Philippines: Stimuler l’entreprenariat pour soulager la crise de l’emploi

Un tiers de la population des Philippines vit dans la pauvreté et des milliers de Philippins partent chaque jour travailler à l’étranger. L’OIT encourage l’esprit d’entreprise comme alternative aux emplois salariés difficiles à trouver et à l’émigration.

Article | 16 juillet 2012
SIBAGAT, Philippines (OIT Info) – Jayson Canete souhaitait poursuivre des études d’ingénieur après avoir obtenu son diplôme de fin d’études secondaires, mais il a dû quitter l’école à l’âge de 19 ans pour subvenir aux besoins de sa famille.

Il acceptait n’importe quel emploi disponible, travaillant comme assistant de laboratoire ou dans un fast-food. «J’étais désespéré parce que je n’arrivais pas à trouver un emploi stable», déclare-t-il.

Mais il a eu une seconde chance.

L’an dernier, aux côtés de 30 autres jeunes gens, il a pris part à un programme de formation en entreprenariat de l’OIT. Maintenant, il prévoit de créer sa propre activité d’élevage porcin.

«Le programme m’a aidé à évaluer quel type d’activité pourrait marcher. J’ai décidé de monter une petite porcherie parce que je n’aurai pas à passer mes journées à m’occuper du bétail et je pourrai avoir un autre travail en parallèle», ajoute M. Canete.

Le ministère du Travail et de l’Emploi (DOLE) va lui fournir un capital de départ de 15 000 pesos (353 $).

Ces programmes ont un rôle clé à jouer dans un pays où un tiers des 95 millions d’habitants vit dans la pauvreté et ne peut souvent pas terminer sa scolarité ni trouver un emploi stable.

Comme M. Canete, de nombreux jeunes ont besoin de travailler pour aider à nourrir leur famille et envoyer leurs jeunes frères et sœurs à l’école.

Rester au pays, créer sa propre entreprise


Le programme dont M. Canete a bénéficié fait partie du projet «Alternatives à la migration: emplois décents pour la jeunesse des Philippines», visant à encourager les jeunes à saisir des opportunités d’emploi près de chez eux plutôt que de se rendre à Manille ou à l’étranger. Le projet est mis en place par l’OIT, l’UNICEF, l’OIM ainsi que DOLE.

Les Philippines se classent parmi les principaux exportateurs mondiaux de main-d’œuvre. En 2010, un total de 1,1 million de Philippins – hors gens de mer – sont partis travailler à l’étranger, selon l’Administration philippine de l’Emploi outre-mer. Ce qui se traduit par le départ de 3 000 personnes chaque jour. L’OIT estime que les jeunes – à savoir les 15-24 ans – représentent plus du tiers de ces travailleurs migrants.

«Pour trouver une alternative à l’emploi salarié, les jeunes Philippins doivent s’engager dans l’entreprenariat à un âge précoce», a récemment déclaré la secrétaire d’Etat au Travail, Rosalinda Baldoz.

A part l’élevage porcin, d’autres projets viables d’entreprenariat à petite échelle incluent les commerces de proximité, la vente de poisson et les cyber cafés.

Les instructeurs locaux formés par l’OIT vont dispenser des services de conseil, de consultance et d’accompagnement aux bénéficiaires pendant la mise en œuvre de leurs projets.

Le programme est concentré sur quatre des provinces les plus pauvres des Philippines – Masbate, Antique, Maguindanao et Agusan del Sur – où les jeunes déscolarisés et pauvres sont très nombreux et les taux de scolarisation faibles.

Mme Baldoz a appelé les partenaires du secteur privé à promouvoir l’entreprenariat, à soutenir la formation professionnelle et à adopter des programmes d’apprentissage et de formation sur le tas pour relever les défis de l’emploi des jeunes et de l’émigration.


Por Kara Santos, Reporter de l’agence IPS pour l’Asie-Pacifique.