Microassurance

La microassurance, une solution avantageuse pour les migrants et les assureurs

Les migrants internationaux envoient chez eux plus de 400 milliards de dollars par an, pourtant eux et leur famille manquent souvent d’une protection sociale élémentaire. C’est là que la microassurance entre en scène.

Analyse | 29 octobre 2012
GENÈVE (OIT Info) – Les migrants font souvent office d’assurance informelle quand l’adversité frappe leur famille restée au pays, mais ils ont eux-mêmes tendance à être vulnérables et ont un accès limité à la protection sociale dans les pays d’accueil.

L’assurance peut aider à traiter certains des risques encourus mais elle est souvent trop onéreuse, complexe et difficile d’accès pour les migrants à faibles revenus.

«Ces ménages ont besoin de produits simples qui puissent être distribués facilement et à moindre frais, des caractéristiques typiques de la microassurance», déclare Craig Churchill, qui dirige le Fonds pour l’innovation en microassurance de l’OIT. «Les bénéfices pourraient être substantiels, pour les assureurs comme pour les migrants.»

Tout un éventail de mécanismes d’assurance peut leur être proposé, y compris l’assurance accident ou rapatriement, la protection des envois de fonds et la protection des familles de migrants dans le pays d’origine.

La microassurance est un modèle d’assurance destiné à protéger les pauvres contre des risques (accident, maladie, décès dans la famille, catastrophes naturelles, etc.) en échange du paiement de primes adaptées à leurs besoins, leurs revenus et leur niveau de risque.

Quelques contraintes...
Disposer d’un bon produit qui répond aux besoins des migrants n’est pas en soi une garantie de succès. Aller au devant des migrants pour leur exposer les bénéfices potentiels de l’assurance est une étape essentielle et un défi pour les assureurs.

Les assureurs ont parfois besoin de trouver des partenaires pour les aider à approcher les travailleurs immigrés. Les associations de diaspora et les agences d’envoi de fonds jouent souvent ce rôle parce que les migrants ont tendance à leur faire confiance.

Les restrictions juridiques et réglementaires constituent une autre contrainte majeure. Souvent, les assureurs ne disposent pas de licences dans le pays d’origine et dans le pays d’accueil du migrant; il est dès lors difficile d’établir quelle juridiction s’applique.

Le statut illégal de nombreux immigrés peut aussi poser de sérieux problèmes s’ils contractent une assurance dans les pays hôtes.

«Si les défis sont immenses, les avantages potentiels aussi bien pour les assureurs que pour les familles de part et d’autre des frontières, ou la formalisation de la gestion du risque informel créé par l’expatriation, peuvent être considérables», indique Craig Churchill.

Bien qu’encore rares, il existe plusieurs exemples d’assurance pour les migrants
  • L’Indonésie demande aux agences de placement – auxquelles ont recours pas moins de 95 pour cent des migrants – de leur fournir une couverture d’assurance comprenant le décès, l’invalidité, les dépenses médicales, les salaires impayés, l’expulsion et les abus physiques.
  • SeguraCaixa, une filiale de la coopérative espagnole La Caixa, offre quelques-uns des rares produits d’assurance liés aux migrants à un tarif raisonnable. En 2008, 80 000 migrants – la plupart venus d’Afrique et d’Amérique latine –étaient assurés dans le cadre de l’un des deux dispositifs qui fournissent une assurance décès.
  • La compagnie d’assurance coopérative salvadorienne Seguros Futuro a récemment lancé un produit d’assurance pour les migrants qui couvre les frais de rapatriement du corps du défunt et verse l’équivalent d’une année d’envoi de fonds en cas de décès.