« 100 Ans – 100 Vies » | TANZANIE - “Grâce à une formation en tant que tailleur, j’ai cessé de me droguer”

Après avoir suivi une formation de l’OIT, Saleh Awadhi est parvenu à quitter le centre de désintoxication dans lequel il se trouvait pour ouvrir son propre atelier de couture.

Feature | Tanzania | 02 September 2019
Awadhi dans son atelier de couture
ZANZIBAR - La maison « Detroit Sober » est l’un des 9 centres de désintoxication qui existent à Zanzibar, une région semi-autonome de la Tanzanie. Fondée par deux jeunes Tanzaniens et deux volontaires américains, elle a pour objectif de lutter contre la toxicomanie qui affecte la jeunesse locale.

Tous ceux qui se trouvent dans cet établissement, y compris le personnel, sont d’anciens toxicomanes.

« Il existe plusieurs étapes dans le processus de désintoxication. Toutes sont délicates et les résidents ont tendance à partir à certains moments. Toutefois, la devise de la maison est « Revenez toujours ! », explique Kassim Hamis, le directeur de l’établissement.

Besoin de formation

Il insiste sur le fait que la partie la plus difficile du processus de désintoxication est justement celle où le toxicomane quitte l’établissement. En effet, il a alors besoin d’un travail. Sinon, le risque de rechute est important.

« Pendant longtemps, nous n’avions pas grand-chose à leur proposer dans ce domaine, jusqu’à ce que nous entrions en contact avec le programme GERME de l’OIT », ajoute-t-il.

Saleh Awadhi a 35 ans. Il fréquente l’établissement depuis un peu plus d’un an. Il se droguait depuis plus de dix ans.

Il a fait partie des personnes qui ont suivi la formation de l’OIT dans le cadre du programme Kazi Nje Nje mis en place par Mwinyi, un formateur local. Depuis, il est juste de dire que la vie de Saleh Awadhi a pris un tour beaucoup plus positif.

« Quand j’étais jeune, ma mère m’avait appris le métier de tailleur et j’ai même exercé cette profession pendant quelques années avant que je ne tombe dans la drogue. Lorsque les formateurs nous ont demandé de réfléchir à une activité commerciale possible, je me suis rappelé ce que je savais faire, j’ai pensé à l’existence de la machine à coudre de ma maman qui se trouvait à la maison, et j’ai immédiatement pris la décision de reprendre mon ancienne activité », se souvient-il.

Il a alors demandé au directeur de l’établissement l’autorisation d’amener la machine à coudre sur place, ce qu’il a accepté.

Voir la vie différemment

« Désormais, j’ai mon propre atelier de couture. Grâce à la formation, j’ai appris qu’une bonne manière de gagner de l’argent, c’est de concevoir des modèles uniques. J’ai également compris l’importance d’identifier un marché adéquat et fiable pour mes créations. J’ai pu me faire de nombreuses connaissances grâce au réseautage », nous dit-il fièrement.

L’ancien toxicomane a déjà participé à plusieurs salons de mode, notamment la Semaine de la mode à Zanzibar ainsi qu’au Festival de cinéma de Zanzibar. En parallèle, il aide également d’autres résidents du centre à créer leurs activités commerciales.

Désormais, il voit la vie différemment. « Les gens me considéraient comme un raté, comme quelqu’un d’incompétent. Mais aujourd’hui, ils se rendent compte que j’ai évolué positivement, que je suis actif. C’est comme si j’étais ressuscité. Je suis si heureux de pouvoir à présent m’occuper de mon fils, » affirme-t-il.

Saleh Awadhi est maintenant prêt à relever de nouveaux défis. Sa machine à coudre est ancienne et il voudrait en acheter une nouvelle pour faciliter ses créations. Il aimerait aussi trouver un local plus adapté pour exercer son activité. Il rêve même parfois de devenir un vrai designer de mode au-delà des frontières de Zanzibar. Il est clair, maintenant, que son passé de toxicomane est bel et bien derrière lui.


 

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