99e Conférence internationale du Travail
Les dirigeants de «l’économie réelle» débattent des réponses politiques à apporter à la crise mondiale de l’économie et de l’emploi
Les dirigeants de l’économie réelle, réunis lors de la conférence annuelle de l’Organisation internationale du Travail, ont participé à un débat de haut niveau sur les meilleurs moyens de sortir de la crise mondiale de l’économie et de l’emploi; ils invitent à adopter d’urgence une approche politique équilibrée qui allie reprise économique et croissance de l’emploi.
GENÈVE (Nouvelles du BIT) – Les dirigeants de l’économie réelle, réunis lors de la conférence annuelle de l’Organisation internationale du Travail, ont participé à un débat de haut niveau sur les meilleurs moyens de sortir de la crise mondiale de l’économie et de l’emploi; ils invitent à adopter d’urgence une approche politique équilibrée qui allie reprise économique et croissance de l’emploi.
Deux panels de haut niveau avaient été conviés à la Conférence internationale du Travail dans un contexte de montée des inquiétudes quant au chômage, qui reste à son plus haut niveau jamais atteint, et quant à l’impact de la crise de la dette souveraine et des récentes décisions visant à réduire les déficits, à imposer des mesures de rigueur et à prendre d’autres mesures de consolidation budgétaire.
Beaucoup d’intervenants ont exprimé leur plein soutien au Pacte mondial pour l’emploi et à l’Agenda pour le travail décent de l’OIT qui forment un socle pour sortir durablement de la crise.
Les deux tables rondes ont été organisées afin de débattre des solutions pour forger une reprise riche en emplois et générer une croissance plus durable et équilibrée, en faisant de l’emploi un objectif macroéconomique au même titre que la maîtrise de l’inflation et des déficits. Elles ont également abordé la question de l’apport de l’emploi productif et de la protection sociale à la réalisation de progrès plus rapides pour atteindre des objectifs de développement convenus au plan international tels que les OMD.
«L’OIT a contribué à ouvrir la voie avec le Pacte mondial pour l’emploi qui a fait passer l’emploi en tête des priorités», a déclaré le Secrétaire général des Nations Unies Ban Ki-Moon dans un message préparé pour cette discussion. «Le moment est venu d’aller encore plus loin. La reprise n’a aucun sens si les gens en sont informés par la presse. Les hommes et les femmes qui travaillent doivent en ressentir les effets dans leur propre vie et dans leurs moyens de subsistance. Autrement dit, une véritable reprise doit agir sur l’économie réelle.»
Parallèlement, certains orateurs ont cité des exemples de politiques socio-économiques équilibrées qui avaient été adoptées en réponse à la crise. Le ministre brésilien des Relations extérieures, Celso Amorim, a affirmé qu’une stratégie de renforcement de l’économie réelle qui donnait la priorité à la justice sociale avait contribué à atténuer les effets de la crise économique mondiale au Brésil, ajoutant: «La paix, la coopération et le commerce équitable seront les nouveaux horizons du développement».
La Secrétaire du Travail des Etats-Unis, Hilda Solis, s’exprimant dans un message vidéo, a présenté les conclusions de la réunion des ministres de l’Emploi et du Travail du G20 qui s’était déroulée en avril dernier à Washington, relevant que la réunion avait mis en exergue le rôle du Pacte mondial pour l’emploi et de l’Agenda pour le travail décent qui constituent des «ressources utiles pour les gouvernements lorsqu’ils élaborent de nouvelles mesures pour traiter les questions liées à l’emploi et aux systèmes de protection sociale».
D’autres intervenants ont également rappelé le rôle de la protection sociale comme dimension essentielle de la réponse à la crise. M. Gilles de Robien, représentant la France, Président de la Conférence, a déclaré qu’une succession de crises avait montré que la «protection sociale est à la fois un amortisseur social et un stabilisateur pour l’économie, au moins dans les pays où ce type de protection existe».
Les panélistes ont aussi tiré la sonnette d’alarme: l’accélération de la crise de la dette souveraine, associée à des politiques gouvernementales conçues pour comprimer les dépenses publiques aux dépens de la création d’emplois, menace de stopper voire de réduire à néant les progrès accomplis en vue de la réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement, à savoir la réduction de la pauvreté et la promotion du développement, d’ici à 2015.
M. Valentin Mocanu, Secrétaire d’Etat, ministère du Travail, de la Famille et de la Protection sociale de Roumanie, a noté que la Conférence venait tout juste de conclure des discussions historiques sur les questions d’emploi qui ont souligné que l’OIT et ses partenaires sociaux avaient «des rôles majeurs à jouer pour faire progresser l’objectif d’un cadre macroéconomique orienté vers l’emploi. Nous avons demandé au Bureau d’améliorer et de mieux coordonner ses capacités techniques et analytiques afin d’examiner les politiques macroéconomiques sous l’angle de leur efficacité en termes d’emploi».