« 100 Ans – 100 Vies » | ZAMBIE - “J’ai transformé ma ferme en agro-industrie et je suis montré en exemple là où je vis”

L’agriculture constitue une source importante de revenu dans les régions rurales de Zambie. Cependant, le manque de compétences fait que les jeunes fermiers des environs se contentent souvent de pratiquer une agriculture de subsistance. Au contraire, grâce à un projet de l’OIT, Felix Mulenga, âgé de 27 ans, est parvenu à transformer son exploitation en une véritable entreprise.

Reportage | Zambia | 16 juillet 2019
LUSAKA - Depuis 2013, de nombreux jeunes ruraux ont pu passer au stade de l’agro-industrie avec l’aide de Yapasa, un programme mis en œuvre par l’OIT avec d’autres agences de l’ONU. Il a pour objectif d’utiliser le développement rural pour promouvoir l’emploi des jeunes en Zambie.

Lors de la saison agricole 2016/17, Yapasa a permis à 863 jeunes de faire pousser du soja pour la première fois à une échelle commerciale.

L’un de ces jeunes s’appelle Felix Mulenga, un jeune homme de 27 ans originaire de la Province du Nord en Zambie. Il avait toujours voulu transformer sa ferme en exploitation commerciale mais sa productivité était trop faible et il avait du mal à trouver un marché pour vendre ses récoltes. De plus, sa connaissance des bonnes pratiques agricoles était limitée.

Durant la saison agricole 2015-16, il fit un premier pas vers une approche commerciale en faisant pousser 10 hectares de soja via les méthodes traditionnelles et en se servant des semences disponibles localement. Comme la plupart des petits fermiers de la région, il était dans le piège typique d’une production faible. Ainsi, Felix Mulanga avait récolté seulement 1050 kg de soja, représentant une productivité de seulement 100 kg par hectare, comparée à la moyenne nationale de 800 kg par hectare.

Puis, en 2016, il fut contacté par la société Regitech Soya Processing Enterprises Ltd, entreprise-partenaire du programme Yapasa. Elle avait alors besoin de développer un circuit d’approvisionnement fiable pour sa nouvelle usine de transformation de soja. La société ratissait donc la région à la recherche de jeunes fermiers qui pourraient rapidement adopter des technologies modernes de production afin de produire un soja de qualité. Elle a donc invité Felix Mulanga à travailler avec elle.

De meilleures méthodes agricoles

Comme il avait produit à perte l’année précédente, le jeune agriculteur accepta de signer un contrat avec Regitech en espérant que l’entreprise lui fournisse son expertise et lui présente de meilleures techniques agricoles tout en lui garantissant un marché pour vendre sa récolte.

Il a alors suivi une formation pour apprendre à comment mieux préparer la terre ainsi que d’autres techniques agricoles. Ainsi, il a appris d’autres façons de pratiquer son métier, notamment en ce qui concerne la protection des récoltes, à propos des engrais et la façon de les utiliser sans risques. Il acheta à crédit les semences nécessaires pour planter 2 hectares. Le résultat fut simplement remarquable : il a récolté 3 150 kg de soja, soit un rendement de 1,5 tonnes par hectare.

Le jeune homme veut désormais étendre son exploitation dans les années à venir. Les compétences limitées et la difficulté d’acquérir un capital de départ constituant un frein important pour les jeunes entrepreneurs, la solution qu’il a choisie lui semble la bonne pour entrer dans l’agro-industrie.

« Je crois également que, dans l’agriculture, il vaut mieux travailler à son compte, aussi bien au niveau financier qu’au niveau social, que de ne faire que survivre avec un travail mal payé. Désormais, je fais figure d’exemple dans ma région et je suis devenu non seulement une source d’inspiration pour d’autres jeunes, mais j’ai aussi gagné le respect des fermiers plus âgés du village, » dit-il fièrement.

Daniel Bwalya, directeur de Regtech Enterprises Ltd, estime pour sa part que la méthode de travail sous contrat est un bon moyen de commercialiser des produits agricoles dans les régions rurales. Tout en gardant bien à l’esprit les questions sociales, il souhaite continuer à améliorer ce modèle d’entreprise pour les jeunes et prévoit de diversifier la production au-delà du soja.

« J’estime que la coordination efficace et les liens tissés avec les agriculteurs sous contrat ainsi que l’utilisation d’un système de suivi efficace des crédits sont essentiels pour offrir des possibilités équitables de développement d’entreprises pour les jeunes ruraux ainsi que les femmes », explique-t-il.

S’attaquer au manque de travail décent

Le projet Yapasa s’est associé à 9 entreprises en 2016-17, dont Regitech Enterprises, pour promouvoir ces contrats. Parmi elles, figurent une entreprise sociale, des négociants, une exploitation agricole commerciale, une coopérative, une association d’agriculteurs et un revendeur.

Yapasa les a tous aidées à ajuster leur modèle d’entreprise pour s’attaquer au manque de travail décent dans les régions rurales de Zambie. C’est notamment le cas des inégalités entre hommes et femmes en s’assurant que 40 pour cent au moins des fournisseurs soient des femmes, en établissant un dialogue social et en encourageant les agriculteurs à se regrouper, à se mettre d’accord sur des contrats honnêtes et transparents permettant d’améliorer l’accès au développement des compétences. Un autre chapitre concerne la santé et la sécurité au travail avec la mise en place de formations en matière de production de récoltes et d’utilisation sans danger des pesticides.

Enfin, le projet Yapasa encourage les jeunes agriculteurs à diversifier également leur exploitation en évitant la monoculture afin qu’ils puissent avoir d’autres possibilités au-delà de leur contrat, comme par exemple la production horticole grâce à l’irrigation pendant la saison sèche afin de s’assurer des revenus plus réguliers de manière annuelle.

Sélectionnez un pays ou un thème