Protocole contre le travail forcé

Le Niger, premier pays à signer pour mettre fin à l’esclavage moderne

Le Niger a ratifié le Protocole de l’OIT de 2014 à la convention sur le travail forcé, 1930. Le Protocole fait entrer la convention en vigueur dans l’ère moderne avec de nouvelles dispositions sur la prévention, la protection et l’accès de victimes à des solutions.

Audio | 5 juin 2015

Le Niger est devenu le premier pays à ratifier le Protocole à la convention sur le travail forcé, lors d’une cérémonie de signature en marge de la 104e session de la Conférence internationale du Travail à Genève. 

Pour le ministre nigérien de l’Emploi, du Travail et de la Sécurité sociale, Salissou Ada, il s’agissait d’un moment historique.

« Cela signifie beaucoup pour le Niger. Cela traduit le ferme engagement du Président de la République du Niger, Son Excellence Mahamadou Issoufou, qui a fait de la lutte contre ce fléau, contre ce mal social, son cheval de bataille. » 

Le Protocole donne un nouvel élan à la lutte mondiale contre le travail forcé, y compris la traite des êtres humains et les pratiques assimilables à l’esclavage. 

Le Directeur général de l’Organisation internationale du Travail, Guy Ryder, s’est réjoui de la ratification du Niger.

« Il s'agit, Mesdames et Messieurs, d'un moment historique. Parce qu'il s'agit de la toute première ratification du protocole qui a été approuvé par cette conférence l'année dernière. C'est le protocole à la Convention sur le travail forcé que date de 1930. »

L’OIT estime que 21 millions de personnes sont victimes du travail forcé dans le monde, générant des profits illicites d’environ 150 milliards de dollars par an. Les victimes du travail forcé sont exploitées dans l’agriculture, la pêche, le travail domestique, la construction, l’industrie, les mines et d’autres activités économiques. Les femmes et les jeunes filles en particulier sont sujettes à l’exploitation sexuelle à des fins commerciales.

Le Niger a ratifié la convention sur le travail forcé en 1961, un an après avoir obtenu son indépendance. En 2002, le Niger a adopté une loi pour prohiber l’esclavage avec des dispositions prévoyant de lourdes peines pour toute personne convaincue de détenir des esclaves. Cependant, une enquête conduite en 2008 par l’Institut national de la statistique du Niger et l’OIT avait constaté que plus de 59 000 adultes et enfants – sur une population totale de 13 millions – étaient victimes de travail forcé. Cela résultait essentiellement des vestiges de l’esclavage et de pratiques discriminatoires profondément ancrées.

Une campagne mondiale sera lancée à la fin de la Conférence internationale du Travail afin d’encourager au moins 50 pays à ratifier le Protocole sur le travail forcé d’ici à 2018. Pour entrer en vigueur, le Protocole doit être ratifié par deux Etats Membres de l’OIT.

Au Palais des Nations, Jean-Luc Martinage, OIT Genève.