la régularisation des travailleurs et un moyen de les faire accéder à de meilleures conditions de travail.»


L’étude montre que les conditions de travail, y compris les mesures de sécurité et de santé au travail, les horaires de travail et la sécurité sociale, doivent encore s’améliorer. La majorité des répondants syriens qui possèdent un permis de travail ne sont pas couverts par la sécurité sociale. Environ 64 pour cent des travailleurs syriens titulaires ou non d’un permis de travail ont fait état de mesures de santé et sécurité au travail inadéquates.

L’étude – réalisée sur la base de 450 questionnaires, de consultations sur le terrain et de groupes de discussion avec les responsables de la communauté réfugiée, des travailleurs syriens et leurs employeurs – s’est surtout intéressée aux secteurs de l’agriculture, de la construction et des services.

Le gouvernement jordanien, à travers son Pacte, qui fut présenté à la Conférence de Londres sur la Syrie en 2016, a convenu d’autoriser l’accès des Syriens à certaines professions du marché du travail, en contrepartie d’un meilleur accès de la Jordanie au marché européen, à des prêts à taux bonifié et à une augmentation des investissements étrangers dans le pays.

Ainsi, la Jordanie a simplifié les formalités pour l’obtention d’un permis de travail et accepté de délivrer gratuitement ces permis aux réfugiés syriens pendant une période définie. Selon les chiffres fournis par le gouvernement, entre décembre 2015 et décembre 2016, le nombre de Syriens titulaires d’un permis de travail est passé de 4 000 à environ 40 000.

Le nombre de réfugiés syriens atteint environ 1,3 million selon les autorités jordaniennes, dont 657 000 enregistrés par le HCR; l’immense majorité d’entre eux vit en zone urbaine.

Contacts presse:

OIT: Salwa Kanaana, Chargée régionale de la communication et de l’information publique, +961 1 752 400 (Ext 117), kanaana@ilo.org
HCR: Olga Sarrado Mur, Relations extérieures du HCR, +962 (0) 79 761 77 99, SARRADO@unhcr.org