Le président du Réseau mondial d’entreprises de l’OIT s’exprime lors d'une audition du Parlement européen sur les aspects commerciaux de l'instrument européen pour lutter contre le travail forcé

Le président du Réseau mondial d'entreprises sur le travail forcé de l'OIT a salué la proposition de la Commission européenne d'interdire les produits issus du travail forcé, et a appelé à une approche globale de la société pour éradiquer le travail forcé.

Actualité | 25 octobre 2022
Douglas Opio, président du Réseau mondial des entreprises sur le travail forcé (RMETF / GBNFL - Global Business Network on Forced Labour) de l'OIT et directeur exécutif de la Fédération des employeurs ougandais, a pris la parole lors d'une audition publique sur les aspects commerciaux de l'instrument européen de lutte contre le travail forcé, organisée par la Commission du commerce international du Parlement européen.

M. Opio a salué la proposition de la Commission européenne visant à interdire l'entrée ou la sortie du marché de l'UE des produits issus du travail forcé. « Les recherches de notre Réseau montrent que le travail forcé est un problème systémique et que, pour l'éradiquer, nous devons adopter une approche globale de la société. La charge ne peut pas peser uniquement sur les entreprises », a-t-il déclaré.

Les Estimations mondiales de l'esclavage moderne révèlent des chiffres choquants, avec environ 28 millions de personnes en situation de travail forcé chaque jour en 2021. Ce chiffre a augmenté de 2,7 millions depuis 2016, et cette augmentation est uniquement due au travail forcé dans l'économie privée.

Le président du RMETF de l'OIT a exhorté l'UE à continuer de développer son engagement auprès de ses États membres, de ses partenaires commerciaux, ainsi que des pays d'origine des travailleurs migrants, qui sont trois fois plus susceptibles d'être en situation de travail forcé.

Cet engagement doit viser à s'attaquer aux causes profondes du travail forcé, à renforcer les capacités, à partager les informations, à promouvoir des lois et des politiques efficaces et à soutenir l'inspection du travail et l'application de la législation. Il faut également prêter attention aux aspects criminels et au rôle des commerçants illicites.

Si un soutien est apporté au secteur privé, notamment par le biais des organisations d'employeurs et des réseaux d'entreprises, cela renforcera la capacité du secteur privé à identifier, prévenir et remédier au travail forcé. Cela permettra également aux entreprises de ne pas éviter certains pays et de reconnaître les chaînes d'approvisionnement comme un moteur de création d'emplois et de croissance économique.

Il a souligné que l'UE devrait accorder une attention particulière aux PME. Des efforts doivent être faits pour s'engager auprès des entreprises de toutes tailles et les PME ont été largement laissées sans ressources adaptées à leurs besoins.

Les produits étant généralement constitués de nombreux composants, de simples interdictions pourraient perturber des chaînes d'approvisionnement entières. Le réseau encourage donc l'UE à travailler avec les entreprises et leurs organisations représentatives qui s'attaquent activement au travail forcé, afin de soutenir leurs actions.

M. Opio a souligné la nécessité de travailler dans le cadre des Principes directeurs des Nations Unies relatifs aux entreprises et aux droits de l'homme, qui posent que les gouvernements ont le devoir de protéger, et les entreprises la responsabilité de respecter. Il a appelé l'UE à assurer cette distinction lors de la mise en œuvre de cette proposition.

Le Réseau mondial des entreprises sur le travail forcé de l'OIT se réjouit de travailler avec l'UE pour mettre fin au travail forcé, a conclu M. Opio.