90e anniversaire

L’OIT marque son 90e anniversaire en lançant un dialogue mondial sur le travail décent et la mondialisation équitable

Pendant la pire crise financière et de l’emploi depuis la dépression de 1929, l’Organisation internationale du Travail va marquer son 90e anniversaire la semaine du 21 au 28 avril. Au cours de cette semaine, une série d’événements sont organisés dans plus de 100 pays à travers le monde, autour du thème du dialogue social sur le travail décent pour une mondialisation équitable. Ce, afin de lancer un dialogue mondial destiné à renforcer l’espoir et l’action face aux difficultés du monde du travail

Communiqué de presse | 20 avril 2009

GENEVE (Nouvelles du BIT) – Pendant la pire crise financière et de l’emploi depuis la dépression de 1929, l’Organisation internationale du Travail va marquer son 90e anniversaire la semaine du 21 au 28 avril. Au cours de cette semaine, une série d’événements sont organisés dans plus de 100 pays à travers le monde, autour du thème du dialogue social sur le travail décent pour une mondialisation équitable. Ce, afin de lancer un dialogue mondial destiné à renforcer l’espoir et l’action face aux difficultés du monde du travail (Note 1).

Les événements organisés à l’échelle locale sont très variés, avec des débats impliquant travailleurs, employeurs, chefs d’Etat et de gouvernement, parlementaires, universitaires et représentants de la société civile. Des cérémonies de ratification de normes internationales du travail, de lancement de programme par pays pour le travail décent, et de remise de prix national pour le travail décent, ainsi que des salons de l’emploi et des colloques pour explorer des solutions à la crise, sont au programme de cette semaine commémorative. Un nouvel ouvrage intitulé «L’Organisation internationale du Travail et la quête de justice sociale, 1919-2009» est également publié à cette occasion.

«Ces événements vont avoir lieu dans un contexte difficile de progression du chômage et de sous-emploi, fermetures d’entreprises, détérioration des conditions de travail, menace grandissante à l’égard des droits au travail, poussée des inégalités, de la pauvreté et de l’insécurité», déclare le Directeur général du BIT Juan Somavia.

«Nous célébrons cet anniversaire alors que nous traversons une profonde crise économique et sociale», a déclaré M. Somavia dans une allocution à l’occasion de l’anniversaire de l’OIT. «Le message universel, le mandat et la méthode de l’OIT seront répercutés au niveau local.»

Pour l’OIT, une crise a toujours annoncé un changement. L’Organisation est née après la première guerre mondiale, à partir du principe «qu’une paix universelle et durable ne peut être fondée que sur la base de la justice sociale», tel qu’exprimé dans sa Constitution. Au cours des neuf décennies qui se sont écoulées depuis, l’OIT a fait face à de nombreuses crises dans le monde du travail grâce à des valeurs intemporelles, des messages politiques cohérents et une action pratique en faveur de la justice sociale.

Les instruments élaborés au sein de l’OIT – grâce une représentation directe des gouvernements, des employeurs et des travailleurs – ont servi de base pour beaucoup de législations du travail dans le monde et ont permis de développer des domaines clés du monde du travail. Ils couvrent les conditions de travail, la sécurité et la santé au travail, la sécurité sociale, la promotion de l’emploi, le développement des ressources humaines et les objectifs fondamentaux de la liberté d’association et de la négociation collective, de l’abolition du travail forcé ainsi que du travail des enfants et de la non-discrimination. Les instruments s’attachent également à traiter des problématiques liées à des groupes spécifiques dont les populations indigènes, les travailleurs migrants et les travailleurs handicapés.

L’OIT est engagée avec les constituants de ses 182 Etats Membres dans des missions variées incluant des activités normatives, de recherche, de conseil en matière de politiques, de partage d’information et de coopération technique.

L’expression contemporaine de la mission historique de l’OIT est incarnée dans le concept de Travail décent, défini comme la possibilité pour toutes les femmes et les hommes d’obtenir un travail dans des conditions de liberté, d’équité, de sécurité et de dignité humaine. L’Agenda pour le travail décent de l’OIT a été largement approuvé aux niveaux mondial, régional et national. Il est centré sur l’emploi et l’entreprise, les droits au travail, la protection sociale et le dialogue social. C’est la base d’une approche équilibrée pour une action qui réponde à la fois aux attentes persistantes d’emploi décent des individus et à l’impératif de croissance productive et de développement durable.

«En temps de guerre comme en temps de paix, dans les périodes de récession comme de croissance économique, les gouvernements, les travailleurs et les employeurs ont continué de dialoguer ensemble autour des valeurs fondamentales de l’Organisation: le travail est une source de dignité; le travail n’est pas une marchandise; la pauvreté, où qu’elle sévisse, menace la prospérité générale», a rappelé le Directeur général de l’OIT. «Ce sont ces valeurs, et l’action engagée pour les concrétiser, qui ont valu à l’Organisation le Prix Nobel de la Paix en 1969; ce sont elles qui continuent d’orienter et de définir le travail que nous accomplissons aujourd’hui.»

En 2004, la Commission mondiale sur la dimension sociale de la mondialisation instaurée par l’OIT avait anticipé beaucoup des aspects de la crise actuelle, eu égard au modèle de mondialisation qui prévalait, générateur de déséquilibres globaux qualifiés comme «moralement inacceptables et politiquement insoutenables» par la Commission.

Soulignant l’opportunité qu’offrait cet anniversaire de réaffirmer les valeurs fondamentales de l’OIT et d’agir face aux incertitudes qui pèsent sur les familles et les entreprises, M. Somavia a ajouté «Il faut qu’ensemble nous fassions les choix stratégiques propres à servir l’objectif du travail décent, qui sera la voie d’accès à la justice sociale et à une mondialisation équitable. C’est notre mission, notre mandat, et notre responsabilité».

L’OIT plaide pour une approche fondée sur le travail décent pour construire une reprise productive. L’Organisation a proposé une série de mesures qui incluent de créer des emplois, notamment des emplois verts, par des entreprises durables; de développer la protection sociale; de sauvegarder les normes et principes fondamentaux au travail dans des approches intégrées tout en exploitant le potentiel créateur du dialogue pour trouver des réponses optimales.

De façon concrète et pratique, M. Somavia propose que la Conférence internationale du Travail qui doit se tenir à Genève en juin prochain s’accorde sur un Pacte mondial pour l’emploi qui aiguillonnerait la reprise économique et le lancement d’un nouveau schéma de mondialisation plus juste et sans exclus, centré sur l’Agenda pour le travail décent.

A cette occasion, l’OIT réitère son appel à une action mondiale en faveur du travail décent et invite tous les avocats d’un cap équilibré et durable, qui n’exclut personne, à se mobiliser pour le travail décent.


Note 1 – La Conférence de la Paix à Versailles a approuvé la version finale de la Constitution originale de l’OIT le 28 avril 1919.