« 100 Ans – 100 Vies » | OUGANDA - “J’ai fait le test du VIH. J’encourage mes collègues à faire de même”

Le contremaître d’un chantier de travaux publics a reçu une formation de l’OIT afin d’encourager ses collègues à utiliser les services de conseils et de dépistage au VIH dans un secteur particulièrement exposé.

Feature | Uganda | 13 August 2019
KAMPALA – A l’image d’autres pays de la région, l’Ouganda a été durement frappé par le sida et de nombreuses personnes ne savent pas si elles sont ou non séropositives.

Rapidement, il est apparu que le lieu de travail était l’un des endroits appropriés pour sensibiliser les gens au VIH, promouvoir la prévention et les convaincre de se faire dépister de manière volontaire.

L’initiative de l’OIT VCT@WORK en Ouganda a pour but d’accroître l’accès des travailleurs à l’éduction, à la prévention et aux services de dépistage et de traitement. Après l’avoir mise en place avec succès dans le secteur de la pêche et dans celui de l’hôtellerie et du tourisme, l’initiative VCT@WORK a décidé de se tourner en 2019 vers des secteurs économiques employant une grande majorité d’hommes, en l’occurrence ceux des travaux publics et des transports, avec pour objectif d’atteindre 20 000 travailleurs.

Ce projet ambitieux a nécessité cependant de former d’autres personnes.

Jimmy est contremaître dans une entreprise de travaux publics. Il habite à Nagongera, une localité située dans le district de Tororo. Il a fait partie des 46 personnes de sexe masculin qui ont reçu une formation de l’OIT dans le cadre de sa campagne des « champions masculins » visant à promouvoir le conseil et le dépistage (VCT@WORK) auprès des travailleurs d’Ouganda.

« La tentation existe »

« Notre travail implique d’être absents de chez nous pendant de longues périodes. La tentation existe d’avoir des rapports sexuels sans lendemain avec des filles des alentours du chantier, ce qui aggrave le risque d’infections comme celle du VIH. J’ai fait le test. Désormais, j’encourage mes collègues de travail à faire de même », explique Jimmy.

La formation a pour but l’autonomisation des hommes pour qu’ils remettent en question la conception de leur attitude par rapport à la masculinité. Cette dernière constitue l’une des raisons pour lesquelles les hommes ne protègent pas leur santé en étant peu nombreux à faire le test du VIH et à bénéficier des services de prévention et de traitement.

Les attitudes à risque au VIH sont exacerbées par la multiplication des partenaires sexuels en augmentant le risque de contamination par le VIH. En Ouganda, les statistiques montrent que 45 pour cent des hommes séropositifs ignorent leur condition.

Une union entre employeurs et travailleurs

L’initiative est mise en place avec la collaboration des organisations d’employeurs et de travailleurs d’Ouganda, la Commission en charge du sida dans le pays ainsi que des professionnels de santé qui organisent notamment des événements « Spécial santé » sur le lieu de travail afin de procéder à des dépistages, à des activités de prévention en référant si besoin les travailleurs à des traitements et à des conseils supplémentaires.

Les dirigeants des organisations d’employeurs et de travailleurs jouent un rôle moteur dans la campagne visant à se faire dépister dès que possible.

« Je connais mon statut pour le VIH. Et vous ? Faites le test dès aujourd’hui ! » répète Douglas Opio, directeur de la Fédération des employeurs d’Ouganda (FUE) dans un message que l’on retrouve sur un poster de la campagne en ligne VCT@WORK.

Le FUE a demandé à ses membres d’appliquer l’initiative tandis que les syndicats mobilisaient les travailleurs pour qu’ils s’informent et se fassent dépister.

« La meilleure manière de communiquer avec les hommes, c’est de passer par leurs collègues de travail. C’est la raison pour laquelle nous avons créé des « champions » dans ces secteurs économiques très masculins », explique David Mawjje, chargé du programme VIH-sida en Ouganda.

Par ailleurs, l’OIT a publié un petit livre sur les « Champions VIH chez les hommes » et demande à des pair-éducateurs comme Jimmy d’éduquer les hommes pour les amener à prendre soin de leur santé et à changer leur mentalité à propos des rapports entre les hommes et les femmes.

Autre stratégie intéressante adoptée par l’OIT et l’ONUSIDA : l’organisation d’événements autour de la sensibilisation et du dépistage du VIH lors des tournois de boxe qui ont lieu à Jinja, une ville industrielle en pleine croissance située à l’Est du pays.

Etant donné que les hommes viennent en nombre pour assister à ces combats, ils en profitent pour être confrontés à des messages éducatifs du type « Ne laissez pas le sida vous mettre K-O, faites le test du VIH dès aujourd’hui ». Au même moment, des personnes chargées des conseils et du dépistage du VIH sont présentes à l’entrée de la salle de boxe pour proposer leurs services.

« Savoir si l’on est ou pas séropositif le plus tôt possible permet à la fois de se faire soigner et de réduire les taux de nouvelles infections, ce qui permettrait de porter un coup d’arrêt à la transmission du virus. L’initiative VCT@WORK est vraiment très importante pour à la fois se faire dépister et se faire soigner à mesure que les possibilités de le faire se multiplient », souligne le docteur Nelson Musoba, directeur général de la Commission sur le sida en Ouganda.

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