Nouvel espoir pour les 86 millions de travailleurs migrants dans le monde

A sa 92e session, la Conférence internationale du Travail de l'0IT a adopté un nouveau plan pour instaurer un marché équitable en faveur des 86 millions de travailleurs migrants dans le monde. Ce plan comprend une série de mesures prévoyant la gestion des migrations, la protection des droits des migrants et la prévention du trafic.

Article | 23 juin 2004

GENÈVE - Partout dans le monde, des millions de personnes sont en mouvement, occupées à des tâches qui vont des emplois subalternes, telles que la récolte des fruits, à la programmation informatique.

Le nombre total des migrants est équivalent à la population du cinquième pays le plus peuplé de la planète. Pourtant, il est impossible de représenter ici cette nation fantôme car ces travailleurs se déplacent à l'intérieur des pays, au-delà des frontières et d'un continent à l'autre, fuyant la pauvreté.

On estime que 86 millions de migrants travaillent. Et ce nombre augmentera probablement, s'il faut en croire l'Organisation internationale du Travail (OIT). En outre, presque la moitié d'entre eux sont des femmes. Vulnérables et voyageant seules, comme Milly, elles passent souvent les frontières en toute illégalité.

«Je me déplace avec un permis temporaire, car l'illégalité est dangereuse. On me prendrait tout ce que je possède. Si on a de l'argent, il faut le leur donner pour qu'ils vous laissent passer. Si on n'a pas d'argent, ils vous ramènent à la frontière.»

Les risques encourus par Milly ne sont pas spécifiques à la frontière entre le Nicaragua et le Costa Rica. Une fois qu'ils sont dans le pays d'accueil, les migrants sans papiers travaillent et vivent en marge de la société. Les abus et l'exploitation dont ils sont victimes, et qui sont le fait des employeurs, des bureaucrates corrompus et de bandes de délinquants, jouissent en général d'impunité.

Selon l'expert de l'OIT, M. Manolo Abella, il faut à tout prix éviter la marginalisation. Les pays dont les politiques favorisent une meilleure intégration sociale réussissent mieux que les autres à participer pleinement et d' une manière productive au marché du travail.

Beaucoup de migrants, comme Milly, arrivent à contourner les contrôles aux frontières et à trouver des emplois. Pour protéger les droits des migrants, et optimiser les effets positifs de la migration, ce ne sont pas des politiques plus rigoureuses qu'il faut, mais des politiques mieux faites.

Que fait l'OIT pour offrir un marché équitable aux migrants?

Les délégués de l'OIT ont adopté un nouveau plan, qui comprend un cadre multilatéral non obligatoire visant une gestion des migrations et la prévention des migrations illégales et de l'exploitation des travailleurs migrants. Ce plan est conçu pour assurer que les travailleurs migrants sont couverts par les dispositions des normes internationales du travail, en même temps qu'ils bénéficient des législations sociales et du travail nationales applicables.

«La migration est une des questions les plus controversées à laquelle le monde doit faire face aujourd'hui», a déclaré Juan Somavia, Directeur général du Bureau international du Travail.

«Ce plan d'action protège les droits d'un des secteurs les plus vulnérables … c'est une réalisation majeure qui sert de jalon pour le futur.»

Les délégués ont demandé à l'OIT de présenter le cadre d'une gestion des migrations au Conseil d' administration du BIT lors de sa session de novembre 2005. Le BIT organisera des réunions d'experts et demandera aux Etats Membres de faire connaître les meilleures pratiques afin de les inscrire dans les principes directeurs qui seront diffusés à travers les activités de coopération technique de l'Organisation, notamment celles qui visent à améliorer les capacités des pays de migration émergeants.

Selon M. Abella, du BIT: «C'est là un consensus historique des mandants tripartites partout dans le monde. Jamais auparavant un si grand nombre de pays ne se sont rassemblés pour se mettre d'accord sur la manière d'aborder ces problèmes. Pourquoi est-ce si important? Parce que non seulement les travailleurs migrants sont aujourd'hui plus nombreux que jamais, mais aussi parce qu'ils effectuent tous les ans des envois de fonds à leur pays d'origine se montant à quelque 80 milliards de dollars des Etats-Unis. Cet argent est utilisé pour améliorer le niveau de vie, pour lutter contre la pauvreté, nourrir les familles, et fournir éducation et scolarité. C'est pourquoi nous devons nous assurer que ces migrants bénéficient d'un marché équitable.»