OIT: Il faut agir plus énergiquement au Qatar

Le Directeur général adjoint de l’OIT, Gilbert Houngbo, a participé à une audition du Parlement européen sur le sport et les droits de l’homme au Qatar, suite aux récentes allégations concernant des conditions de vie et de travail inacceptables et des violations des droits de l’homme affectant les travailleurs migrants impliqués dans les préparatifs de la Coupe du monde de football 2022.

Communiqué de presse | 13 février 2014
 Vidéo
 
Regardez l’audition sur le sport et les droits de l’homme organisée par la sous-commission des droits de l’homme du Parlement européen (pour les usagers d’I.E.)
BRUXELLES – S’adressant à la Sous-commission des droits de l’homme du Parlement européen (DROI) au cours d’une audition sur le sport et les droits de l’homme, le Directeur général adjoint de l’OIT, Gilbert Houngbo, a souligné que les autorités qatariennes devaient agir avec plus de détermination.

Tout en reconnaissant que les autorités qatariennes «avaient fait preuve de bonne volonté», M. Houngbo a mis en garde contre une «approche sélective, compte tenu des diverses dimensions interdépendantes et indissociables de ces questions» et a plaidé pour une approche intégrée. «Cela suppose de travailler simultanément sur les différents problèmes, y compris la gestion des migrations, la gouvernance du marché du travail, l’harmonisation des politiques et des cadres réglementaires et le respect des normes internationales du travail», a précisé M. Houngbo.

Faisant référence à la Charte des travailleurs dévoilée un peu plus tôt cette semaine par le Comité suprême pour les projets et l’héritage au Qatar, M. Houngbo a souligné que «ce document pourrait en partie contribuer à régler les problèmes soulevés», mais que deux grands sujets continuaient de préoccuper l’OIT.

La principale préoccupation décrite par M. Houngbo est le «lien essentiel entre les mesures adoptées par le Comité suprême et les actions attendues du gouvernement lui-même». Par exemple, les propositions du Comité suprême en ce qui concerne la confiscation des passeports et le rapatriement ne seront pas effectives tant que le gouvernement ne les aura pas traduites dans la législation nationale et qu’il n’aura pas mis en place de mécanismes nationaux pour faire appliquer la loi.

Deuxièmement, M. Houngbo a rappelé «l’importance vitale pour les travailleurs de pouvoir s’exprimer sans crainte de représailles». De nouvelles mesures dans le domaine du recrutement éthique ou de la santé et la sécurité au travail peuvent être instaurées. «Mais si les travailleurs n’ont aucun moyen d’exposer leurs problèmes sans peur, ces mesures en seront pas efficaces. Si les travailleurs n’ont aucune solution pour faire remonter les problèmes qui surgissent sur le terrain, vous pouvez disposer de mécanismes d’évaluation mais les rapports ne reflèteront pas la réalité», a-t-il ajouté.

«Si ces problèmes ne sont pas dûment pris en compte, nous à l’OIT pensons que toutes ces mesures seront inefficaces. C’est pour cela que nous insistons sur l’approche intégrée», a souligné M. Houngbo, concluant que «si les autorités qatariennes s’engagent clairement, l’OIT est disposée à travailler avec les parties concernées pour surmonter les défis actuels et aboutir à une solution».