Tendances Mondiales de l'Emploi 2014

Les emplois à la traîne de la reprise économique

Les profits des entreprises sont en hausse et les marchés boursiers mondiaux comptent sur une autre année forte. Mais cet optimisme contraste avec la situation sur le marché du travail où le nombre de chômeurs ne cesse d’augmenter, selon le rapport de l’OIT Tendances Mondiales de l'Emploi 2014.

Audio | 21 janvier 2014
TRANSCRIPT: L'économie mondiale a connu une reprise modeste en 2013. Mais cela n'a pas entraîné d’amélioration sur un marché du travail déjà déprimé, indique l'OIT dans un nouveau rapport.

La croissance de l'emploi reste faible, le chômage continue d'augmenter, et un grand nombre de travailleurs potentiels, découragés, restent en dehors du marché du travail, selon les Tendances Mondiales de l'Emploi 2014.

Le taux de chômage mondial touchait toujours 6 pour cent de la population active en 2013, un taux inchangé par rapport à l'année précédente.

Chez les jeunes, les perspectives du marché du travail se sont encore détériorées dans presque toutes les régions et le taux de chômage des jeunes a atteint désormais plus de 13 pour cent.

La création d'emplois est tout simplement trop faible pour réduire le chômage de manière significative. Par conséquent, les demandeurs d'emploi restent au chômage sur des périodes de plus en plus longues, selon Ekkehard Ernst, l'auteur principal du rapport.

«Frustrés par les possibilités d'emploi limitées, ils abandonnent le marché du travail. Ou alors, ils sont obligés de chercher d'autres possibilités en dehors de leur champ de compétence et d'accepter des emplois en dessous de leur niveau de compétence. Depuis le début de la crise, il y a eu une augmentation considérable du
découragement et de l'inadéquation des compétences. »

Dans les pays en développement, l'emploi informel reste très répandu et l’on constate un ralentissement dans l'amélioration de la qualité des emplois. Cela signifie que moins de travailleurs réussissent à sortir de la pauvreté.

La reprise mondiale sur les marchés du travail est freinée par un déficit de la demande globale, selon Steve Kapsos, un des auteurs du rapport.

«La croissance économique augmente progressivement, mais les dépenses des ménages restent faibles, en particulier dans les pays où les salaires ont stagné et ceux où les niveaux d'endettement des ménages sont élevés. Comme les ménages dépensent peu, les entreprises, incertaines de remplir leurs carnets de commande, n’augmentent pas leurs capacités de production. Ces facteurs ont exercé des pressions sur les recettes publiques et de nombreux gouvernements ont réduit leurs dépenses qui, auparavant, avaient apporté un soutien crucial aux marchés du travail au plus fort de la crise et dans la période de récupération initiale.»

L’adoption de politiques plus favorables à l'emploi et à la hausse des salaires permettrait de stimuler la croissance économique. Dans les pays émergents et en développement, il est crucial de renforcer les socles de protection sociale et de promouvoir les transitions vers l'emploi formel, ce qui permettrait aussi de soutenir la demande globale et la croissance mondiale, indique le rapport.

Patrick Moser, à l'OIT