Migration de main-d’œuvre

Le Directeur général de l’OIT se prononce en faveur d’un programme pour des migrations équitables

Le Directeur général de l’OIT, Guy Ryder, préconise une meilleure coordination nationale et internationale des politiques migratoires au Forum mondial sur les migrations et le développement à Stockholm.

Actualité | 16 mai 2014
Directeur général de l’OIT, Guy Ryder
STOCKHOLM (OIT Info) – Nous avons besoin d’un programme pour des migrations équitables qui respectent les droits des travailleurs migrants et offrent de réelles perspectives de travail décent, a déclaré le Directeur général de l’OIT, Guy Ryder, lors d’une réunion internationale sur ce thème.

S’exprimant en tant que président actuel du Groupe mondial sur la migration (GMM) dans le cadre du Forum mondial sur les migrations et le développement à Stockholm, M. Ryder a déclaré qu’une «élaboration conjointe des politiques était nécessaire au niveau national et international pour garantir que les migrations soient équitables pour tous».

M. Ryder s’est réjoui des progrès enregistrés par le GMM depuis sa formation par le Secrétaire général des Nations Unies en 2006 et a mis en exergue le travail effectué par les 16 agences qui en sont membres pour améliorer la coordination internationale et la protection des droits humains des migrants.

«Le GMM prône un renforcement de la coopération stratégique sur les migrations dans le cadre du Programme de développement pour l’après 2015, tant en termes de protection des droits que de promotion des migrations comme activateur de développement», a-t-il rappelé.

«Les agences du GMM aident les Etats membres à étendre les mesures de protection aux migrants et financent des programmes qui apportent un appui direct aux migrants et à leur famille», a-t-il ajouté.

Elever le niveau des débats

Au cours du forum, M. Ryder a déclaré que les migrations restaient un problème épineux dans les débats politiques et qu’un travail devait être mené pour éclairer la discussion au niveau national et international.

«Si les préoccupations liées aux migrations dans certains pays sont compréhensibles, elles ont souvent été bâties sur des perceptions erronées qui peuvent nuire à la cohésion sociale si l’on ne les corrige pas», a-t-il affirmé.

«Les gens ont tendance à croire que les immigrés sont plus nombreux dans leur pays qu’ils ne le sont en réalité, et que les migrants tirent généralement davantage profit des systèmes de protection sociale qu’ils n’y contribuent, alors que c’est exactement le contraire en réalité», a-t-il ajouté.

En fin de compte, ce ne sont pas les migrations qui posent problème, c’est la pénurie d’emplois décents."
Guy Ryder
M. Ryder a demandé des données de recherche plus fiables pour améliorer la compréhension des effets des migrations et affirmé que la pénurie actuelle «constituait un obstacle constant à une politique migratoire et une organisation efficaces, ce qui contribue en partie à la détérioration de la perception des migrants dans l’opinion publique».

Il a souligné les efforts déployés par les agences du GMM, y compris l’OIT, pour améliorer la base des connaissances destinées aux responsables politiques et à l’opinion publique.

Pour dissiper les inquiétudes concernant le dumping social qui tire les salaires et les conditions de travail vers le bas, M. Ryder a déclaré que «la meilleure réponse était de veiller à ce que les travailleurs migrants jouissent des mêmes conditions et rémunérations que les travailleurs locaux».

«En fin de compte, ce ne sont pas les migrations qui posent problème, c’est la pénurie d’emplois décents», a-t-il ajouté.

Protéger les plus vulnérables

Malgré des expériences positives qui peuvent et doivent être citées, M. Ryder a mis en garde contre le fait que les migrations sont encore trop souvent associées à d’inacceptables violations des droits de l’homme et des droits au travail. Il a conclu que l’inaction dans ce domaine revenait à abdiquer ses responsabilités.

Le sort des migrants dans la crise, pris au piège des conflits ou des catastrophes climatiques, doit faire l’objet de stratégies de gestion ciblées. Le Directeur général a noté que des principes et directives étaient en cours d’élaboration en vue d’assister les Etats pour qu’ils adoptent des mesures adéquates de gouvernance des frontières.

«La mondialisation signifie que les stratégies de développement durable ne peuvent aboutir pleinement en l’absence de partenariats transfrontaliers solides», a-t-il rappelé.

M. Ryder a décrit le marché mondial du recrutement des migrants comme anarchique, nécessitant une véritable réglementation coordonnée pour garantir un recrutement équitable et éthique des travailleurs venus de tous les pays.

Des progrès ont été réalisés, a-t-il dit, y compris grâce à l’Initiative de l’OIT pour un recrutement équitable et au Système d’intégrité du recrutement international de l’Organisation internationale des migrations, conçus pour forger des pratiques conformes aux normes de l’OIT, telles que la convention n° 181.

Le rôle des inspecteurs du travail a également dû être clarifié, a-t-il dit, pour garantir que tous les travailleurs, quels que soient leur nationalité et leur statut juridique, sont protégés.

Faire de la migration équitable une réalité

M. Ryder a souligné qu’il était possible de construire des régimes migratoires qui répondent équitablement aux intérêts des pays d’origine et de destination, d’une part, et à ceux des travailleurs immigrés et des mains-d’œuvre nationales, d’autre part.
  • Des mesures fondamentales peuvent y contribuer, et notamment:
  • Promouvoir le travail décent dans la région d’origine, pour donner corps à l’idée que la migration est un choix et pas une nécessité.
  • Amender les accords bilatéraux et régionaux pour répondre à l’évolution dynamique de la mobilité de la main-d’œuvre, et en particulier pour assurer la protection sociale et économique des migrants.
  • Garantir un système multilatéral mieux à même d’agir en faveur d’une migration équitable.
  • Reconnaître la valeur du dialogue social avec les organisations d’employeurs et de travailleurs, ainsi qu’avec d’autres acteurs concernés.
«Nous devons montrer la voie à travers des politiques qui fonctionnent», a conclu M. Ryder.

Le Directeur général de l’OIT présentera son rapport sur les migrations à la Conférence internationale du Travail à Genève le 28 mai. L’OIT exerce actuellement la présidence du Groupe mondial sur les migrations.