Conditions de travail

Une durée du travail parmi les plus longues et imprévisibles – la dure condition du travailleur domestique

Malgré une législation qui limite la durée du travail dans la plupart des pays, les travailleurs domestiques figurent parmi les moins protégés et souffrent par conséquent de problèmes de santé.

Actualité | 9 janvier 2013
GENÈVE (OIT Info) – Les heures de travail des travailleurs domestiques figurent parmi les plus longues et les plus imprévisibles de toutes les catégories de travailleurs.

Les travailleurs domestiques souvent exclus les limitations légales du temps de travail (en anglais)
Martin Oelz, de l'OIT, juriste-expert des conditions de travail
Une étude de l’Organisation internationale du Travail (OIT) révèle que leurs horaires dépassent sensiblement ceux de la population générale. Citant des enquêtes nationales sur la main-d’œuvre, l’étude indique que la durée du travail moyenne des travailleurs domestiques atteint près de 66 heures hebdomadaires en Malaisie et entre 60 et 65 heures par semaine au Qatar, en Namibie, en Tanzanie et en Arabie saoudite.

Mais de nombreux travailleurs domestiques sont exposés à une durée du travail bien plus longue en pratique – et ce en dépit du fait que pratiquement tous les pays ont fixé une limite légale générale pour la durée du travail qui varie de 40 à 48 heures hebdomadaires.

Le rapport, intitulé Domestic workers across the world: Global and regional statistics and the extent of legal protection (Les travailleurs domestiques dans le monde: statistiques mondiales et régionales et étendue de la protection juridique), rappelle que cette longue durée du travail a une incidence négative sur la qualité du travail et sur la santé et la qualité de vie des travailleurs.
Parce que très souvent on ne fait pas de distinction entre les heures travaillées et le repos, la notion d’heures supplémentaires n’existe pas, et le travail exercé au-delà des horaires normaux n’est pas du tout rémunéré."


«La longueur du temps de travail, le travail de nuit et le travail en équipe qui implique une répartition irrégulière des heures de travail comptent parmi les facteurs les plus nocifs pour la santé des employés. Ils font courir des risques particulièrement graves aux femmes, pendant et après la grossesse, et aux jeunes travailleurs», explique Amelita King-Dejardin, spécialiste du travail domestique à l’OIT.

De longs horaires de travail sont particulièrement fréquents parmi les travailleurs résidant chez l’employeur – en grande partie des migrants – dont on attend qu’ils soient disponibles à toute heure du jour et de la nuit. Ils touchent souvent une modeste somme forfaitaire sans que leurs horaires soient stipulés.


Disponibilité permanente 


Les travailleurs domestiques "à demeure" sévèrement exposés à de durs rythmes de travail (en anglais)
Ces dispositions sont basées sur l’hypothèse que le travailleur reste disponible autant que l’employeur en a besoin.

«Parce que très souvent on ne fait pas de distinction entre les heures travaillées et le repos, la notion d’heures supplémentaires n’existe pas, et le travail exercé au-delà des horaires normaux n’est pas du tout rémunéré. A l’inverse, les travailleurs domestiques non-résidents font généralement une séparation nette entre heures de travail et heures non travaillées», précise Amelita King-Dejardin.

Si les travailleurs domestiques non-résidents ont une meilleure maîtrise de leur emploi du temps, beaucoup effectuent quand même de longues heures de travail parce qu’ils cumulent plusieurs emplois afin d’augmenter leurs revenus hebdomadaires.

La plupart des pays ont fixé une limite maximum de la durée de travail et garantissent un repos hebdomadaire et un congé annuel, mais les travailleurs domestiques sont souvent exclus de la législation nationale ou couverts par des normes moins favorables que les autres travailleurs.

Plus de la moitié de tous les travailleurs domestiques n’ont aucune limite à leur durée hebdomadaire normale de travail et environ 45 pour cent n’ont aucun droit à des périodes de repos hebdomadaire ou de congés payés annuels.

La convention (n° 189) de l’OIT sur les travailleurs domestiques, 2011, qui va entrer en vigueur en septembre 2013 définit une norme de traitement égalitaire entre travailleurs domestiques et les autres travailleurs en ce qui concerne les horaires hebdomadaires normaux de travail, les périodes de repos et de congé annuel.

Plus de 45% des travailleurs domestiques dans le monde n'ont pas de jour de congé hebdomadaire (en anglais)
Plusieurs pays d’Amérique latine et des Caraïbes, d’Afrique et du monde industrialisé ont déjà étendu aux travailleurs domestiques les mêmes protections minimales qui s’appliquent aux travailleurs en général, mais le rapport indique qu’il faut faire beaucoup plus, surtout au Moyen-Orient et en Asie.