Conditions de travail

L’Afrique du Sud pourrait faire davantage pour les mineurs, selon le spécialiste du secteur minier à l’OIT

La fusillade qui a fait plus de 30 morts parmi les travailleurs de la mine de platine de Marikana a braqué les projecteurs sur les conditions de travail prévalant dans le secteur minier en Afrique du Sud.

Actualité | 24 août 2012
GENÈVE (OIT Info) – L’Afrique du Sud a pris d’importantes mesures depuis la fin de l’apartheid pour s’attaquer aux conditions de travail dans l’industrie minière, mais il reste encore beaucoup de progrès à accomplir, déclare Martin Hahn, spécialiste du secteur minier à l’OIT.

«Davantage d’efforts pourraient être déployés pour mieux appliquer les réglementations minières existantes, en particulier lorsqu’il s’agit de la sécurité et de la santé des mineurs», a expliqué M. Hahn, relevant que les syndicats ont maintenu la question de la sécurité en tête de leur agenda social.

La semaine dernière, des dizaines de personnes ont trouvé la mort dans la mine de platine de Marikana, dans le Nord de l’Afrique du Sud, quand la police a tiré sur les mineurs qui revendiquaient des hausses de salaires et de meilleures conditions de travail.

M. Hahn affirme que les mineurs comme ceux de Marikana – une zone où les opérations se déroulent à la fois à ciel ouvert et en sous-sol – sont souvent exposés à une multitude de dangers: éboulements, poussière, bruits intensifs, fumées et températures élevées, entre autres.

De nombreux mineurs souffrent aussi de maladies comme la silicose et la tuberculose. Les taux de VIH peuvent aussi être élevés parce que les mineurs, parfois contraints de laisser leur famille derrière eux pour trouver du travail, sont davantage exposés à des relations sexuelles occasionnelles.

Pour ce qui est des rémunérations, les salaires sont souvent élevés pour les travailleurs hautement qualifiés comme les ingénieurs et les cadres, mais ils peuvent être très faibles pour les mineurs qui apprennent leur métier sur le tas et ont un niveau d’instruction formelle limité.

Un recul des décès

Ces dernières années, l’industrie minière a connu un grand essor en Afrique du Sud. Selon un rapport gouvernemental de 2008, le secteur employait 2,7 pour cent de la population économiquement active.

Le recul des taux de mortalité montre clairement que des efforts significatifs ont été accomplis en vue d’améliorer la sécurité des mines sud-africaines, mais il reste beaucoup à faire (...) pour que l’Afrique du Sud atteigne l’objectif de zéro décès.»
Le gouvernement a pris une série de mesures pour améliorer les conditions de travail dans le secteur minier. De fait, le nombre de morts dans les mines d’Afrique du Sud a reculé, passant de 774 en 1984 à 128 en 2010.

Le tournant s’est opéré avec la réforme de la législation du pays concernant les mines. La réforme a été menée en application des principes de la convention (n° 176) sur la sécurité et la santé dans les mines, 1995.

«Le recul des taux de mortalité montre clairement que des efforts significatifs ont été accomplis en vue d’améliorer la sécurité des mines sud-africaines, mais il reste beaucoup à faire pour créer une culture indispensable de prévention en matière de sécurité et de santé dans chaque mine, et pour que l’Afrique du Sud atteigne l’objectif de zéro décès», observe M. Hahn.

Il ajoute enfin que les conditions de travail peuvent varier considérablement selon qu’il s’agit d’une mine récente ou ancienne, qu’elle est à ciel ouvert ou souterraine, selon sa profondeur et le type de minerai qui en est extrait.