Xe Conférence régionale africaine. La parité homme-femme et la pauvreté: semer les graines du changement

A un récent séminaire sur le commerce, deux femmes ont trouvées, l'une et l'autre, une issue à leur situation de pauvreté. A 60 ans, Hadiya a eu la chance de discuter de son travail de vente de son artisanat et de ses paillassons et ainsi de pouvoir affirmer que c'était sa façon à elle de «promouvoir l'égalité des sexes» dans son village meilleurs, sur le continent.

Article | 26 novembre 2003

A un récent séminaire sur le commerce, deux femmes ont trouvées, l'une et l'autre, une issue à leur situation de pauvreté. A 60 ans, Hadiya a eu la chance de discuter de son travail de vente de son artisanat et de ses paillassons et ainsi de pouvoir affirmer que c'était sa façon à elle de «promouvoir l'égalité des sexes» dans son village. A 40 ans, Marwe avait la même impatience de partager avec un petit groupe de femmes entrepreneurs son expérience de fabricante et de commerçante qui vendait des savons à base d'épices.

«Alors que certaines femmes choisissent de poser sur la photo aux côtés des hommes lors d'une foire commerciale, moi je vends mes savons et je donne ma carte de visite à leurs épouses.»

Ces deux femmes sont à l'avant-garde d'un nouveau programme cadre créé par le Bureau international du Travail (BIT) (IFP/SEED), un programme qui s'adresse aux femmes entrepreneurs et qui passe par la création d'emplois à travers le développement des petites entreprises, la promotion des femmes et l'égalité des sexes (WEDGE).

Hadiya et Marwe servent de modèles à 30 femmes d'affaires, représentantes d'associations de femmes entrepreneurs ou d'entreprises du sud et de l'est de l'Afrique. Toutes se sont réunies pour s'informer sur le rôle important que jouent leurs organisations en matière de défense des préoccupations de leurs adhérentes. Travaillant avec les organisations nationales d'employeurs, de telles associations de femmes entrepreneurs peuvent influencer les politiques et mettre en œuvre un certain nombre de conseils et de soutien à leurs membres. «Construire des ponts entre gouvernements, groupes de travailleurs et d'employeurs est un point clé si nous voulons obtenir des politiques en faveur des petites et micro entreprises ainsi que des politiques commerciales qui prennent en compte la promotion de l'égalité des sexes et qui sont favorables aux pauvres» dit Gerry Finnegan, spécialiste de l'OIT du programme IFP/SEED.

Le monde rural et pauvre

Aujourd'hui, la pauvreté est une réalité très présente pour les femmes et les jeunes filles d'Afrique – la plupart d'entre elles travaillent dans l'agriculture ou dans les zones rurales. Bien que l'Afrique subsaharienne compte une large proportion de femmes dans la population active – en fait plus élevé que la moyenne internationale – les femmes et les jeunes filles sont condamnées à être moins bien payées, moins bien formées et à accomplir les tâches les plus précaires. De plus, la discrimination est un obstacle très fort à la croissance et au développement. Alors que la part des emplois salariés dans le secteur agricole en Afrique subsaharienne a augmenté de 18,9 pour cent en 1990 à 28,6 pour cent en 2001, le taux de participation pour les hommes est supérieur à 80 pour cent dans toute la région.

Globalement, les femmes ont mis du temps à entrer sur le marché du travail, elles représentent maintenant la moitié de la population active dans certains pays. Jusqu'à présent, les marchés du travail restent fortement cloisonnés et un nombre extrêmement élevé de femmes sont cantonnées dans des tâches que peu d'hommes accompliraient car socialement peu reconnues ou précaires. Pour des travaux comparables, les femmes reçoivent classiquement 20 à 30 pour cent de moins que les hommes.

Il est démontré que promouvoir des emplois plus nombreux et de meilleure qualité pour les femmes est essentiel pour la lutte contre la pauvreté. Le rapport «Le travail décent au service du développement de l'Afrique», préparé pour la Xe Réunion régionale du 2 au 5 décembre à Addis-Abeba, donne des preuves tangibles du lien entre émergence de petites entreprises et possibilité d'emplois sérieux et durables – spécialement pour les femmes.

Une étude récente du BIT intitulé «Emplois, genre et petites entreprises en Afrique – Une étude sur le développement des entreprises de femmes» estime qu'en Zambie, par exemple, les micros et petites entreprises (MPE) de moins de 30 personnes emploient près de 55 pour cent de la population active. Ce chiffre atteint près de 82 pour cent quand on y inclut les membres des familles de travailleurs qui ne sont pas payés. En République-Unie de Tanzanie, des estimations récentes montrent que le secteur des MPE emploie de 3 à 4 millions de personnes, c'est-à-dire 20 à 30 pour cent du total de la population active et contribue pour 35 à 45 pour cent au produit intérieur brut.

L'émergence des institutions de microfinance favorise l'accès au crédit et à l'épargne en dehors des schémas bancaires traditionnels. Un programme similaire est le programme d'appui aux structures mutualistes ou coopératives d'épargne et de crédit (PASMEC), mené en commun par le BIT et la Banque centrale des Etats d'Afrique de l'Ouest (BCEAO) comprenant des initiatives de la base, comme les banques de village et les caisses d'épargne de femmes. Le rapport du Directeur général du BIT, Juan Somavia, s'intitulant «S'affranchir de la pauvreté par le travail» indique que la microfinance est maintenant un commerce macro au Bénin, au Burkina Faso, en Côte d'Ivoire, au Mali, au Niger, au Sénégal et au Togo, avec plus de 300 institutions de microfinance comptant plus de 4,2 millions de membres représentant un cinquième des foyers de la région.

Propulser les micro et petites entreprises

Les programmes du BIT comme SEED ou WEDGE fournissent divers services aux femmes d'affaires et à leurs défenseurs.

«Nous travaillons la plupart du temps en Afrique australe et orientale, nous y avons une structure de l'OIT et nous bénéficions pour cette région d'accords bilatéraux avec la Coopération développement d'Irlande (qui finance notre programme), indique M. Finnegan du BIT. «Nous opérons dans deux directions – le renforcement des associations de femmes et d'entrepreneurs, et aidons les femmes à obtenir le meilleur lors de leur participation dans les foires».

M. Finnegan croit que les femmes entrepreneurs qui ne connaissent pas l'existence d'appui dans les associations de femmes entrepreneurs se voient refuser l'accès à une assistance de qualité qui pourrait aider leurs résultats et la croissance de leur entreprise.

«L'échange des expériences personnelles et l'implication dans les associations n'est pas là seulement pour encourager et motiver les femmes mais aussi pour donner des occasions de coopération jointe.» dit-il. «Cela encourage le partage des ressources depuis le tout début. Notre vision à long terme est d'aider le microcommerce à devenir un petit commerce et d'aider la progression des travailleurs de l'économie informelle vers l'économie formelle.»