« 100 Ans – 100 Vies » | EGYPTE - “Sans le club de recherche d’emploi, je n’aurais jamais songé à postuler à un poste en dehors de mon champ d’études”

Un projet de l’OIT en Egypte soutient les jeunes Egyptiens et Egyptiennes sans expérience professionnelle dans leurs recherches d’un premier emploi. C’est notamment le cas d’une archéologue au chômage à Louxor.

Reportage | Egypt | 14 août 2019
LOUXOR- Sara Mohamed Taha a toujours rêvé de devenir archéologue – sûrement parce qu’elle a grandi à Louxor, que beaucoup considèrent comme “le plus grand musée d’antiquités en plein air”.

Peu d’endroits peuvent rivaliser avec la splendeur de Louxor, l’antique cité de Thèbes. Mais vous aurez peut-être du mal à apprécier sa beauté si vous êtes à la recherche d’un emploi décent. Sara Mohamed Taha compte parmi les nombreux jeunes en Egypte qui se battent pour entrer dans la vie active.

Après avoir terminé ses études secondaires, elle a obtenu une licence d’archéologie à l’Université du Sud de la Vallée. Cependant, la jeune femme de 25 ans n’a pas réussi à trouver de poste à la hauteur de ses qualifications et de ses rêves.

« Le fait est qu’il n’a presque aucun poste disponible pour les archéologues, surtout pour les jeunes diplômés sans expérience professionnelle », explique-t-elle.
La jeune femme était au chômage depuis plusieurs années quand elle a entendu parler d’une activité de l’OIT appelée Clubs de recherche d’emploi (CRE), organisée par l’intermédiaire de maisons des jeunes en Egypte.

Les CRE rassemblent des jeunes pour qu’ils partagent leurs ressources et leurs contacts tout en cherchant du travail, sous la supervision d’un animateur formé à cet effet. Avec une amie, Sara Mohamed Taha s’est rendue à la maison des jeunes de Louxor et elles s’y sont inscrites.

« J’ai rejoint le club et cela a été un énorme soulagement de voir des jeunes confrontés aux mêmes défis et difficultés », raconte-t-elle.

Se préparer au premier emploi

Comme elle, de nombreux jeunes de Louxor ont du mal à effectuer la transition de l’école ou de l’université à leur premier emploi. En Egypte, un jeune chômeur sur deux est à la recherche d’un emploi depuis deux ans ou plus. Dans ce contexte, le programme de formation des CRE propose aux jeunes chômeurs de longue durée, y compris ceux qui n’ont pas d’expérience professionnelle, des compétences essentielles pour les aider à trouver un emploi qui leur convient dans les plus brefs délais.

« Nous avons discuté et appris comment rechercher activement un emploi et comment présenter nos compétences aux différents employeurs », déclare-t-elle, évoquant son expérience des activités du CRE.

« Depuis 2014, le Projet de l’OIT de travail décent pour les jeunes d’Egypte propose les activités de clubs de recherche d’emploi dans les maisons locales des jeunes gérées par le ministère de la Jeunesse et des Sports dans trois gouvernorats », explique Amal Mowafy, conseillère technique en chef du projet. « En 2017, il a été étendu à Louxor pour aider les jeunes hommes et jeunes femmes à trouver un emploi décent ».

“Faire partie du groupe”

Chaque CRE propose un programme d’une dizaine de jours d’activités de groupe. Cela passe par le tutorat et le travail en commun, mais aussi par l’utilisation des outils informatiques de recherche et des réseaux sociaux. « Les clubs de recherche d’emploi permettent aux jeunes de trouver de manière autonome un emploi décent en leur fournissant les bons outils pour identifier les postes vacants et faire acte de candidature avec succès », explique Eric Oechslin, directeur par intérim du bureau de l’OIT au Caire.

Dans les CRE, il ne s’agit pas seulement d’acquérir des compétences, mais aussi de recevoir le soutien des autres demandeurs d’emploi.

« L’expérience la plus forte pour moi fut de m’intégrer, d’avoir le sentiment de faire partie d’un groupe », souligne Sara Mohamed Taha, en ajoutant que les autres membres du club l’ont aidée à identifier des offres d’emploi.

« A vrai dire, la recherche d’emploi peut être une expérience exténuante, voire décourageante. Cependant, avoir un objectif commun en tant que groupe et partager les réussites des uns et des autres a été extrêmement motivant ».

Sortir des sentiers battus

Six semaines après avoir rejoint le programme de formation, la jeune femme s’est vu offrir un poste de chargée de marketing dans une société confectionnant des huiles naturelles et des produits cosmétiques.

« Sans avoir fréquenté le CRE, je n’aurais jamais songé à postuler à un poste en dehors de mon champ d’études », dit-elle.

« En outre, j’aime beaucoup mon travail. Je pense qu’acquérir une première expérience professionnelle est important et me sera utile à l’avenir ».

Son expérience est comparable à celle de beaucoup des quelque 1000 jeunes gens qui ont suivi le programme jusqu’à présent. Plus de 40 pour cent ont trouvé un emploi dans les trois mois suivant leur adhésion à un CRE. Cette réussite signifie que les CRE font désormais partie de l’activité normale des maisons de jeunes, organisés à l’échelle nationale par le ministère de la Jeunesse et des Sports.

« Les CRE ont contribué à la création de plus d’emplois de meilleure qualité pour les jeunes dans toute l’Egypte, et l’extension du projet au niveau national aura un impact positif sur l’objectif 8 du Programme de développement durable des Nations Unies qui place la création d’emplois au cœur de l’élaboration des politiques économiques », précise M. Oechslin.

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