L’OIT accompagne la Tunisie dans ses efforts pour faire de l’emploi de qualité l’objectif de sa croissance économique

Dans un nouveau rapport sur la situation économique et l’état de l’emploi en Tunisie, l’Organisation internationale du Travail (OIT) offre une analyse approfondie de l’économie et du marché du travail de Tunisie et l’invite à prendre une série de mesures pour remettre l’économie sur pied, créer des emplois de qualité, augmenter les salaires et promouvoir l’égalité et la protection sociale.

Communiqué de presse | 4 octobre 2011

GENEVE (NOUVELLES DU BIT) – Dans un nouveau rapport “Tunisie: un nouveau contrat social pour une croissance juste et équitable”, publié par l’Institut international d’études sociales du BIT” sur la situation économique et l’état de l’emploi en Tunisie, l’Organisation internationale du Travail (OIT) appelle à investir massivement dans la création d’emplois de qualité, en particulier pour les jeunes chômeurs toujours plus nombreux.

Le rapport de l’Institut international d’études sociales offre une analyse approfondie de l’économie et du marché du travail de Tunisie et l’invite à prendre une série de mesures pour remettre l’économie sur pied, créer des emplois de qualité, augmenter les salaires et promouvoir l’égalité et la protection sociale.

Par le passé, l’économie tunisienne avait souvent été louée pour ses réalisations macroéconomiques et sa compétitivité, tout comme pour son système éducatif, mais l’étude affirme qu’en réalité, la croissance économique était fondamentalement inéquitable.

«En dépit d’une croissance économique soutenue et d’une main-d’œuvre très instruite, l’économie n’a pas créé suffisamment d’emplois ni réussi à les maintenir en fin de compte», constate Raymond Torres, Directeur de l’Institut. Le rapport ajoute qu’avec environ 30 pour cent, le taux de chômage des jeunes Tunisiens se situait parmi les plus élevés au monde; mais il a été négligé au prétexte que la croissance économique était forte.

«Le nouveau contexte politique représente une véritable chance d’accès à la croissance pour tous et donc à la prospérité réelle», a ajouté M. Torres. Cela implique de faire face à certaines faiblesses structurelles, et notamment:

    Un déficit majeur en termes de création d’emplois de qualité: la main-d’œuvre a augmenté pour passer de moins de 3 millions en 1994 à environ 4 millions en 2010. Entre 2004 et 2007, la création nette de 77 000 emplois a été enregistrée, mais il s’agissait en majorité de postes peu qualifiés.

    Un décalage entre les emplois créés et les compétences de la main-d’œuvre: le taux de chômage pour les diplômés du supérieur a grimpé de 14 pour cent en 2005 à près de 22 pour cent en 2009, alors qu’il a reculé pour les personnes non diplômées pendant la même période.

    Un faible niveau d’investissement privé: Malgré des taux de profit en hausse, l’investissement a subi une baisse entre 1990 et 2007: l’investissement privé exprimé en pourcentage du PNB a reculé de1,2 point de pourcentage. La Tunisie fut l’un des trois seuls pays de la région d’Afrique du Nord-Moyen Orient (avec l’Algérie et l’Egypte) à connaître un recul de l’investissement exprimé en pourcentage du PNB au cours de cette période.

    Des salaires faibles: Entre 2004 et 2007, les salaires réels ont augmenté d’à peine 2 pour cent en moyenne annuelle, ce qui est inférieur à la hausse moyenne annuelle de la productivité de près de 3 pour cent pendant la même période.

    Une forte émigration: On estime que le nombre de travailleurs tunisiens qualifiés présents en Europe a doublé au cours des années 1990, une tendance qui s’est poursuivie dans les années 2000. De tout temps, l’émigration élevée a soulagé une partie de la pression qui s’exerçait sur le marché du travail tunisien mais, avec la crise mondiale, l’accès aux marchés du travail étrangers est devenu plus difficile, accentuant d’autant les tensions sociales internes.

    Des inégalités persistantes entre hommes et femmes: En 2010, malgré une meilleure éducation, le taux d’activité des femmes n’était que de 24,8 pour cent contre 69,5 pour cent pour les hommes, tandis que le taux de chômage des femmes atteignait 19 pour cent contre 11 pour cent pour les hommes.

    Des lacunes en matière de protection sociale: Par exemple, le pourcentage des chômeurs recevant des allocations chômage n’était que de 3 pour cent en 2008, l’équivalent de 13 000 personnes seulement.

Se tournant vers l’avenir, le rapport indique qu’un «certain nombre de mesures ont été prises par les nouvelles autorités (…), en particulier en ce qui concerne le chômage des jeunes», mais il ajoute que cet élan devrait être utilisé pour faire face aux défaillances du marché du travail et pour améliorer le dialogue national sur les enjeux essentiels.

Tous ces thèmes ont fait l’objet de discussions qui ont eu lieu lors d’une journée d’études organisée en Tunisie le 28 septembre dernier par l’Institut national du Travail et des Etudes sociales (INTES), en collaboration avec l’Association tunisienne de Droit social (ATDS) ainsi que l’Association des Anciens de l’INTES. Entre autres mesures complémentaires évoquées lors de cette journée, on trouve notamment la nécessité de briser les vieux schémas de développement en encourageant des investissements privés plus vastes et en favorisant des créations d’emplois plus vigoureuses et plus durables grâce à des politiques innovantes qui fassent progresser le pays en matière technologique et qui prennent en considération l’existence en Tunisie d’une main d’œuvre qualifiée. Il a aussi été question d’améliorer l’efficacité et la solvabilité du système de protection sociale, pour encourager le dialogue entre employeurs et travailleurs sur les salaires, les droits des travailleurs et pour instaurer un climat propice à l’investissement.

«Comme la Tunisie va de l’avant, une occasion unique se présente d’adopter une nouvelle stratégie socioéconomique qui améliore les perspectives d’emploi et d’investissement pour tous, préparant le terrain à une croissance durable», a conclu M. Torres.

Pour obtenir des informations complémentaires ou pour organiser des interviews avec les auteurs du rapport, merci de contacter le Département de la communication et de l’information publique du BIT au +4122/799-7912, communication@ilo.org.