Orphelins du SIDA au Kenya
Rosemary Wangui s'occupe de 13 enfants. Quatre sont les siens, quatre sont ceux d'une soeur qui a un jour disparu et les cinq autres ceux de sa deuxième soeur morte du SIDA. On ne comprend pas comment cette femme entretient une famille qui dépend d'elle bien qu'elle n'ait commis aucune faute.
Rosemary
Nous vivons comme nous pouvons. Par exemple, quand je trouve un travail temporaire, je peux acheter de la farine pour les enfants. Ceux qui sont en âge vont à l'école. Mais dans les moments difficiles, ils doivent eux aussi chercher du travail. C'est comme ça que nous survivons.
Il n'y a pas de soutien de famille stable dans ce foyer. John Njenga, le fils aîné de Rosemary, travaille parfois dans une carrière voisine pour gagner un dollar (80 shillings) par jour. Il a quitté l'école en 9ème après la mort de ses grands-parents et de sa tante. En tant qu'aîné, il se devait d'apporter des revenus à la famille. Il avait 12 ans.
Son cousin George a quitté l'école pour commencer à travailler à plein temps quand sa mère est tombée malade du SIDA. Jusque là, il avait l'habitude d'aider sa mère à cultiver le café seulement pendant les vacances et le week-end.
La famille a mis tous ses espoirs dans l'éducation de Lucy Njoki. Quand on a découvert que sa mère avait le SIDA, Lucy a quitté l'école pour l'aider. Mais après la mort de sa mère, une ONG a financé le retour de Lucy à l'école. Elle travaille toujours le soir et le week-end ou, comme aujourd'hui, pendant les vacances.
Mais pour Lucy le compte à rebours a commencé. A la fin de l'année, l'ONG ne financera plus ses études. Son travail temporaire est sur le point de redevenir son travail à plein temps.
Lucy Njoki
Quand je travaille dans les fermes des autres, ça ne me plaît pas. Je suis encore une enfant et à mon âge je ne devrais pas faire le travail d'un ouvrier agricole. Quelquefois je suis très fatiguée. Mais je ne peux pas arrêter de travailler avant d'avoir trouvé quelqu'un pour m'aider.
L'OIT estime que 41% des enfants du Kenya entre 10 et 14 ans sont des travailleurs agricoles. Le gouvernement du Kenya essaie de ramener les enfants à l'école dans le cadre de sa stratégie pour mettre fin au travail des enfants. Mais le SIDA remet sérieusement en question toute tentative pour y parvenir.
Muthoni Mwithiga
Par une ironie du sort, au moment même où le Kenya venait d'adopter un projet de loi pour rendre obligatoire, gratuit et obligatoire, l'enseignement primaire, le problème du SIDA dit NON, ça ne se passera pas comme ça.
Tandis que le gouvernement décide de la façon de financer son projet d'offrir une éducation gratuite et obligatoire, Lucy n'aura pas d'autre choix que de redevenir un enfant travailleur agricole.