IRBID, Jordanie (OIT Infos) – Nawal Fahed et Naima Al Bdour s’affairent pour préparer les commandes de leurs clients dans leur modeste cuisine, dans la ville jordanienne d’Irbid. Elles font tout elles-mêmes, des gâteaux aux biscuits, des salades aux feuilles de vignes farcies, et des plats de riz du Moyen Orient.

Elles reçoivent des commandes très variées, de consommateurs individuels qui demandent des plats préparés ou des plats spéciaux pour les grandes occasions, ou de grands producteurs locaux de confiserie qu’elles approvisionnent en biscuits emballés.

«Ce qui est bien, c’est qu’on fait des plats syriens, jordaniens et palestiniens. Nous répondons à toutes les demandes de nos clients», dit la Jordanienne Al Bdour, l’une des fondatrices de l’entreprise. «Nous avons des clients à Amman, à Ramtha et ici à Irbid.»

Elles ont appelé leur entreprise de traiteur et de confiserie «Azeemet Sabaya» dont la traduction de l’arabe est «Des femmes déterminées». Elles l’ont fondée à six il y a un an – trois jordaniennes et trois syriennes qui cherchaient des opportunités de revenus pour faire vivre leurs familles.

Elles s’étaient initialement connues lors d’un programme de formation professionnelle de l’OIT en 2017, pour fabriquer des confiseries. L’OIT s’était associé à Abeedo, un fabricant local de confiseries à Irbid, pour former 33 jordaniennes et syriennes à la cuisson, la décoration et l’emballage de confiseries. Le programme de l’OIT les a également formées à vendre leurs produits et à lancer leur propre entreprise.

«Quand je suis arrivée en Jordanie en tant que réfugiée, j’ai compris qu'’il faudrait que je travaille pour subvenir aux besoins de ma famille», explique Fahed, qui a fui il y a huit ans la Syrie avec son mari et ses enfants. «J’ai participé à la formation, et j’ai tout de suite compris que je serais excellente dans la fabrication de confiseries.»

Elles donnent maintenant de l’emploi à des membres de leurs familles, et à des femmes des environs. Le mari de Fahed aide à la cuisine, et celui d’Al Bdour fait les livraisons.

«Au début, c’était difficile de faire accepter à nos maris et à nos enfants qu’on travaille à l’extérieur», se souvient Fahed. «On a commencé à faire venir nos maris et d’autres membres de notre famille travailler avec nous pour leur montrer la difficulté de ce travail et ils ont fini par travailler avec nous.»

«Nous étions des femmes à la recherche d’un emploi, mais après avoir lancé notre entreprise, c’est nous qui avons donné des emplois à d’autres», explique Al Bdour. «Nous formons d’autres femmes et nous les aidons à lancer leur entreprise à domicile.»

En juin, elles ont été invitées à vendre leurs produits au bazar d’été annuel #WithRefugees, organisé par le HCR avec l’appui de l’OIT, pour célébrer la Journée mondiale des réfugiés. Ce bazar rassemble des réfugiés de différentes nationalités pour présenter et vendre leurs produits, et toutes les recettes vont directement aux vendeurs.

«Nous sommes très heureux de pouvoir contribuer cette année encore au bazar organisé par le HCR à l’occasion de la Journée mondiale des réfugiés», déclare Patrick Daru, coordinateur national de l’OIT pour la Jordanie, le jour de l’ouverture du bazar. «Azeemet Sabaya est une histoire très spéciale pour l’OIT. C’est une réussite: après leur avoir apporté un peu de soutien avec quelques équipements et une formation, nous avons vu leur entreprise se développer pleinement. Azeemet Sabaya est un exemple parfait car non seulement cette entreprise prospère, mais elle permet de voir la valeur ajoutée des réfugiés pour les communautés locales.»

Les femmes disent que ces évènements sont essentiels pour aider les réfugiés à créer des revenus et rencontrer de nouveaux clients. «Nous sommes honorées de participer à ce bazar», dit Fahed. «Participer à un événement aussi important démontre notre succès et nous espérons continuer à participer à ce genre d’évènements en Jordanie et aussi à l’étranger.»