L'OIT promeut l'extension de la couverture maladie universelle aux ménages ruraux dans les zones de production de cacao

En Côte d’Ivoire, le projet se focalise sur la « chaîne d’approvisionnement cacao » dans la sous-préfecture de Soubré et M’batto et comprend notamment un volet sur la protection sociale. Ce volet vise à trouver des moyens pour renforcer la protection sociale des familles des exploitations cacaoyères et améliorer ainsi les conditions de travail décent de la force de travail adulte, ce qui aurait une conséquence directe sur la réduction du travail des enfants.

Article | 22 septembre 2021
L'extension de la couverture sanitaire universelle (CSU) aux communautés de producteurs de cacao en Côte d'Ivoire est l'un des résultats attendus du projet.
Faisant face à des chocs tels que la perte soudaine d’emploi, la maladie ou les blessures subies par les soutiens de famille ou autres membres de la famille, en l’absence d’autres mécanismes d’adaptation, les ménages peuvent être contraints de recourir au travail des enfants comme mécanisme de repli.

C’est pourquoi les systèmes de protection sociale représentent sont essentiels dans les réponses politiques visant à réduire et prévenir la pauvreté et à éradiquer le travail des enfants.

Une analyse du Bureau International du Travail affirme que l’assurance-maladie, est potentiellement importante pour lutter contre le travail des enfants, ainsi, étendre la protection en matière de santé afin d’atténuer la détresse sociale et les pertes économiques associées à la maladie semble être directement lié aux efforts de lutte contre le travail des enfants.

La Côte d’Ivoire avait adopté une stratégie nationale de protection sociale (SNPS) en 2014 qui vise à faciliter l’accès aux services sociaux de base et à étendre la sécurité sociale à tous en application de la recommandation no. 202 de l’OIT portant sur les socles de protection sociale.

Cependant jusque-là, seulement 6% des ménages sont couverts par les organismes d’assurance sociale contre les différents risques sociaux dont la retraite, le décès, les accidents du travail et maladies professionnelles, les prestations familiales et les prestations de maternité.

La crise actuelle liée à la pandémie de la COVID- 19 traversée par le monde, et dont la Cote d’Ivoire n’est pas épargnée, rappelle davantage l’importance de systèmes efficaces, universels et durables de protection sociale, et notamment de protection de la santé.

Accélérer l’action pour l’élimination du travail des enfants en Afrique (ACCEL Africa) est un projet régional, qui vise à « accélérer » l’élimination du travail des enfants dans les chaînes d’approvisionnement spécifiques du cacao, du café, du coton, de l’or et du thé.

Il est programmé sur une durée de quatre ans (du 15 Novembre 2018 au 15 Novembre 2022) et est financé par le Ministère des Affaires Etrangères des Pays-Bas.

En Côte d’Ivoire, le projet se focalise sur la « chaîne d’approvisionnement cacao » dans la sous-préfecture de Soubré et M’batto et comprend notamment un volet sur la protection sociale.

Ce volet vise à trouver des moyens pour renforcer la protection sociale des familles des exploitations cacaoyères et améliorer ainsi les conditions de travail décent de la force de travail adulte, ce qui aurait une conséquence directe sur la réduction du travail des enfants.

L’extension de la Couverture Maladie Universelle (CMU) aux communautés de cacao en Côte d’Ivoire est un des résultats escomptés du projet.

Le projet ACCEL Africa collabore avec l’Institution de Prévoyance Sociale, dénommée Caisse Nationale d’Assurance Maladie (IPS-CNAM) chargée de la gestion des régimes de la CMU. L’IPS-CNAM a été créée par le décret n° 2014-395 du 25 juin 2014. Elle est sous la tutelle du Ministère de l’Emploi et de la Protection Sociale.

L’objectif de la collaboration avec la CNAM est d’améliorer la mise en œuvre de la Couverture Maladie Universelle (CMU) dans les zones cibles (SOUBRE ET M’BATTO), en vue de s’en servir comme outils pour réduire la vulnérabilité sociale face au Travail des Enfants.

Déjà en 2019, une étude pour comprendre la demande et l’offre en main d’œuvre dans les zones productrices de cacao a été menée par le BIT. Elle révéla que les familles affectées par des problèmes de santé voient leurs forces de travail baisser et leurs capacités financières amoindries.

Ces familles finissent par avoir comme stratégies de réponse, l’utilisation de la force de travail des enfants.
En 2020, un cinquième des enfants africains (92 millions) travaillaient, dont près de la moitié dans des conditions dangereuses.

Ces familles sont aussi confrontées à des difficultés financières pour affronter des dépenses non prévues comme celles liées à la maladie.

Une étude a été menée en vue d’identifier les obstacles d’accès à la CMU pour les ménages ruraux producteurs de cacao dans les zones de Soubré (Grand-Zattry) et M’batto. L’étude a permis de générer des propositions pour améliorer l’accès des cibles à la CMU.

Le BIT et la CNAM procéderont à la validation de ces propositions en vue de bâtir un pilote pour leur mise en œuvre où le mouvement coopératif joue un rôle très important.

L’aboutissement de ce processus incitera à une prise en compte des communautés de cacao dans la mise en œuvre de la CMU notamment au milieu rural en procédant à la sensibilisation des populations sur les avantages de la CMU, au déploiement des solutions innovantes pour faciliter l’affiliation et la collecte des contributions ainsi que l’amélioration de la qualité de services proposés.

Les interventions vont aussi pouvoir aider à envisager avec le gouvernement les modalités de réplication de cette expérience pilote dans d’autres zones rurales et économie informelle voire sur toute l’étendue du territoire ivoirien.

La Couverture Maladie Universelle en Côte d’Ivoire est une opportunité pour faire avancer l’agenda de la lutte contre le travail des enfants dans les zones productrices de cacao en Côte d’Ivoire notamment comme moyen pour réduire la vulnérabilité sociale qui est une cause du travail des enfants.
La plupart des enfants qui travaillent le font parce que leur famille dépend de leur salaire, de leur production ou de leur travail domestique (y compris non rémunéré, souvent par les filles) pour joindre les deux bouts.

En s’inspirant de l’ODD 17 appelant a des partenariats pour la réalisation des ODD, les acteurs qui militent pour une cacao culture durable doivent dialoguer et s’engager dans des partenariats solides et une coopération à tous les niveaux afin de faciliter l’accès à la CMU aux producteurs et travailleurs des zones productrices de cacao.

Les entreprises du secteur privé pourraient jouer un rôle particulièrement important en explorant la possibilité de faciliter l’accès à la CMU aux agriculteurs membres de leur chaines d’approvisionnement.