"Tendances mondiales de l’emploi 2012”: le monde est confronté au défi de créer 600 millions d’emplois

A la veille du Forum économique mondial à Davos et du Sommet de l’UE du 30 janvier 2012, l’Organisation internationale du Travail (OIT) sort son rapport phare annuel sur l’emploi mondial: «Tendances mondiales de l’emploi 2012: Prévenir une aggravation de la crise de l’emploi”.

Actualité | 10 février 2012
  • A la veille du Forum économique mondial à Davos et du Sommet de l’UE du 30 janvier 2012, l’Organisation internationale du Travail (OIT) sort son rapport phare annuel sur l’emploi mondial: «Tendances mondiales de l’emploi 2012: Prévenir une aggravation de la crise de l’emploi».
  • Selon le rapport, le monde est confronté au «défi pressant» de créer 600 millions d’emplois productifs au cours des dix prochaines années en vue de générer une croissance durable et de préserver la cohésion sociale. Il prévient qu’après trois années de crise chronique sur les marchés mondiaux du travail et dans le contexte d’une nouvelle détérioration de l’activité économique, le chômage accumulé touche actuellement 200 millions de personnes à l’échelle mondiale. En outre, plus de 400 millions de nouveaux emplois seront nécessaires au cours des dix prochaines années pour absorber l’accroissement annuel de la main-d’œuvre estimé à 40 millions par an.
  • Les politiques budgétaires très strictes pèsent sur la demande globale, avertit le rapport. Dans les économies développées et l’Union Européenne, le focus exclusif sur les mesures d’austérité menace de nuire à la performance des marchés du travail et d’augmenter les coûts à long terme de la crise.
  • Les jeunes ainsi que les demandeurs d’emploi figurent parmi les personnes les plus durement touchées par la crise. Les demandeurs d’emploi restent sans emploi pour de plus longues périodes, beaucoup parmi eux ont même décidé de cesser de chercher du travail.
  • Les responsables politiques doivent agir de manière coordonnée pour réduire les craintes et les doutes qui freinent les investissements privés afin que le secteur privé puisse relancer le principal moteur de la création mondiale d’emplois, poursuit le rapport.
  • Le rapport avertit aussi qu’en période d’essoufflement de la demande une nouvelle relance est utile; elle peut être conduite sans que cela mette en péril la stabilité des finances publiques. Il appelle enfin à ce que les efforts en matière d’assainissement budgétaire se fassent de manière socialement responsable, avec comme objectifs principaux les perspectives de croissance et d’emploi.
  • Pour finir, le rapport sollicite une réparation et une régularisation plus substantielles du marché financier.

GENÈVE (Nouvelles du BIT) – Le monde est confronté au «défi pressant» de créer 600 millions d’emplois productifs au cours des dix prochaines années en vue de générer une croissance durable et de préserver la cohésion sociale, selon le rapport annuel de l’Organisation internationale du Travail (OIT) sur l’emploi mondial, publié à la veille du Forum économique mondial à Davos et du Sommet de l’UE du 30 janvier 2012 à Bruxelles.

«Après trois années de crise chronique sur les marchés mondiaux du travail et dans le contexte d’une nouvelle détérioration de l’activité économique, le chômage accumulé touche actuellement 200 millions de personnes à l’échelle mondiale», constate l’OIT dans son rapport annuel intitulé «Tendances mondiales de l’emploi 2012: Prévenir une aggravation de la crise de l’emploi» (GET 2012 en anglais). En outre, le rapport affirme que plus de 400 millions de nouveaux emplois seront nécessaires au cours des dix prochaines années pour absorber l’accroissement annuel de la main-d’œuvre estimé à 40 millions par an.

Le rapport sur les tendances mondiales de l’emploi indique également que le monde est confronté à un défi supplémentaire, celui de créer des emplois décents pour quelque 900 millions de travailleurs qui vivent avec leur famille au-dessous du seuil de pauvreté de 2 dollars par jour, essentiellement dans les pays en développement.

«Malgré les efforts acharnés des gouvernements, la crise de l’emploi ne connaît pas de répit: un travailleur sur trois dans le monde – environ 1,1 milliard de personnes – est chômeur ou vit sous le seuil de pauvreté», déplore le Directeur général du Bureau international du Travail (BIT), Juan Somavia. «Ce qu’il faut, c’est que la création d’emplois dans l’économie réelle devienne notre priorité numéro un.»

Le rapport décrit trois scénarios pour l’évolution de la situation de l’emploi. La projection de base montre un surcroît de 3 millions de chômeurs pour 2012, et une hausse jusqu’à 206 millions d’ici à 2016. Si le taux de croissance mondial tombe au-dessous de 2 pour cent, alors le chômage s’élèvera à 204 millions dès 2012. Dans un scénario moins sombre, qui suppose que soit rapidement résolue la crise de la dette dans la zone euro, le chômage mondial baisserait d’environ 1 million en 2012.

Les jeunes continuent de figurer parmi les personnes les plus durement touchées par la crise de l’emploi. A l’aune de la situation actuelle, le rapport précise qu’il y a peu d’espoir de voir leurs perspectives d’emploi s’améliorer de manière substantielle à court terme. Le rapport Tendances mondiales de l’emploi 2012 affirme que 74,8 millions de jeunes âgés de 15 à 24 ans étaient sans emploi en 2011, soit une hausse de plus de 4 millions depuis 2007.

Le rapport avertit que les mesures fiscales très strictes pèsent sur la demande globale. Pour régler les préoccupations concernant la viabilité des finances publiques et la hausse des primes de risque liées à la dette souveraine, plusieurs pays ont commencé à prendre de strictes mesures d’économies, qui probablement réduiront davantage l’activité économique, provoquant une dégradation des perspectives de croissance et des finances publiques.

Les principales conclusions du rapport concernant les économies développées et l’Union européenne sont les suivantes:

  • La situation macro-économique a détérioré substantiellement pendant l’été de 2011, et a considérablement affaibli la croissance. Les pertes d’emploi durant la crise et la lente reprise ont résulté dans des inégalités de plus en plus marquées dans les taux de chômage des économies développées et de l’Union Européenne, avec un taux historiquement élevé de 45 millions de chômeurs en 2010.
  • Les jeunes ainsi que les demandeurs d’emploi figurent parmi les personnes les plus durement touchées par la crise. Les demandeurs d’emploi restent sans emploi pour de plus longues périodes, beaucoup parmi eux ont même décidé de cesser de chercher du travail.
  • Les faibles perspectives de reprise dans les économies développées et l’Union Européenne sont en partie dues à une tendance à la baisse de la croissance de la productivité du travail. Cette baisse est allée de pair avec une retombée de l’investissement, ralentissant davantage la croissance de l’emploi.
  • Les défaillances du système financier, en combinaison avec la faiblesse de la croissance, ont conduit plusieurs pays européens à prendre des mesures d’austérité budgétaire rapides. Cette évolution vers des politiques d’austérité budgétaire et les réductions indifférenciées dans les dépenses publiques qu’on constate dans la région, est injustifiée et risque d'intensifier les problèmes concernant le marché du travail.

Le rapport plaide en faveur de mesures ciblées pour soutenir la croissance de l’emploi dans l’économie réelle, et avertit qu’à elles seules des mesures d’aide publique supplémentaires ne sauraient forger une reprise durable.

«Les responsables politiques doivent agir de manière déterminée et coordonnée pour réduire les craintes et les doutes qui freinent les investissements privés afin que le secteur privé puisse relancer le principal moteur de la création mondiale d’emplois», poursuit le rapport.

Le rapport affirme qu’une remise en état et une réglementation plus substantielles du système financier rétabliraient la crédibilité et la confiance, ce qui permettrait aux banques de surmonter le risque de crédit qui a alimenté cette crise. Toutes les entreprises en tireraient avantage, mais surtout les PME, qui non seulement sont celles qui ont le plus besoin de crédit, mais aussi celles qui créent en définitive plus de 70 pour cent des emplois. Une réforme globale des marchés financiers, comprenant des marges de sécurité plus importantes dans le secteur bancaire national, aiderait puissamment le marché du travail et ajouterait jusqu’à un demi-point de pourcentage à la croissance de l’emploi, en fonction de la situation de chaque pays.

Le rapport avertit aussi qu’en période d’essoufflement de la demande une nouvelle relance est utile; elle peut être conduite sans que cela mette en péril la stabilité des finances publiques. Il appelle enfin à ce que les efforts en matière d’assainissement budgétaire se fassent de manière socialement responsable, avec comme objectifs principaux les perspectives de croissance et d’emploi.

Pour plus d’informations, merci de contacter le Département de la communication et de l’information publique du BIT au + 4122/799-7912, communication@ilo.org. Le Bureau international du Travail (BIT) est le secrétariat permanent de l’Organisation internationale du Travail (OIT).