Centres de services de l'emploi en Afghanistan En Afghanistan, «s'ils travaillent, les hommes n'ont pas le temps de faire la guerre»

Selon les estimations, 30 pour cent de la main-d'œuvre afghane sont au chômage. En outre, environ 100 000 anciens combattants vont arriver sur le marché du travail et des centaines de milliers de réfugiés rentrent chez eux. Bien qu'une grande majorité d'entre eux (de 70 à 80 pour cent) retournent dans leur village et trouvent des moyens de subsistance dans le secteur agricole, un nombre considérable de ceux qui rentrent au pays, dont beaucoup n'ont jamais suivi un enseignement ou une formation de type classique, resteront dans les villes pour y chercher un emploi. Pour répondre au besoin de services du marché du travail, l'OIT, en coopération avec le ministère du Travail et des Affaires sociales, crée des centres de services de l'emploi en Afghanistan.

Article | 30 mars 2005

KABOUL, Afghanistan – Mohammad, un ancien combattant de 37 ans, s'est battu pendant la guerre. Maintenant, il se bat pour son avenir.

«Les emplois ne manquent pas dans le secteur de la construction. Quand on m'a offert, après ma formation, un emploi sur un chantier de construction à Kaboul par l'intermédiaire du centre de services de l'emploi, j'ai décidé de rester», a-t-il confié. «Ainsi, je peux mieux aider ma famille en envoyant de l'argent dans mon village et, plus tard, je pourrai peut-être améliorer les maisons du village grâce à mes connaissances d'électricien. Je pourrai peut-être même créer ma propre entreprise.»

Beaucoup de chefs d'entreprise des zones urbaines estiment qu'ils pourraient développer leur activité s'ils trouvaient du personnel qualifié et semi-qualifié, si bien qu'un projet récent du BIT est axé sur la communication aux demandeurs d'emploi d'informations sur les possibilités de formation par le biais d'une orientation professionnelle et de conseils. A l'issue de leur formation, les intéressés sont aidés dans leur recherche d'un emploi. Le projet mettra aussi en relation ceux qui préfèrent s'établir à leur compte avec des établissements de microfinance et des services qui œuvrent au développement des entreprises.

Mais il y a aussi beaucoup de personnes qualifiées, sur le point de revenir des pays voisins, qui sont à la recherche d'un emploi.

Fareed, un travailleur de 28 ans revenu du Pakistan, déclare: «J'ai vécu au Pakistan pendant près de vingt ans. J'y ai reçu une bonne éducation, je suis même allé à l'université où j'ai obtenu une licence en administration des entreprises. Quand je suis rentré à Kaboul, je ne savais pas comment trouver un emploi parce que nous n'y avons plus d'amis ni de famille. C'est alors que j'ai entendu parler du centre de services de l'emploi et que j'ai obtenu un emploi comme responsable des finances dans une ONG. Maintenant, je peux faire venir le reste de ma famille et assurer sa subsistance.»

L'agent de réalisation du projet est l'Association d'experts dans le domaine des migrations et de la coopération pour le développement (AGEF). Le projet est conçu pour contribuer à la lutte contre la pauvreté et au développement social et économique de l'Afghanistan en donnant aux Afghans accès à de meilleurs services du marché du travail aux niveaux national et provincial.

Les principaux objectifs du projet sont les suivants: établir des centres de services de l'emploi (CSE) à Kaboul et dans neuf provinces; renforcer les capacités du ministère du Travail et des Affaires sociales de sorte qu'il y ait dans les CSE un personnel bien formé, capable de fournir des services consultatifs et du marché du travail spécifiques de manière à aider les employeurs comme les demandeurs d'emploi; mettre les demandeurs d'emploi en relation avec les possibilités de formation et les emplois identifiés au sein de grands projets, auprès d'ONG ou chez des employeurs du secteur privé; enfin, fournir aux demandeurs d'emploi des conseils pertinents et à jour, et une aide concernant les possibilités de formation professionnelle et de travail indépendant qui existent sur le marché du travail local.

En créant les CSE, le projet cible aussi les femmes et les personnes handicapées. Pour les aider, deux bureaux de correspondance de CSE ont récemment été ouverts, l'un au ministère des Affaires féminines et l'autre au ministère des Martyrs et des Handicapés. Le projet relatif aux CSE, qui a commencé au milieu de l'année 2004, se poursuivra au moins jusqu'en 2006.

A présent, le projet établit des CSE à Kaboul et dans quatre provinces, à savoir Mazar-e Sharif, Herat, Kunduz et Jalalabad. Les CSE dans ces quatre provinces devraient commencer à fonctionner en janvier 2005. La même année, des bureaux de CSE ouvriront à Kandahar, Gardez, Bamyan et Jawzjan, ainsi que dans une autre province à déterminer. Le projet aidera le ministère du Travail et des Affaires sociales à moderniser son infrastructure de bureaux en fournissant du matériel de bureau, notamment des ordinateurs pour la base de données sur les emplois, des installations de télécommunication et une connexion Internet, ainsi que des générateurs pour assurer un meilleur approvisionnement en électricité.

Le personnel de tous les CSE sera formé de façon continue à la mise en relation des personnes en quête d'un emploi et des possibilités de formation et d'emploi, ainsi qu'à la réalisation d'études sur le marché du travail. Le travail des CSE apportera une contribution précieuse et continue au développement du marché du travail en Afghanistan et à la vie des Afghans.

Lors de la cérémonie d'ouverture du CSE de Kaboul, le ministre du Travail et des Affaires sociales, Noor Ahmed Qarqeen, a fait la déclaration suivante: «L'un de nos plus grands problèmes est le chômage. Nous devons y faire face, et je ne doute pas que le service de l'emploi peut apporter une contribution précieuse à la mise en relation des demandeurs d'emploi et des emplois disponibles dans le processus de reconstruction de l'Afghanistan. S'ils travaillent, les hommes n'ont pas le temps de faire la guerre.»