Santé au travail

Inde: Combattre la tuberculose dans le monde du travail

La tuberculose, l’une des principales causes de décès dans le monde, frappe souvent les personnes dans les meilleures années de leur vie active. Les lieux de travail ont un rôle essentiel à jouer en matière de prévention, de traitement et de soins de cette maladie.

Reportage | 9 avril 2018
Preeti Sawant, 39 ans, se battait contre une tuberculose multi-résistante aux médicaments depuis deux ans quand elle a été déclarée guérie de la maladie en septembre 2017.
© A.Bishnoi/OIT 2018 
MUMBAI (OIT Infos) – Preeti Sawant, 39 ans, se battait contre une tuberculose multi-résistante aux médicaments depuis deux ans quand elle a été déclarée guérie de la maladie en septembre 2017. Selon elle, c’était comme «revenir de l’enfer» mais elle dit avoir bénéficié du soutien non seulement de sa famille mais aussi de son environnement professionnel.

Mme Sawant travaille comme assistante au département juridique de BEST, l’entreprise publique de transports et d’électricité de Mumbai. Après le diagnostic de tuberculose (TB), le chef du service médical lui a dit que l’entreprise accordait un congé maladie rémunéré jusqu’à un an pour les employés souffrant de tuberculose.

«La TB a mis en péril ma santé, mon moral et ma vie de famille. Ma fille a perdu une année scolaire parce que j’étais incapable de l’aider dans ses études mais j’avais la chance d’avoir la sécurité de l’emploi dans une entreprise qui veillait sur mon état de santé», explique Mme Sawant.

La TB a mis en péril ma santé, mon moral et ma vie de famille..... mais j’avais la chance d’avoir la sécurité de l’emploi dans une entreprise qui veillait sur mon état de santé.»

Preeti Sawant
Maladie infectieuse invalidante, la tuberculose est l’une des 10 principales causes de mortalité dans le monde. Chaque année, plus de 10 millions de personnes la contractent et l’Inde représente plus d’un quart des cas, selon l’OMS. Beaucoup de patients sont en âge de travailler.

«Le monde du travail peut jouer un rôle crucial pour mettre fin à la tuberculose en Inde, en promouvant le diagnostic précoce, un traitement de qualité et en accordant le soutien nécessaire à ceux qui en sont affectés», déclare Dagmar Walter, directeur de l’Equipe d’appui au travail décent de l’OIT pour l’Asie du Sud. «Les employeurs peuvent apporter leur aide aux travailleurs touchés par cette maladie curable. Ils doivent veiller à ce qu’il n’y ait aucune discrimination, à ce que les travailleurs ne perdent pas leur emploi et soient pris en charge afin d’avoir les moyens de faire face à la maladie et de revenir à leur poste.»

L’OIT a favorisé l’élaboration d’un cadre politique national pour lutter contre la tuberculose et le VIH dans le monde du travail en Inde, en collaboration avec l’Union internationale contre la tuberculose et les maladies respiratoires (l’Union), dans le cadre du projet «Challenge TB» de l’Agence des Etats-Unis pour le développement international (USAID). «Nous avons déjà noué des partenariats avec de grandes entreprises du pays dans le domaine du VIH et du sida. Ce modèle, entièrement pris en charge par les entreprises et mis en œuvre à leurs propres frais, peut être adapté afin d’intégrer la TB», ajoute M. Walter.

Le monde du travail peut jouer un rôle crucial pour mettre fin à la tuberculose en Inde.»

Dagmar Walter, directeur de l’Equipe d’appui au travail décent de l’OIT pour l’Asie du Sud
Surendrakumar Bagde, Directeur général de BEST – qui compte plus de 40 000 employés – précise que sa société applique des «mesures efficaces de détection et de diagnostic précoces, ainsi qu’un traitement approprié aussi longtemps que nécessaire avec d’extraordinaires bénéfices».

Certaines entreprises, y compris BEST, permettent aussi d’affecter un travailleur infecté par la tuberculose ou le VIH à de nouvelles tâches si nécessaire, conformément aux directives de l’OIT concernant les aménagements raisonnables.

Une bonne politique sur le lieu de travail en matière de tuberculose présente de multiples avantages. Elle permet de maintenir le travailleur à son poste, ce qui améliore l’adhésion au traitement et réduit la stigmatisation.