« 100 Ans – 100 Vies » | TANZANIE - “Grâce à l’apprentissage, j’ai pu changer de vie et faire vivre ma famille”

Un programme d’apprentissage soutenu par l’OIT a permis de fournir les compétences et la formation nécessaires à une jeune mère célibataire. Elle travaille désormais dans un établissement 5 étoiles spécialisé dans les safaris.

Feature | Tanzania | 07 June 2019
ARUSHA - Avant de s’inscrire au programme d’apprentissage « Skill-Up Tanzanie » visant au renforcement des compétences face à l’évolution du monde du travail, Joyce Rutazinda, une jeune femme de 29 ans, faisait partie des nombreux jeunes Tanzaniens qui ont quitté l’école sans aucune formation.

Cependant, au bout de deux ans, elle dispose à présent de compétences aussi bien pratiques que techniques et non-techniques afin de lui permettre de trouver un emploi dans le secteur du tourisme et de l’hôtellerie.

Joyce Rutazinda est née à Kagera, une localité située dans la région frontalière avec l’Ouganda, le Burundi et le Rwanda. Comme 90 pour cent des habitants de la région, ses parents étaient de petits agriculteurs aux revenus modestes.
Même si elle avait eu la chance de poursuivre des études secondaires, il ne lui fut pas facile d’obtenir son diplôme de fin d’études. En effet, la jeune femme est tombée enceinte et a dû arrêter ses études pendant un an pour donner naissance à son fils, âgé maintenant de 9 ans.

Comme nombre d’adolescentes issues de milieux modestes, elle avait trois fois plus de risques que les autres de tomber enceinte.
Elle finira finalement par obtenir son diplôme mais ses résultats étaient trop moyens pour envisager des études supérieures. De toute façon, sa famille n’aurait pas pu les financer. La jeune mère célibataire parvint alors à joindre les deux bouts en exerçant des petits boulots dans la ville minière de Geita, l’essentiel de son salaire étant destiné à son fils.

“Une bonne opportunité”

« J’avais 26 ans quand ma tante m’a appelée pour me parler d’un nouveau programme d’apprentissage en me disant qu’il fallait absolument que je m’inscrive. Cela semblait une bonne opportunité donc j’ai immédiatement rempli les formulaires d’inscription. J’étais si heureuse quand on m’a demandé de venir à Arusha pour un entretien », explique-t-elle.

Joyce Rutazinda se rendit à Arusha en 2015 pour cet entretien de sélection afin d’intégrer le programme. C’était la première fois qu’elle se livrait à cet exercice. Elle se souvient avoir été intimidée par ce processus intensif.
Elle fut vraiment surprise lorsqu’elle reçut le courrier lui notifiant que sa candidature était acceptée. Même si 80 pour cent du coût de la formation était couvert par l’OIT, elle reconnaît que rassembler le reste de la somme fut compliqué. Elle a adû faire preuve de persévérance afin de pouvoir acquérir de nouvelles compétences.

« D’abord, on m’a appris comment accomplir des tâches différentes dans un hôtel, de la réception au magasin. Ensuite, j’ai décidé de me spécialiser dans l’entretien pour ma formation sur le terrain », ajoute-t-elle.

Joyce Rutazina et ses 56 collègues apprentis d’Arusha ont été formés à l’entretien, à la réception ainsi qu’à la restauration par le Collège national du tourisme. Le programme réalisé sur mesure comprend un enseignement à la fois théorique et pratique, la première année étant un tronc commun tandis que la deuxième année est consacrée à la spécialisation.

Elle a passé 6 mois au total dans cet établissement ainsi que 18 mois pour un stage à l’hôtel Serena, dans le Parc national Serengeti. Elle fait désormais partie des 185 apprentis diplômés du programme qui ont reçu une certification de première qualité reconnue par le Conseil national de l’enseignement technique tanzanien.

Après l’obtention de son diplôme, Joyce Rutazinda a signé un contrat à durée déterminée à l’hôtel Serena en attendant une titularisation.

Indépendance financière

Cette titularisation intervint ensuite et la jeune femme travaille désormais au service restauration. Elle veut continuer de grimper les échelons en suivant une formation pour devenir manager à la réception.

Elle se dit confiante et estime qu’elle peut faire beaucoup d’autres choses en raison des compétences multiples acquises durant son apprentissage.

Elle estime aussi que sa vie est bien meilleure qu’avant depuis qu’elle a rejoint le programme soutenu par l’OIT.
« L’OIT m’a ouvert les portes de l’avenir. Je peux maintenant respirer en sachant que je gagne assez pour prendre soin de ma famille et de moi-même. Mon revenu a augmenté et j’aime mon travail. J’exerce mon métier dans un lodge 5 étoiles pour les safaris et je suis entourée au quotidien par la nature et par la faune sauvage », conclut-elle.

Mais la jeune femme ne s’arrête pas là. Parfois, elle songe même à se mettre à son compte. Dans les cinq prochaines années, elle voudrait ouvrir une boutique de tissus traditionnels africains connu sous le nom de Kitenge. Pour cela, elle compte s’appuyer sur le groupement de prévoyance et de prêts du personnel de l’hôtel qu’elle a rejoint pour obtenir le financement nécessaire à son projet.

Arusha est – avec Dar es Salaam et Zanzibar - l’une des trois zones géographiques couvertes par le programme.
 

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