« 100 Ans – 100 Vies » | ZIMBABWE - “J’ai hâte de pouvoir travailler dans mon quartier et de prouver ce dont je suis capable”

Un partenariat public-privé dans une banlieue pauvre d’Harare a démontré qu’investir dans les établissements de santé, les écoles et les axes routiers pouvait aussi fournir des compétences et créer des possibilités d’emplois pour les jeunes.

Feature | Zimbabwe | 07 June 2019
HARARE - Depuis une vingtaine d’années, le Zimbabwe doit faire face à des défis en matière économique qui ont réduit les capacités des autorités à étendre ou même à entretenir les infrastructures publiques aussi bien au niveau régional que national.

Le logement social est soumis à une forte pression. Ainsi, la situation a contraint certaines personnes à construire des habitations en dehors des zones réservées à cet effet, ne bénéficiant ni de l’eau ni de l’électricité et sans aucun respect des normes de construction.

C’est ce qui se passe notamment à Hopley, un quartier périphérique situé dans la banlieue d’Harare. 200 000 personnes y vivent dont un tiers a entre 10 et 24 ans.

Hopley se caractérise par un nombre important d’émigrés, des infrastructures déficientes, peu ou pas de services sociaux, un faible niveau d’éducation, un fort taux de chômage et la présence de travail informel. Les jeunes ont un accès limité aux postes dans l’économie formelle et doivent donc s’en remettre à des petits boulots qui les privent ainsi d’un accès au travail décent et les laissent dans la pauvreté malgré le fait qu’ils travaillent.

De ce fait, les mariages précoces et les grossesses chez les adolescentes sont nombreuses, touchant respectivement entre 18 et 21 pour cent de la population. 70 pour cent des femmes deviennent mères avant l’âge de 24 ans.

Cibler les jeunes les plus vulnérables

C’est dans ce contexte que l’OIT a entamé une collaboration avec la Ville d’Hararé, des partenaires privés ainsi que le Fonds des Nations Unies pour la population afin de mettre en place à Hopley un projet en matière d’infrastructures et de développement des compétences pour les jeunes.

L’objectif était d’améliorer l’accès aux services de santé en matière sexuelle et génésique pour les jeunes du quartier, dans le cadre du programme conjoint de l’ONU pour le développement des jeunes et des adolescents.Il s’agissait donc d’apporter un soutien aux jeunes pour qu’ils puissent vivre une vie active et en bonne santé, réduire les grossesses accidentelles, les mariages précoces, la contamination par le virus VIH, l’absentéisme scolaire et la création d’emplois.

Ainsi, à Hopley, des jeunes particulièrement vulnérables, notamment des jeunes femmes, ont pu améliorer leurs compétences au centre de formation St Peters Kubatana. Une cinquantaine de ces jeunes ont suivi une formation en maçonnerie, en menuiserie, en plomberie et en électricité. Ils ont pu ainsi participer à la construction d’une polyclinique et d’une maison des jeunes interdisciplinaire. Cinquante autres ont suivi une formation en pavage, une technique économique et à haute intensité de main d’œuvre appliquée à la construction des routes.

Une route-pilote a d’abord été construite afin de tester sa faisabilité et voir si elle pouvait être répliquée dans la Ville d’Hararé.A la fin des six semaines de formation, les jeunes ont été placés sous la supervision de professionnels expérimentés et ont pu ainsi contribuer à la construction de cette clinique de 1200 m2 et de cette maison des jeunes de 600 m2.

Outre les compétences techniques qu’ils ont pu acquérir, les jeunes ont aussi été orientés vers une culture des affaires et du réseautage qui leur sera utile pour trouver un emploi ou créer leur propre activité.

Promouvoir l’égalité entre les sexes

Cette initiative a aussi permis de promouvoir l’égalité entre les sexes. En effet, 56 pour cent des stagiaires étaient des femmes, dans un secteur généralement dominé par les hommes.
Kudakwashe Josaka a 22 ans. Elle est l’une des bénéficiaires qui ont intégré le projet comme apprentie en maçonnerie.

« Quand j’ai échoué à l’école, j’ai cru que c’était fini pour moi », se souvient-elle. Cependant, lorsqu’elle a entendu parler du projet, elle s’est inscrite et a fait ses preuves depuis.
« J’ai hâte de travailler dans mon quartier et de prouver ce dont je suis capable », ajoute-t-elle.

Pour sa part, Aubrey Kwenda a 24 ans. Elle aussi a appris la maçonnerie et elle a rejoint trois autres jeunes avec la même formation qui se sont mis à leur compte. Leur petite entreprise a déjà gagné quelques contrats pour construire des maisons dans le quartier.

« Nous avons compris que, seuls, nous aurions du mal à convaincre les clients de nous donner du travail mais, si l’on agit en groupe, cela devient possible et nous pouvons accomplir des travaux rapidement », explique-t-elle.

Grâce au revenu tiré de son travail, Aubrey a pu désormais réaliser son rêve de quitter le domicile de ses parents pour avoir son propre logement.

En tout, dans le quartier, le programme a généré 4200 jours de travail au total. Il a profité à environ 120 jeunes apprentis, 60 artisans et 190 employés occasionnels.

Lorsque le projet s’est achevé, en avril 2018, une enveloppe de $220 000 au total avait été attribuée pour payer les salaires des bénéficiaires du quartier et rétribuer les petits commerces situés près du site de construction.

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