Les Entretiens France-BIT 2018

L’avenir du travail: dialoguer pour mieux décider dans l’entreprise

A l’occasion des Entretiens France-BIT 2018 organisés à Paris par l’OIT et le ministère français du Travail, le Directeur général de l’OIT, Guy Ryder, s’est exprimé sur l’importance du dialogue social afin de mieux gérer les mutations actuelles au sein du monde du travail.

Déclaration | 12 octobre 2018
Madame la Déléguée du Gouvernement de la France au Conseil d’Administration du BIT, chère Anousheh KARVAR,
Mesdames et messieurs les représentants des partenaires sociaux et du Ministère du travail,
Monsieur le Professeur Alain SUPIOT, cher Alain,
Chers collègues et chers amis,

C’est pour moi un plaisir toujours renouvelé de vous retrouver pour ces Entretiens France BIT qui s’inscrivent, vous le savez, dans le cadre de l’initiative sur l’Avenir du travail en vue du centenaire, maintenant très proche, de notre organisation.

Je souhaiterais remercier en premier lieu la Ministre du Travail et le gouvernement français, pour son soutien et plus largement pour la confiance qu’il place dans l’OIT.

Cette conférence se tient en effet dans le cadre du partenariat que nous développons avec la France. En 2015, ce partenariat a inclus un nouveau volet consacré à la recherche sur l’avenir du travail dans la perspective de notre centenaire. Ce volet nous a permis de relancer le cycle des Entretiens France BIT et les études associées. Il a aussi permis au Département de la recherche du BIT de développer de nouvelles collaborations avec l’Université et la recherche française.

Ma reconnaissance s’adresse aussi au Collège de France qui nous accueille une nouvelle fois dans ce lieu privilégié. Qu’il me soit permis de remercier en particulier le Professeur Alain Supiot, non seulement pour son implication au sein de notre commission mondiale sur l’avenir du travail, dont il est un membre très actif, mais beaucoup plus largement pour l’engagement d’une vie de recherche et de plaidoyer pour le travail décent, la justice sociale, les droits fondamentaux de tous les êtres humains, l’appel à une solidarité économique et sociale mondiale… Ses travaux inspirent les nôtres depuis longtemps et diffusent «l’esprit de Philadelphie».

Dans le prolongement de nos précédents Entretiens France BIT, nous allons aborder tout au long de la journée une question à la fois chère à l’OIT et au cœur de l’avenir du travail: le dialogue social, «Dialoguer pour mieux décider dans l’entreprise».

Les transformations du travail s’accompagnent souvent d’une individualisation des rapports entre managers et travailleurs et d’un d’affaiblissement des collectifs de travail. Ce colloque examinera dans une première session les défis que les acteurs du dialogue social doivent relever par rapport aux transformations de l’organisation du travail dans l’entreprise et les nouvelles pratiques de management.

La seconde session est consacrée à la place des représentants des travailleurs dans la gouvernance de l’entreprise, ou plus exactement des entreprises compte tenu de la diversité des formes qu’elles prennent.

Enfin, la dernière session traitera du dialogue social dans la perspective d’une gouvernance mondiale du travail, avec notamment le développement de stratégies de responsabilité sociales mondiales des entreprises et la conclusion d’accords transnationaux impliquant les fédérations syndicales internationales.

Ce colloque est donc l’occasion de prendre la mesure des transformations du dialogue social en relation avec les transformations du travail. En donnant la parole non seulement à des chercheurs mais aussi à des acteurs du monde du travail, les Mandants tripartites de l’OIT, je ne doute pas qu’il mette en évidence la place centrale des acteurs représentatifs du monde du travail et celle du dialogue entre ces acteurs.

En effet, le dialogue social répond d’abord et surtout à une exigence démocratique. Il s’agit de droits fondamentaux reconnus par des conventions internationales bien connues à l’OIT. Mais le dialogue social répond aussi à une logique de performance globale, il répond à des besoins des entreprises elles-mêmes dans un contexte de forte transformation du travail. Nous en verrons plusieurs illustrations au cours de la journée.

Renforcer le dialogue à tous les niveaux, de l’entreprise aux différents échelons de la chaine mondiale d’approvisionnement jusqu’aux accords transnationaux d’entreprises, constitue finalement le meilleur moyen de maitriser les incertitudes à venir, négocier les changements nécessaires et impliquer les travailleurs.

Je vous remercie pour votre attention et vous souhaite un très bon travail aujourd’hui.