Les travailleurs âgés

Ce que la question de l’âge signifie pour la population active

Un économiste principal de l’OIT évoque la différence entre l’âge de la population active et le vieillissement du marché du travail et ses répercussions sur la croissance économique.

Audio | 7 avril 2015

 
L’économie mondiale s’engage dans une nouvelle période qui verra le chômage continuer d’augmenter au fil des ans.

En 2019, plus de 212 millions de personnes seront privées d’emploi contre 201 millions actuellement, selon les Perspectives pour l’emploi et le social – Tendances pour 2015 (en anglais : WESO), une publication de l’Organisation internationale du Travail. Ce phénomène est en partie lié au ralentissement de l’offre de travail qui est elle-même partiellement affectée par le vieillissement de la population dans le monde.

Ekkehard Ernst, économiste principal à l’OIT, explique: «Le nombre de personnes âgées augmente partout dans le monde. La proportion des travailleurs âgés de 55 ans et plus dans la main-d’œuvre mondiale est passée de 10,5 pour cent en 1990 à un niveau inédit de 14,3 pour cent en 2014».

M. Ernst estime que d’ici à 2030, le nombre de travailleurs âgés dans la population active devrait encore augmenter de 270 millions pour atteindre presque 750 millions de travailleurs. Ce qui représentera plus de 18 pour cent de la main-d’œuvre totale.

Plus la main-d’œuvre vieillit, plus la probabilité des ralentissements de la croissance économique est forte. Mais ce n’est pas l’âge de la main-d’œuvre en soi qui pose problème… mais plutôt le vieillissement de la population active qui fragilise l’économie face au relâchement de la croissance économique.

M. Ernst explique la différence: «En fait, les économies qui disposent d’une population active plus âgée en moyenne peuvent connaître des accélérations de leur croissance. Les travailleurs âgés sont considérés comme un facteur dynamisant pour l’économie en raison de leur longue expérience professionnelle qui leur permet d’évaluer plus précisément, par exemple, si une nouvelle technologie sera bénéfique pour les processus de travail. Mais quand la main-d’œuvre elle-même vieillit rapidement, un décalage des compétences peut s’opérer qui est plus coûteux à gérer puisque les entreprises devront adapter le lieu de travail aux besoins des travailleurs âgés».

En général, les travailleurs âgés sont plutôt enclins à adopter de nouvelles technologies étant donné que le progrès technologique œuvre souvent en leur faveur, leur permettant de remplacer des emplois très exigeants physiquement par des tâches cognitives, et ils sont sans doute mieux armés pour cela que leurs collègues plus jeunes.

Comment les pays vont-ils contrebalancer le vieillissement de leur offre de travail? M. Ernst affirme que les travailleurs âgés devraient être incités à conserver leur emploi. Une autre part de la solution consiste à embaucher davantage de femmes.

Selon M. Ernst, «les économies qui présentent des taux d’activité féminins plus élevés subissent moins de récessions économiques. La présence de plus de femmes au travail ne rend pas seulement les économies plus résistantes aux crises économiques mais une main-d’œuvre plus féminisée est aussi un puissant dispositif anti-pauvreté».

Pour les femmes, les mesures d’incitation comprennent notamment le temps partiel, les prestations de maternité et les allocations familiales. Pour les travailleurs âgés, il s’agit de mesures comme l’allègement des charges fiscales pour les retraités.

Reportage de Carla Drysdale à l’OIT.