Après le tsunami Prévention de l'exploitation des enfants à Aceh

La province indonésienne de Banda Aceh a été la région la plus touchée par le tremblement de terre et le tsunami du 26 décembre 2004. Parmi les victimes se trouvent de nombreux enfants âgés de 15 à 17 ans qui ont survécu au désastre mais vivent à présent dans des camps pour les personnes déplacées. Afin de prévenir le travail des enfants et l'exploitation de ces victimes, le BIT a lancé en mars un nouveau programme de formation dans la province de Banda Aceh.

Article | 15 avril 2005

BANDA ACEH - "J'ai vraiment eu de la chance que mes parents et mes frères et sœurs soient tous en vie après le tsunami. Je ne pouvais plus aller à l'école car elle a été détruite. A présent, je suis si heureuse de pouvoir suivre le programme de formation", raconte l'une des participantes, Halifa Annisa. "Cela m'aide à oublier ce qui s'est passé… Un jour j'aimerais être vétérinaire", ajoute-t-elle.

Halifa a été interviewée par "Smart Workers" une émission radio que le BIT a créée en partenariat avec la radio indonésienne Smart FM. Le but de l'émission est de promouvoir le nouveau programme du BIT de formation pour les jeunes et d'augmenter la prise de conscience concernant le problème du nombre d'enfants potentiellement exploitables à Banda Aceh après le tsunami.

Le programme du BIT donne aux enfants des outils pratiques qui peuvent les aider à trouver un emploi dans des secteurs où on ne les exploitera pas. Mais le programme de formation répond également à la crainte que les enfants de la province puissent devenir des victimes d'un trafic ou puissent être employés dans des travaux dangereux et peu convenables lors du processus de reconstruction.

Avec le support du Programme pour l'élimination du travail des enfants (BIT-IPEC), le programme a été implémenté par le département de Manpower de la région de Nanggroe Aceh Darussalam par le biais de son centre professionnel de formation. Durant une période de dix semaines, des groupes d'enfants plus âgés ont reçu une formation basique sur la fabrication des meubles, la couture et la broderie ou ont reçu des bases d'informatique. Un total de 192 enfants recevront une formation durant la première phase du projet.

"Nous sommes heureux d'utiliser notre expérience et nos infrastructures pour soutenir ce programme de formation pour les jeunes. Par l'investissement de la formation et la construction des qualifications des jeunes générations, nous construisons le futur d'Aceh", dit le directeur du bureau de Manpower de Banda Aceh, Manan Ganto.

En attendant, le principal conseiller technique du Projet pour le travail des enfants, Patrick Quinn, souligne que les efforts pour prévenir le travail des enfants à Aceh, et particulièrement les pires formes de travail des enfants, sont une priorité. "Nous avons besoin de nous assurer que les enfants dont les vies ont été interrompues par le désastre du tsunami ont une chance de retourner à l'école. Nous avons besoin de les aider à ne pas chuter avant la fin de leur scolarité de base", dit-il.

Selon M. Quinn, beaucoup d'enfants âgés de 15 à 17 ans travaillent déjà comme main-d'œuvre. Certains de ces enfants ont perdu leur emploi, d'autres ont vu leurs parents perdre leur moyen d'existence.

"Beaucoup de ces enfants sont dans une situation vulnérable et fragiles face à l'exploitation. Cette formation vise à fournir à des enfants plus âgés des qualifications pratiques qui peuvent les aider à trouver un emploi sûr et où on ne les exploite pas", dit-il. Un grand nombre de programmes sont déjà planifiés et commenceront dès le mois prochain.

En plus de fournir des services directs aux enfants, l'équipe BIT-IPEC travaillera aussi avec le gouvernement, les agences de l'ONU et les ONG internationales afin de renforcer le message que le travail des enfants ne doit pas être utilisé dans le processus de reconstruction.

Le nouveau programme fait partie du projet principal du BIT de prévention du travail des enfants en Indonésie. Financé par les Etats-Unis, le projet BIT-IPEC vise à assister les efforts du gouvernement pour implémenter le Plan d'action nationale pour l'élimination des pires formes de travail des enfants. Le gouvernement, les employeurs, les syndicats et les ONG sont les principaux partenaires du projet.

L'Indonésie a fait des progrès significatifs dans l'amélioration de l'éducation, particulièrement au niveau élémentaire. Cependant, plus de la moitié des enfants qui entrent à l'école ne terminent pas les neuf années d'éducation basique du programme national. Beaucoup de ces enfants qui quittent l'école se retrouvent sur le marché du travail et sont vulnérables à l'exploitation.

Au niveau local, des programmes d'action (dans six provinces incluant à présent Nanggroe Aceh Darussalam) visent à sortir les enfants des pires formes de travail et à aider les enfants vulnérables à ne pas se retrouver dans de tels emplois. Les secteurs couverts par le projet sont le secteur minier, de la pêche en haute mer, de la chaussure, du trafic de drogue et du trafic des enfants.

Dans ce contexte, il est important de mentionner que le nouveau Plan de développement national à moyen terme pour 2005-2009 se réfère au besoin d'implémenter le Plan d'action nationale contre le travail des enfants. C'est la première fois que le travail des enfants a été reconnu dans le Plan de développement national pour l'Indonésie.

Pour de plus amples informations, contactez Gita Lingga, Bureau du BIT de Jakarta, tél.: (6221)391-3112 ext. 155.