Réunion de l'OIT sur l'emploi et les conditions de travail dans l'hôtellerie, la restauration et le tourisme

GENÈVE (Nouvelles du BIT) ­ Le secteur du tourisme et des voyages est l'un de ceux qui connaissent la plus forte expansion dans le monde. Il est également l'un des premiers créateurs d'emplois et, de plus en plus, d'emplois qualifiés. Mais «les conditions d'emploi et de travail qu'il offre sont peu attirantes par rapport à celles qu'offrent d'autres secteurs», comme le révèle un rapport que vient de publier le Bureau international du Travail.

Communiqué de presse | 12 mai 1997

GENÈVE (Nouvelles du BIT) ­ Le secteur du tourisme et des voyages est l'un de ceux qui connaissent la plus forte expansion dans le monde. Il est également l'un des premiers créateurs d'emplois et, de plus en plus, d'emplois qualifiés. Mais «les conditions d'emploi et de travail qu'il offre sont peu attirantes par rapport à celles qu'offrent d'autres secteurs», comme le révèle un rapport ( Note 1) que vient de publier le Bureau international du Travail.

A l'avenir, la croissance de ce secteur et ses promesses d'emplois seront tout de même supérieures à celles d'autres activités, surtout dans les pays dont le potentiel touristique reste inexploité.

Comment concilier l'amélioration de l'emploi ­ en nombre et en qualité ­ et la rentabilité de cette activité en plein essor? Telle est la questions à l'ordre du jour de la Réunion tripartite qui se tiendra au siège du BIT, à Genève, du 12 au 16 mai. Y participeront 78 délégués représentant les travailleurs, les employeurs et les gouvernements de 50 pays.

Le rapport du BIT fournit des estimations sur l'importance de l'hôtellerie, de la restauration et du tourisme. En 1995, ces activités occupaient, directement ou indirectement, près de 11 pour cent de la main-d'uvre mondiale, soit plus de 200 millions de personnes; effectif qui devrait passer à 340 millions en 2005. En chiffres absolus, plus de la moitié des salariés du secteur, soit près de 108 millions, se trouvent en Asie du Sud et en Chine; environ 8 millions en Australie, au Japon et en Nouvelle-Zélande; 18 millions dans l'Union européenne; 16 millions en Amérique du Nord.

En proportion, le secteur représente près du quart des emplois dans la région Caraïbes, alors que ce pourcentage se situe entre 8 et 12 ailleurs dans le monde. En 1995, le secteur représentait 10,9 pour cent du PIB (Produit intérieur brut) mondial et versait 1600 milliards de dollars des Etats-Unis en salaires, selon le World Travel and Tourism Council (WTTC). Mesuré en nombre d'arrivées internationales, le tourisme devrait doubler d'ici 2010 pour atteindre le milliard. Selon les prévisions, la croissance la plus forte est attendue en Asie de l'Est et dans le Pacifique, suivis par l'Asie du Sud.

Le rapport du BIT relève les grandes caractéristiques du travail dans les activités de l'hôtellerie, de la restauration et du tourisme, où les petites entreprises dominent: faible progression des salaires, heures supplémentaires, horaire irrégulier (travail de nuit et le week-end), travail à temps partiel et saisonnier. Il s'ensuit une rotation importante des effectifs, qui «est certainement l'une des principales difficultés auxquelles se heurtent aussi bien les employeurs que les salariés de ce secteur».

Ces facteurs, associés à l'adaptation aux nouvelles technologies et à la diversification des services, impliquent que les travailleurs qualifiés se voient offrir de meilleurs salaires dans les hôtels, les cuisines et les agences de voyage modernes et bien équipés tandis que les travailleurs moins qualifiés voient les leurs stagner. Les organisations de travailleurs s'inquiètent donc de ce que les gains de productivité «risquent de n'entraîner aucune amélioration des conditions d'emploi et de travail, de déboucher sur une réduction des rémunérations et des possibilités d'emploi». De leur côté, les employeurs soulignent que «les nouvelles technologies supposent une main-d'uvre plus qualifiée et des structures hiérarchiques moins rigides, ce qui donne plus de responsabilités aux travailleurs».

Le rapport relève également que les grandes chaînes d'hôtels et sociétés de voyage sont conscientes qu'il est nécessaire de stabiliser la main-d'uvre et de moderniser la gestion des ressources humaines, mais que partout l'on constate l'irrégularité des horaires de travail, l'augmentation du travail à temps partiel et la stagnation des salaires.

De même, l'application des nouvelles technologies, la différenciation des produits et l'accentuation de la concurrence ont conduit les employeurs à renouveler leurs méthodes de gestion des ressources humaines ce qui constitue un défi aussi bien pour les travailleurs que pour les directions et rend indispensable l'instauration de bonnes relations professionnelles.

Par exemple, l'informatisation des hôtels induit un contrôle plus rigoureux des résultats des salariés et une occupation plus rationnelle du temps de travail en permettant d'affecter le personnel suivant l'évolution des besoins. Il s'ensuit des horaires plus fexibles et plus de travail à temps partiel. Le rapport relève que les salariés de «l'hôtel de demain» devront être au fait des dernières techniques. Toutefois, «il en résultera que, parallèlement à la réduction du coût global de la main-d'uvre, on assistera à une augmentation de son coût unitaire.»

Dans la restauration, l'utilisation de produits alimentaires préparés à l'avance devrait réduire la qualification exigée du personnel de cuisine et se traduire par des économies. Mais «cette déqualification entraînera une baisse des rémunérations.»

Dans les agences de voyage, le nombre de salariés décroît rapidement sous l'effet de l'informatisation, surtout dans les plus grandes entreprises. En revanche, on constate que les toutes petites agences, très proches du consommateur, se multiplient et, avec elles, de nouvelles promesses d'emplois.

Selon le rapport, enfin, il est largement admis que, dans l'hôtellerie, la restauration et le tourisme, «les établissements de formation ne répondent pas aux besoins de personnel qualifié». Les écoles hôtelières et de tourisme ont du mal à suivre l'évolution technique et, dans de nombreux pays, les structures spécialisées dans la formation du personnel de ce secteur font défaut. Bien entendu, il n'y a pas de solution miracle à l'inadéquation entre l'offre et la demande de compétences, mais le rapport souligne qu'il faut faire porter les efforts sur la formation en cours d'emploi, les transferts de technologie et l'amélioration des institutions afin de faciliter le développement des petites et moyennes entreprises.

Note 1 :

Les nouvelles technologies et les conditions de travail dans le secteur de l'hôtellerie, de la restauration et du tourisme. Rapport soumis aux fins de discussion à la Réunion tripartite sur les effets des nouvelles technologies sur l'emploi et les conditions de travail dans le secteur de l'hôtellerie, de la restauration et du tourisme. Bureau international du Travail, Genève, 1997. ISBN 92-2-210430-7.