Egalité des genres

Le Luxembourg soutient la Coalition internationale pour l'égalité salariale

La Coalition internationale pour l'Égalité salariale est un partenariat multipartite qui œuvre pour atteindre un salaire égal entre les femmes et les hommes pour un travail de valeur égale d'ici 2030. Taina Bofferding, la Ministre de l’Egalité entre les femmes et les hommes, explique pourquoi le Luxembourg a décidé de rejoindre la Coalition et pourquoi l'égalité des genres est importante pour le pays.

Actualité | 29 mars 2021

OIT-Bruxelles: Pourquoi l'égalité de rémunération pour un travail de valeur égale est-elle devenue l'une des priorités de la politique publique luxembourgeoise?

L’égalité salariale entre femmes et hommes est un facteur essentiel des politiques publiques du Luxembourg pour assurer une reconnaissance du travail de toutes et tous. Lorsque nous nous engageons pour l’égalité entre femmes et hommes, il y a pour moi en tant que ministre socialiste plusieurs aspects :
  • La dimension collective avec la justice sociale pour permettre une égalité de droits et une solidarité entre femmes et hommes;
  • La dimension individuelle avec la reconnaissance du potentiel et talent de toute personne ;
  • La dimension économique en encourageant les femmes et les hommes à faire des études et veiller à ce que leurs compétences et engagements soient honorés sur le marché du travail sans faire de différence entre les sexes.
  • La dimension d’un projet de société - nous voulons une société inclusive dans laquelle toute personne s’épanouit sans être freinée par les stéréotypes sexués.
Assurer une égalité de rémunération pour un travail de valeur égale, c’est finalement un axe pour mettre en œuvre ces convictions.

OIT-Bruxelles: Pourquoi le Luxembourg a-t-il décidé de rejoindre la Coalition internationale pour l'égalité salariale (EPIC)?

Depuis 2016, le Luxembourg dispose d’une loi sur l’égalité salariale qui fait partie intégrante du Code du travail. L’inégalité salariale a été élevée au rang d’infraction. Ce qui veut dire très concrètement que l’égalité salariale doit être respectée par les entreprises. Les salarié-e-s peuvent exprimer leurs interrogations et revendiquer leurs droits à avoir un salaire égal pour un travail de valeur égale. Ceci donne une importante base.

Ensuite et au-delà de manière complémentaire, nous travaillons au quotidien avec les entreprises, les délégations du personnel et les représentant-e-s des partenaires sociaux pour renforcer la prise de conscience et donner des outils concrets pour l’égalité salariale. 

En rejoignant EPIC nous marquons fortement notre volonté d’un monde du travail égal et inclusif. Nous espérons pouvoir échanger de bonnes pratiques pour continuer d’aller de l’avant. C’est à travers les collaborations ainsi l’échange d’expériences et d’expertises que nous pouvons durablement assurer l’égalité salariale.

OIT-Bruxelles: Selon les dernières données de la Commission européenne, le Luxembourg a le plus petit écart de rémunération entre les sexes des 27 États membres de l'UE (il est de 1,4 pour cent). Pourriez-vous décrire le parcours qui a conduit à ce résultat?

Ces dernières années le Luxembourg a su baisser les écarts entre femmes et hommes sur le salaire horaire brut. La loi de 2016 a renforcé le cadre existant et relancé les discussions sur l’importance de l’égalité salariale. En parallèle, le travail sur le terrain avec les entreprises a également été renforcé notamment avec le programme des Actions Positives du ministère de l’Egalité, qui accompagne et certifie les bonnes pratiques en matière d’égalité de traitement. Le ministère met d’ailleurs gratuitement à disposition de toutes les entreprises un logiciel permettant de mesurer les écarts de salaires.

Par ailleurs, je tiens à mettre en avant des dispositifs qui servent aussi l’égalité salariale:
  • Les mécanismes nationaux tels que l’indexation des salaires à l’évolution du coût de la vie et les adaptations régulières du salaire social minimum.
  • Les conventions collectives négociées entre les partenaires sociaux et qui selon le Code du travail doivent obligatoirement inclure des modalités d’application du principe d’égalité de salaire entre femmes et hommes.
Nos engagements ont ainsi porté leurs fruits. En même temps, je tiens à souligner que l’égalité entre femmes et hommes au travail est un processus continu. Il faut régulièrement établir un diagnostic de la situation, identifier les points d’amélioration et se donner les moyens d’agir. Afin de faire de l’égalité une réalité, je souhaite poursuivre les démarches pour viser une meilleure mixité en matière de prise de décision économique, et surtout agir au niveau des phénomènes de ségrégation verticale et horizontale.

Nos politiques d’éducation doivent servir à dépasser les stéréotypes sexués dès le plus jeune âge. L’avenir est digital. Il ne peut pas être réservé à un sexe. Il m’importe ainsi d’encourager les femmes et les filles à trouver leur place dans les métiers d’avenir du secteur de la digitalisation.

OIT-Bruxelles: Quels sont les obstacles auxquels votre pays a été confronté pour améliorer les revenus des femmes?

L’égalité de traitement est un engagement continu. Ces dernières années le pourcentage de femmes actives sur le marché de l’emploi a nettement augmenté. Mais, comme le montrent de récentes données de l’office national des statistiques du Luxembourg, sur 100 personnes actives il y a 38 femmes pour 62 hommes. Ce qui veut dire que nous devons davantage encourager le potentiel des femmes et leur permettre d’être et de rester dans l’emploi. Il nous faut éviter que les femmes quittent complètement le marché du travail suite à l’arrivée d’un enfant.

Nous œuvrons ainsi pour soutenir les femmes et les hommes à mieux concilier vie professionnelle et vie privée. Souvent les temps partiels sont pris par des femmes, mais très peu par les hommes. Le gouvernement du Luxembourg soutient ainsi une politique sociale forte pour assurer que les mères et les pères puissent s’impliquer dans la vie active et dans leur vie familiale. Si nous voulons améliorer les revenus, assurer les pensions et éviter les risques de précarité, il nous faudra continuer d’agir sur ces éléments.